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L’espoir Est Permis

L’espoir Est Permis

«La jeunesse, c’est une ivresse continuelle, c’est la fièvre de la raison, c’est la confiance dans la vie, c’est la certitude non pas que tout vous est dû, mais que tout vous est offert, c’est l’allégresse d’avoir en soi quelque chose de sacré et envers quoi, quelque usage que l’on en fasse, on ne peut être sacrilège. » Sacha Guitry

 

L’année 2020 a été marquée par de profondes pertes, une pression énorme sur nos services de santé, l’isolement et la perturbation de la vie professionnelle, le chaos économique… un virus qui rend fou. Mais, nous avons tous de l’espoir grâce à un miracle de la science moderne : les premiers vaccins efficaces contre Covid-19 se sont développés à une vitesse sans précédent. L’actualité africaine nous a offert une triste et douloureuse information sur l’aventure des jeunes en mer pour aller chercher fortune en Occident. Les flots scélérats de la mer nous renvoient de jeunes corps sans vie. Les images sont insoutenables et dérangeantes.

Toutefois, chercher les responsabilités est un exercice auquel on se prêtera une autre fois ; l’urgence est à trouver une solution définitive à ce drame commun en rappelant tout de même que l’histoire de l’humanité a été ponctuée de périodes de grandes poussées migratoires. Au risque de ressasser un poncif, on doit dire que la jeunesse est l’avenir et l’espoir d’un peuple. C’est généralement elle qui est en première ligne, poussée par son besoin d’absolu, son désir de changement, son courage, ses certitudes et son dynamisme pour donner une orientation et un tempo à l’histoire. Elle est aussi et surtout un formidable potentiel de développement.

Pourtant et hélas, avec les milliers de jeunes africains désespérés, en quête d’une « vie meilleure » qui dépeuplent le continent vers l’occident, pour fuir la pauvreté, l’Afrique invariablement exporte son avenir en masse vers un ailleurs qui n’est pas meilleur malgré tout.  Si la jeunesse a toujours constitué un enjeu primordial pour la construction de l’avenir des sociétés, elle l’est particulièrement en Afrique peuplée presque majoritairement de jeunes ; si bien que les évolutions récentes du contexte socio-économique requièrent de la part des pouvoirs publics un fort investissement pour accompagner les jeunes dans leur parcours d’autonomie, soutenir leurs initiatives et remédier aux difficultés qu’ils peuvent rencontrer.

Dans cette perspective, favoriser cette autonomie implique une mobilisation, dans une même synchronie, tous les leviers permettant aux jeunes d’être acteurs de leur parcours, de subvenir à leurs besoins et de se réaliser en tant qu’individus afin de réaliser sa transition dans la vie adulte. Cette demande de réalisation de la jeunesse intervient dans une époque de troubles où les lignes, jadis claires, s’étiolent faisant naitre un besoin de cap, d’un horizon clair et dégagé des atermoiements et des louvoiements, offrants de réelles possibilités d’épanouissement et de réalisation de soi. Ce futur incertain s’aggrave par la pauvreté et la précarité de plus en plus précoces qui font le lit de toutes les prophéties loufoques, du jihadisme écervelé, d’embrigadements par tous les populismes, des contestations tous azimuts. Toutes choses qui lézardent le ciment social et l’exposent à un délitement en la plaçant au bord du précipice de l’implosion.

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Ainsi donc, sans un cap clair cette jeunesse majoritaire et de plus en plus revendicatrice transformera les états africains en «entités chaotiques ingouvernables». Paradoxalement, on peut entrevoir dans le départ des jeunes vers l’Europe bravant tous les risques de la mer ou du désert, au péril de leur vie, une volonté implacable et irrépressible de se dessiner un avenir meilleur, une tension positive de réussir et de s’accomplir. Il se trouve là un terreau fécond pour transformer cette volonté en moteur de succès en Afrique. En effet, la situation n’est certes pas reluisante mais n’est pas irrémédiablement compromise, pas complètement sombre : les jeunes d’Afrique, dont le nombre ne cesse de croître, sont en effet dotés de beaucoup d’énergie, de créativité et de talents, dont dépend «la prospérité future».

