Le parti-pris du président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) dans l’élection du président de la CAF matérialisé par ses agissements poussent certains à se demander s’il ne faudrait pas récuser le Royaume chérifien devant abriter l’Assemblée générale élective le 12 mars prochain à Rabat.
Le football africain est à la croisée des chemins. Son président suspendu par la Fifa puis, rétabli dans ses fonctions par le Tribunal arbitral des sports (TAS), s’est vu paradoxalement opposer un niet catégorique par une majorité des membres de son Comité Exécutif, d’intégrer la course pour sa propre succession, lors de l’assemblée générale élective prévue le 12 mars prochain à Rabat au Maroc où 54 fédérations sont appelées à choisir son successeur. Ahmad qui a subi une énième humiliation de la part de certains de ses pairs parmi lesquels d’aucuns avaient bénéficié de son pouvoir discrétionnaire de cooptation pour intégrer son ComEx, croise les bras et prie pour que la Formation arbitrale du TAS infirme la décision de la chambre de jugement de la commission d’éthique de la Fifa le 2 mars prochain. C’est visiblement sa seule et unique voie du salut ! Triste sort pour celui qui avait fait tomber l’indéboulonnable Prince de Garoua, Issa Hayatou le 16 mars 2017. Même si à l’épreuve des faits et autres événements, on s’est vite rendu compte qu’il n’en était rien. Absolument rien !
Le Président Gianni Infantino qui en voulait à mort au Camerounais s’était juré de lui couper la tête. Quatre années après un exercice plus que tumultueux ponctué par des scandales à répétition, les uns encore plus loufoques que les autres, la «marionnette» ne fait plus l’affaire. Alors on s’en débarrasse comme un vulgaire délinquant poursuivi par la clameur publique. Sauf que l’objectif de Infantino en Afrique est loin d’être terminé. Il a juste été stoppé net avec l’arrêt des travaux de Fatma Samoura désignée déléguée générale de la Fifa pour l’Afrique pour six mois à partir du 1er août 2019, suite à une requête de la… CAF. C’était le début de la fin pour Ahmad, avec notamment l’audit de Price Waterhouse Coopers. On connaît la suite dont une partie a été racontée par le site josimarfootball.com dans un intéressant article intitulé : le schéma pyramidal.
LE jEU TROUBLE DU MAROC
Une marionnette qui a été sous contrôle de Fouji Lekjaa, partie, après avoir mis le football africain sens dessous dessus, le Maroc chercherait à lui remplacer par un autre béni ouioui, taillable et corvéable à merci. De Yaoundé à Doha, Fouji Lekjaa s’était transformé en ombre de Ahmed Yahya, au su et vu de plusieurs présidents de Fédérations africaines complètement médusés par le jeu trouble du président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF). Ce qui a poussé certains à se demander s’il ne faudrait pas récuser Rabat comme lieu de la tenue de l’Assemblée générale de la CAF le 12 mars prochain. «Le Maroc affiche désormais son soutien à Ahmed Yahya. Ils étaient non seulement inséparables à Yaoundé puis à Douala, mais ils ont débarqué ensemble à Doha dans le jet privé de Fouji», confie un président de la Fédération de l’Afrique centrale. Qui précise, «paradoxalement, ils n’ont même pas attendu la finale de la coupe du monde des clubs, objet pourtant de notre déplacement à Doha sur invitation de Gianni Infantino».
Selon toujours ce président de Fédération d’une association de l’Afrique centrale, Fouji Lekjaa avait même tenté de réduire la taille des délégations africaines. «Lors d’une assemblée générale élective, chaque association membre a droit à deux voire trois membres. Généralement, c’est pour éviter la corruption même si… (il ne termine pas la phrase, malgré notre insistance). Mais à notre grande surprise, Fouji a osé demander une personne par délégation. Ce qui a été bien sûr rejetée par le Comité exécutif», confie notre source.
L’axe Rabat-Nouakchott établi, il se compléterait par Tunis pour former un trio afin d’exercer un contrôle sur le football africain notamment au niveau des compétitions interclubs. «Nous sommes en train de fouler du pied une coutume établie entre les différentes zones», se désole un autre président de la zone Centre-Est qui a pris langue avec Sud Quotidien. En effet, depuis l’avènement de Hayatou en 1988, il y a eu une sorte d’entente tacite entre les pays du Maghreb et l’Afrique noire. Le siège devant rester au Caire, le Maroc depuis 2017 contrôlant les finances et une partie de l’administration, la présidence devrait alors revenir à un membre de l’Afrique noire. Une coutume, selon nos sources que Constant Omari, aurait rappelé lors d’une réunion de Comité Exécutif pour que ses membres trouvent un consensus à la succession de Ahmad. Une proposition qui avait fait sortir Ahmed Yahya de ses gonds. «C’est du racisme !», aurait-il balancé au président intérimaire d’alors de la CAF.
LES RELATIONS MAROCO-SENEGALAISES
Mais, au-delà de l’aspect footballistique et autres intérêts personnels de Lekjaa Fouji, ce sont les relations maroco-sénégalaises qui risquent de pâtir de l’attitude du président de la Ffrm. Soyons clairs, jamais Me Augustin Senghor n’allait engager ce combat de gladiateurs s’il n’avait pas obtenu l’onction et le soutien du président de la République du Sénégal, Macky Sall. Toute sa diplomatie serait mise à contribution. Deux ministres de la République, Matar Bâ (ministre des Sports) et Abdoulaye Saydou Sow (ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique) sillonnent le monde pour prêcher la bonne parole afin de rallier les électeurs à la cause senghorienne. Donc, sénégalaise. Toutefois, tous ceux qui connaissent les rôles et les positions tranchés du Sénégal dans tous les combats marocains, peuvent s’interroger sur ce jeu trouble de Fouji Lekjaa. Ce, jusqu’à la très sensible question du Front Polisario pour le contrôle du Sahara Occidental. Qui ne se souvient pas de sortie hors sujet de l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade en pleine réunion de l’Union africaine pour plaider la réintégration du Maroc ?
Abdelaziz Bouteflika était monté au créneau pour marquer son désaccord. Le même Abdoulaye Wade avait fait campagne pour que le Royaume chérifien organise la coupe de football en 2010. Le Pape du Sopi avait eu l’outrecuidance d’affronter l’icône mondiale Nelson Mandela. Face à United2026, le Sénégal avait aussi voté et battu campagne pour le Maroc 2026. Last but not least, le Sénégal est aujourd’hui à l’avant garde pour l’entrée du Maroc dans l’espace Cedeao. Nous vous épargnons de la dimension religieuse qui lie les deux pays depuis la nuit des temps. Au vu de ce qui précède, on peut légitimement s’interroger sur les agissements de Fouji Lekjaa. A-t-il la bénédiction du Roi du Maroc pour poignarder dans le dos au Sénégal ? Le Président Macky Sall va-t-il laisser faire ? Nous serons édifiés d’ici le 12 mars.