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De Quoi Gassama Serait-il Coupable ?

De Quoi Gassama Serait-il Coupable ?

Les avocats des prévenus, dans l’affaire dite de la dame de Sacré-Cœur, sont-ils atteints du syndrome de Peter Pan, en voulant ériger une bulle qui mettrait leurs clients hors du champ du vrai débat ? Sachant que leurs clients sont dans un sacré pétrin qui les amènera à passer plus que la Tabaski en prison, ils n’ont rien trouvé de mieux que de s’en prendre au directeur d’Amnesty International/Sénégal, Seydi Gassama.

Son ‘’crime’’ : avoir diffusé sur les réseaux sociaux la vidéo montrant les sévices infligés à la dame accusée de vol. Kekh kekh…, rigolons-en ! Que la famille de la dame, affligée par ces images, eût préféré leur non-divulgation et ne jamais les voir sur la toile, on aurait pu comprendre sa volonté de se prévaloir du droit à l’image. Mais que    les avocats des suspects de faits délictuels s’en prennent au défenseur des Droits de l’homme qu’est Gassama, on en boyaute ! Nul ne plaidant par procuration, donc ne pouvant parler au nom de la dame victime, c’est pour le compte de leurs clients prévenus dans l’affaire qu’ils reprochent à Gassama d’avoir mis sur la place publique les images incriminées.  

La question est de savoir dans quelle mesure une personne peut-elle se prévaloir d’un droit à l’image pour empêcher ou dénoncer la diffusion de scènes filmées ou photographiées et dans lesquelles elle est impliquée ? En le faisant, que cherche-t-elle vraiment : à défendre son honorabilité (ou ce qu’il en reste) ou empêcher la production de preuves des crimes ou délits qu’elle aurait commis ? Il est évident que sans la diffusion sur les réseaux sociaux, comme évoqué dans ces pages, la semaine dernière, l’affaire de la dame de Sacré-Cœur n’aurait pas eu la même ampleur.

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SE PREVALOIR DE… – … Récemment, sur le web, a été racontée l’histoire d’un jeune homosexuel banni et en errance sur une plage de Dakar. Les premières nuits où il a été chassé de son domicile familial, il explique avoir vécu une agression et, pire, avoir été violé par… trois gaillards. Qui en parle ? Personne ! Qui est-ce qui en était informé ? Personne ! Sauf, seuls les protagonistes, dont la victime, auteur du récit. Ce viol aurait-il été filmé par un témoin et lâché sur les réseaux sociaux, la chronique en eût été défrayée pour le moins ? Pas de témoins, pas de preuves, les criminels courent toujours librement.

Revenons-en aux faits de Sacré-Cœur. Il sera intéressant de savoir comment les juges vont trancher cette affaire, une fois qu’elle se retrouvera au tribunal. En attendant, rappelons que la protection du droit à l’image, qui est considéré comme un droit fondamental, admet quelques limites. « Sont considérées notamment comme licites et exemptes d’autorisation, les images diffusées qui répondent au besoin de l’information du public (fait d’actualité, phénomène de société, fait divers tragique, catastrophe nationale ou internationale« , à condition que les images diffusées aient un rapport avec l’information véhiculée (Source agoravox.fr).

Les faits diffusés par le représentant d’Amnesty International sortent-ils de cette jurisprudence ? Non, manifestement ! Il y a lieu de relever, d’une part, que cette vidéo filmée par des témoins des atrocités circulait largement sous cape sur les réseaux sociaux, avant même que Gassama ne portât le débat sur la place publique. D’autre part, il existe plusieurs versions diffusées dont certaines qui floutent, fort heureusement, le corps et le visage de la dame. Laquelle est attribuable à Gassama ? En tout état de cause, le partage de la vidéo, quelle qu’en soit la motivation, aurait dû être précédé par le floutage de la dame. Sa personne en serait mieux respectée.

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In fine, en diffusant de telles images sur les réseaux sociaux, Seydi Gassama enfonce certes ses auteurs, mais, et c’est sans doute cela son objectif principal, il contribue à décourager la répétition de tels faits attentatoires à la dignité humaine en général et féminine en particulier. Rappelons-le aux auteurs des faits incriminés, si besoin en est : nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude !

TOUT A COUP, BT : Certains lecteurs ont fait à Pépessou l’ultime flatterie de penser que derrière ce pseudo se cachait la plume de Babacar Touré. Que non ! Bab’s l’Eléphant… ou BT pour les « gars de Sud », avait une stature imposante et une plume savante et bien trempée qui ne font pas partie des prétentions de Pépessou. Dans la presse sénégalaise, son parcours en avait fait un pachyderme qui s’est affaissé, tout à coup, ex abrupto, un certain dimanche, alors que personne ne s’y attendait.

Sa vie de journaliste aura été, en grande partie, celle d’un grand combattant pour le développement de la presse, la sauvegarde de sa liberté et des valeurs démocratiques au Sénégal. Parmi les moments les plus épiques de l’existence du groupe Sud Communication qu’il laisse derrière lui, il y a eu la forte opposition à Me Wade et son régime dont il fut pourtant un des proches à une certaine époque. Mécontent de la liberté de ton de certaines des ouailles de Sud, Babacar Touré fut alors combattu, jusqu’à l’esseulement, par le pouvoir de Wade qui voulait à tout prix la perte de son groupe de presse.

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Comment évoquer l’essor des médias privés au Sénégal sans parler de son challenge fou avec sa bande de copains, au milieu des années 80, de lancer un hebdomadaire, ‘’Sud Hebdo’’, qui deviendra plus tard parmi les journaux de référence et donnera naissance à un groupe de presse parmi les plus influents du pays ? Ou encore Sud FM, qui devint, en 1992, la première radio privée sénégalaise. Il y eut aussi, LCA – La Chaîne Africaine, disparue depuis – première expérience de télé privée du Sénégal à vocation panafricaine, obligée de se baser à Paris d’abord et en Gambie ensuite, faute d’autorisation d’émettre depuis Dakar.

Journaliste devenu homme d’affaires, il était un influent conseiller de plusieurs chefs d’Etat de la sous-région, mais avait l’humilité et la discrétion pour étendard au point de refuser médailles et hommages. De BT, on aurait pu dire, il fit comme il put. Il fit courageusement et généreusement, pourra-t-on retenir. Avec Sidy Lamine Niasse, disparu il y a plus d’un an, il fait partie des figures marquantes de l’essor de la presse privée au Sénégal.

Qu’il repose en paix auprès des élus de Dieu !







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