L’Afrique a la population la plus jeune au monde avec plus de 400 millions de jeunes âgés de 15 à 35 ans. Au Sénégal l’âge médian est de 19 ans. Cette jeunesse considérée comme un rapport entre générations, et la façon dont, à un moment donné, une société négocie et organise ce rapport entre générations. Cette transition exige un accroissement de l’attention, des investissements dans les facteurs de développement économique et social, afin d’améliorer l’indice de développement des pays africains. Seulement, cette jeunesse n’est pas qu’en demande de besoins matériels, elle est aussi en demande de sens, d’orientation, de transmission, de durabilité, de valeurs parce qu’elle nourrit un fort sentiment de déréliction. Les pays africains sont confrontés au défi de transformer le potentiel de la jeunesse en croissance et en développement sans se délester des traditions et coutumes. Aujourd’hui, les jeunes africains ont beaucoup moins d’opportunités que les adultes d’influer sur les décisions politiques et d’accéder à des ressources telles que la terre ou le financement.

MACKY SALL A INDIQUE LA VOIE

Le président de la République a placé son mandat sous le signe de la jeunesse en l’appelant à nouer un partenariat stratégique. Des instruments pertinents sur la formation et l’employabilité ont été mis en place à cet effet. Les chiffres sont parlants  : de 2014- 2018 pas moins de 255.000 emplois sont créés dans le secteur privé compte non tenu des recrutements annuels dans la fonction publique avec une procédure transparente en ligne. 56.000 fonctionnaires recrutés en 7 ans. Ce chiffre a fait passer le nombre de fonctionnaires de 91.000 en 2012 à près de 15.0000 ; le Projet agropole SUD avec près de 115.000 emplois à créer pour les régions de Kolda, Sedhiou et Ziguinchor avec un financement déjà bouclé.

Les exemples font florès et ces chiffres ne sont pas que des indicateurs d’efforts mais une véritable dynamique transformationnelle qui réimprime de la positivité et de l’espoir en pensant autrement la jeunesse. L’école de la seconde chance est une illustration parfaite de cette volonté de ne laisser personne au bord de la route.

Dans cette occurrence, pour le volet financement, quelques chiffres suffisent comme exemple : 360.000 demandes reçues par la DER en 2019, pour une enveloppe de 5,6 milliards, 53738 personnes ont été touchés. Mais, il y a comme quelque chose qui dysfonctionne quelque part. C’est là le point de réflexion qui doit mobiliser toutes les forces imaginantes pour remédier à ce péril azur et aux risques déstabilisants. Un partenariat stratégique avec la jeunesse est paradigme novateur qui pilote la démarche qui vise à adresser les problèmes qui affectent en particulier les jeunes pour chercher avec eux les solutions en sortant des clichés et des préjugés. Une action «par les jeunes, avec les jeunes, pour les jeunes», une approche transversale des politiques en direction des jeunes, dans une logique intersectorielle.

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C’est précisément de cette idée que se recommande la mise en place d’un cadre fédérateur des différents instruments pour les faire fonctionner dans un rapport collaboratif. Une redéfinition plus affinée de la politique de jeunesse dans l’unique perspective de pourvoir des solutions pérennes et adéquates qui définissent les filières et possibilités de formation, d’activité, d’entreprenariat pour «réaliser le potentiel de la jeunesse». Le potentiel de la jeunesse doit être exploité en lui offrant la possibilité d’agir sur les politiques et stratégies qui la concernent. Les jeunes sont sous-représentés dans la vie politique du continent ce qui, compte tenu de leur poids démographique croissant, constitue une sorte d’anomalie. Ils ont également un rôle à jouer pour dynamiser la société civile. Il est donc indispensable que la voix des jeunes soit entendue et qu’ils aient la possibilité de participer à la prise de décision. Il ne s’agit pas tant de jeunisme que d’une politique qui «ose la jeunesse». Pour qu’une société reste vivante, elle doit miser sur ces jeunes en leur offrant un environnement qui fait émerger et qui respecte les qualités qui définissent la jeunesse: la curiosité, la créativité, l’ouverture au monde, les utopies, l’indignation, l’innovation, la solidarité, le besoin de sens, l’innocence, l’inexpérience face aux certitudes, aux vérités, aux privilèges des adultes, tellement rassurants pour ces derniers…

