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RÉflÉchir Aussi

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Gouverner ou régner ? Sous nos tropiques, la question ne se pose même pas ! Nos « chefs » d’Etats, même élus pour un mandat limité dans le temps, accèdent au pouvoir pour le garder. Par des tours de passe-passe de moins en moins inspirés, ils tordent le cou à la Constitution, modifient le code électoral, embastillent les opposants les plus en vue et mettent en route le rouleau compresseur de la corruption pour aplanir toutes les aspérités sur leur chemin peu glorieux. Cela tient, mais en partie seulement, d’un héritage culturel de notre passé ante-colonial. Mais il s’y ajoute que, la plupart des dirigeants africains depuis les indépendances ont une fâcheuse tendance à la jouissance du pouvoir plutôt qu’à servir les populations. Ils confondent allègrement le bien commun à leur patrimoine personnel. Ils estiment ne pas devoir rendre des comptes et vivent comme si tout leur était dû. Et c’est, essentiellement pour se garantir une impunité et protéger leurs arrières qu’ils s’accrochent désespérément au pouvoir pour ne pas finir pendus. Cette anomalie…qui se normalise ( !) est l’un des disfonctionnement majeur de nos institutions héritées de la colonisation. Théoriquement « Républiques » et « démocratiques » la plupart des États africains sont des monstres institutionnels, défigurés au gré des caprices des gouvernants du moment. Avec pour seule préoccupation la conservation à tout prix du pouvoir envers et contre tous. Cela explique que la plupart des gouvernants ne nourrissent pas de rêves grandioses pour leurs peuples. Ils se contentent, tout au plus, d’administrer la misère et de surveiller les bons points des agences de notation internationales qui les manipulent au gré des intérêts géopolitiques et économiques de leurs tuteurs occidentaux.  Conséquence, même lorsque l’Afrique a des raisons de relever la tête, la paresse intellectuelle des dirigeants ne lui trouve pas les stimuli pour un nouveau départ, les leviers pour un nouvel essor. A cet égard, un seul exemple : la pandémie du Covid-19, contre toute attente, semble donner à l’Afrique, jusqu’ici, le beau rôle : alors même que des superpuissances et des grandes puissances sont à genoux, leurs systèmes de santé chahuté, leurs populations stressées, leurs économies exsangues, les pays africains semblent contenir l’expansion de la maladie. Miracle ? Forces surnaturelles ou prédispositions physiques ? Ou, tout simplement retard au démarrage ! Les dirigeants africains ne se posent pas les bonnes questions et, hélas, développent même une forme d’insouciance qui ne les met pas à l’abri d’un retour de bâton sévère.

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Le sujet ici est le suivant : quelle initiative rationnelle et scientifique a été prise pour chercher à comprendre les causes réelles qui pourraient expliquer que l’Afrique ne soit pas devenu un cimetière à ciel ouvert, en dépit du dénuement voire de l’inexistence de son système de santé ? Malgré les conditions de vie désastreuses de ses populations et la porosité de ses frontières ouvertes à tous les vents ?

Voilà bien un momentum qu’aurait pu saisir le président du Sénégal, par exemple, pour réunir à Dakar une centaine de chercheurs et de spécialistes réputés à travers le monde, pour analyser, confronter les expériences, et élaborer une stratégie d’identification et de valorisation des avantages comparatifs qui nous auront protégés de la pandémie. Devons-nous cette résilience à notre environnement, à notre ADN, à nos aliments ? Des pistes passionnantes de recherche auraient pu servir à préparer l’après Covid et à anticiper sur une éventuelle résurgence de la maladie. Au lieu de s’égarer dans des sujets bateau tels que la dette africaine, le président Macky Sall aurait fait œuvre utile pour le Sénégal, l’Afrique et le monde. Il aurait permis à la science d’avancer d’un cran. Gouverner ne se réduit pas à distribuer des sacs de riz ! L’esprit et les intelligences ont aussi besoin de nourriture. En l’occurrence, l’occasion est belle et à saisir pour remotiver nos chercheurs et nos praticiens et redonner la parole à une Afrique du Savoir et de la Science.

Au demeurant, des équipes pluridisciplinaires de psychologues, d’anthropologues, de sociologues et de psychiatres devraient commencer à s’interroger sur les conséquences que ne manqueront pas d’avoir, sur notre manière de vivre ensemble, toutes les «  mesures barrières » qui remettent en cause la vie à l’africaine ! Nos nombreuses cérémonies familiales et la promiscuité qui semblait en être le levain. Le Covid aura remis en question tout cela. En plus du port obligatoire du masque qui ajoute à la distanciation, il y a la peur panique de la maladie entretenue par l’OMS et les médias mainstream. Nos populations développent, de plus en plus, une forme de méfiance entre voisins qui mine profondément les fondements séculaires de nos nations. Ces mutations, qui touchent en profondeur nos manières d’être et de vivre ensemble, auront des conséquences sur notre tissu social. Il faut les anticiper, les analyser et se donner les moyens de canaliser les énergies négatives qui pourraient en découler. Gouverner, c’est prévoir…

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Malheureusement, et faute de leadership inspiré, nos pays se contentent de subir les événements. Aucune stratégie communautaire de prise en charge de ces problématiques ne semble à l’ordre du jour. Par ailleurs, le « fighting spirit » indispensable pour l’identification et l’atteinte d’objectifs supérieurs n’est pas insufflé dans notre système éducatif. Le sauve qui peut est la règle. A tout prix. Changer de vie, changer sa vie et celle de ses semblables doivent devenir les moteurs de la jeunesse, les baromètres de l’excellence. Valoriser le volontariat et les travaux d’utilité publique doit donner un sens au don de soi et à l’engagement communautaire.

Aux aînés de se demander si, sur ces chantiers, les devoirs ont été rendus. Il n’est jamais trop tard pour bien faire !







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