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Chronique D’un Dialogue AvortÉ

Chronique D’un Dialogue AvortÉ

Comme il fallait s’y attendre, le feuilleton du dialogue national risque de se terminer dans la confusion la plus totale avec des rumeurs de démission du président du comité de pilotage. De plus, la concertation entre acteurs politiques n’a pas abouti à l’instauration de conditions favorables à une véritable coopeération entre partis mais plutôt à l’accentuation du fossé entre eux, les empêchant de s’entendre sur l’essentiel.

En réalité, seule la Commission du dialogue politique a véritablement fonctionné et ses conclusions, surtout celles ayant trait au report unilatéral des élections locales, sont contestées par une partie significative de la classe politique.

Un dialogue instrumentalisé

Après le putsch électoral de février 2019, certains esprits naïfs avaient pu penser, que le président réélu et entamant son second et dernier mandat, était dans les dispositions de se repentir de ses errements du premier mandat et d’assainir la vie démocratique de notre pays, afin de sortir par la grande porte.

Mais il était clair, depuis le début, pour les esprits clairvoyants, que l’objectif assigné à ces concertations nationales, était de tirer le chef de la Coalition Benno Bokk Yakaar d’un mauvais pas.

En effet, si son score électoral flatteur de 58% synonyme d’une victoire inattendue au premier tour faisait la joie de ses partisans, le président nouvellement élu savait ce qu’il en était réellement. Il devait sa reconduction programmée de longue date et annoncée, avant l’heure, à un plan minutieusement échafaudé. Lequel était basé sur des tripatouillages de la Constitution et de certains textes de lois et sur l’élimination, par une Justice aux ordres, de ses adversaires, parmi les plus représentatifs. Cette gestion cavalière du processus électoral alourdissait singulièrement l’atmosphère politique, faisant planer de sérieux risques de tensions politiques durables.

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Il y avait ensuite la perspective d’une détérioration du climat social, en raison de difficultés économiques patentes, se manifestant par des tensions de trésorerie, dues à une gestion catastrophique, résultat d’une corruption électorale massive, de dépenses de prestige et d’un clientélisme tous azimuts.

Face à qui avait tout l’air d’un contentieux électoral en gestation, le patron de l’APR cherchait, avant tout, à calmer le jeu, à redorer le blason terni d’un régime, qui avait perdu toute crédibilité et toute légitimité, à force de reniements, d’entorses aux normes démocratiques, et de scandales économiques et financiers.

Il ressort de tout cela, que cette initiative de dialogue n’est pas née d’une commune volonté des différentes parties, imprégnées d’une culture démocratique de trouver des consensus sur des questions nationales engageant l’avenir de la Nation, mais ne constitue qu’une manœuvre politicienne de plus.

Quand la Covid-19 alimente la diversion

La pandémie de la Covid-19 allait introduire de nouveaux paramètres. Au-delà de la nécessité de conjuguer tous les efforts pour combattre la pandémie, sur le plan sanitaire, c’était l’occasion pour le président de se positionner en rassembleur et de faire oublier le hold-up électoral et sa gouvernance calamiteuse mise à nu la presse étrangère (affaire Petrotim) et certains valeureux membres des corps de contrôle (Mme Nafi Ngom Keïta).

Mais même dans la gestion de la Covid-19, le régime APR allait faire montre des éternels défauts qui lui sont toujours reprochés.

Premièrement, il y a eu des entorses aux normes de bonne gouvernance, avec une gestion solitaire et discrétionnaire, souvent à l’insu du comité de pilotage, des budgets dévolus à l’achat et à la distribution des kits alimentaires ainsi qu’au volet sanitaire. Des marchés de plusieurs dizaines de milliards auraient été complaisamment octroyés à des amis politiques.

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On a noté aussi des velléités de récupération politicienne avec tendances à l’auto-glorification et au clientélisme. Comment ignorer les violations des droits de l’homme, en se servant du paravent de la Covid-19 pour justifier une utilisation abusive de la force publique avec des cas présumés de torture et l’interdiction de manifestations syndicales et citoyennes ?

Enfin, le pouvoir apériste a instrumentalisé la pandémie pour vider la vie démocratique de sa substance, sabotant le calendrier électoral et poursuivant son entreprise machiavélique d’affaiblissement de l’opposition, sous couvert de dialogue politique.

Une majorité élargie avec un horizon limité

Les observateurs politiques n’auraient rien trouvé à redire à la mise sur pied d’un gouvernement élargi, si les différents protagonistes s’étaient accordés sur un socle programmatique issu du dialogue national et susceptible de venir à bout des différents défis, auxquels nos populations sont confrontées.

Malheureusement, le ralliement spectaculaire de figures de proue de l’opposition au pouvoir de Macky Sall ne repose sur aucun programme explicite sinon sur de vagues allusions aux risques émanant de la Covid-19 et aux menaces sécuritaires dans la sous-région.

Ainsi, l’opinion est en train de découvrir petit à petit les véritables motivations du régime de l’APR. Le refus d’organiser les locales à date, la volonté de supprimer les villes, l’éviction de fortes personnalités du gouvernement couplée à des deals obscurs avec certains leaders de l’opposition constituent des indices concordants de la ferme intention du président en exercice de briguer un troisième mandat.

Tout cela montre que le pouvoir actuel n’a aucun intérêt à un dialogue politique sincère, ni à la rationalisation des partis et à leur compétition loyale sur la base d’offres politiques bien identifiées. Il ne s’agit pas, loin de là, de servir la nation et les intérêts populaires mais plutôt de renforcer une autocratie électorale pour le bénéfice exclusif d’un clan familial.

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C’est parce que l’élargissement de la coalition présidentielle est en contradiction flagrante avec l’étroitesse de ses objectifs politiques que la consolidation de la base sociale du régime sera loin d’être garantie par l’afflux massif d’alliés, de ralliés et autres transhumants.

Tout dialogue politique digne de ce nom doit chercher à établir un seuil minimal de confiance réciproque, ce qui exige des différentes parties prenantes de se projeter au-delà des intérêts partisans égoïstes ou familiaux, de clan pour établir un consensus sur des questions d’importance nationale.







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