Les institutions existantes sont pertinentes par les missions qui leur sont confiées mais elles sont trop en attente que les jeunes leur proposent des projets pour agir et sont souvent en inadéquation mais c’est bien l’inverse qui doit être mis en place. Des sortes de «pôle emploi de proximité» pour la jeunesse qui exposent activement les projets et programmes avec une obligation de proposer qui une formation, qui un stage, qui une activité, qui un financement Ces pôles seraient établis dans tous les territoires départementaux, pour faire écho à la territorialisation des politiques publiques, et recevraient par priorité toutes les offres des institutions, projets et programmes publiques existants.

La plupart des analystes s’accordent également sur la nécessité d’intégrer dans les programmes scolaires de l’Afrique l’acquisition de compétences et l’entreprenariat. On doit envisager de mettre de toute urgence l’accent sur l’enseignement post-primaire afin de combler le «décalage entre les compétences des jeunes travailleurs et celles requises par les employeurs». C’est à ce compte qu’il sera possible de renforcer l’employabilité des jeunes en orientant les filières de formation vers des offres adaptées au besoin du marché du travail et vers les métiers d’avenir. L’agriculture présente le double avantage de constituer, pour les jeunes, d’une part un domaine inépuisable de possibilités d’entreprendre de répondre d’autre part au besoin stratégique de renforcer la participation des jeunes dans l’agriculture .

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En effet, ce secteur constitue un gisement d’opportunités d’affaires avec la «découverte» du marché intérieur de consommation en expansion et les nouveaux besoins en produits agricoles non couverts à l’échelle mondiale et générés en partie par les agro-carburants. En identifiant les besoins des exploitants agricoles via une cartographie des «agripreneurs» destinée à faciliter la conception de contenus d’apprentissage adaptés et l’orientation des jeunes et des migrants de retour vers des opportunités d’insertion socioéconomique, il est possible de concevoir un écosystème de l’agricole et de l’agrobusiness propice à l’insertion des jeunes, de développer des chaînes de valeur agro-alimentaires résilientes. Certains outils novateurs devront être conçus. Par exemple un fonds sylvo-agro-pastoral qui serait à l’agriculteur ce que le fonds de commerce est au commerçant. Cette initiative se conjugue, pour aboutir, à une formation qui renforce l’agriculteur comme entrepreneur lui permettant ainsi de valoriser les technologies et opportunités de marchés pour plus de revenus. L’accès à la terre, l’encadrement et le financement seront les maitres-mot de ce déploiement dans les champs.

La formation professionnelle est un autre levier d’insertion. L’un des objectifs des politiques éducatives est de développer les formations professionnelles afin de permettre au plus grand nombre de poursuivre des études et de répondre aux attentes du système productif. Le ministère de la formation professionnelle et les entreprise ont noué un partenariat intéressant pour créer des possibilités pertinentes à l’endroit des jeunes. Une chose est sûre : la jeunesse est plurielle, la jeunesse est diverse.

En effet, pour de nombreuses raisons liées au sexe, aux ressources financières, à l’âge…, les jeunes ne forment pas un groupe unifié avec des pratiques et des valeurs communes. Il existe donc, non pas une jeunesse, mais des jeunesses avec de multiples visages. Les politiques de jeunesse en Afrique doivent aussi considérer «la jeunesse» dans sa globalité, à savoir un public qui est transversal à plusieurs thématiques et politiques, que ce soit l’éducation, la santé, la formation, la mobilité ou encore la citoyenneté.

On doit à ce stade penser un ensemble de dispositifs qui décrivent la réponse à une situation problématique et ciblent un public particulier, qui définissent des moyens organisés dans le temps et attribuent des financements spécifiques, en phase avec la conception globale que l’on a de la société et de l’être humain et qui seront le marqueur de l’ambition, les transformations éducatives ou sociales souhaitées, les valeurs que l’on veut développer Une autre chose est sure : une politique de jeunesse devra assurément sa réussite en partant d’une capacité à comprendre les besoins de la jeunesse, ses chagrins et ses bonheurs.

PAR EL HADJI MAMADOU DIAO DIT MAMEBOYE

Directeur des Domaines







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