Ă 68 ans dont 30 à la tête de son pays, le Maréchal Idriss Déby Itno. L’annonce de sa mort en a été faite, en fin de matinée ce mardi 20 avril par le porte-parole de l’armée tchadienne. Selon l’Armée, l’homme fort de Ndjaména qui venait juste d’être réélu pour un sixième mandat, avec un score à la soviétique (près de 80%), a succombé à des blessures lors de combats contre des colonnes rebelles regroupées autour du FACT (Front pour l’alternance et la concorde au Tchad).
« Idriss Déby Itno vient de connaître son dernier souffle en défendant l’intégrité territoriale sur le champ de bataille », a déclaré le général Azem B. Agouna, annonçant par la suite, la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale et la mise en place d’un comité de transition dirigé (ironie du sort ) par un fils du défunt président de la République tchadienne en l’occurrence le général Mahamat Idriss DEBY. Ce dernier dirigeait depuis de nombreuses années la Direction générale de service de sécurité des institutions de l’État (DGSSIE), dont fait partie la garde. La transition est prévue pour une durée de 18 mois, selon la charte adoptée dans la matinée, qui dissout le gouvernement et l’assemblée nationale.
Toutefois, plusieurs zones d’ombre entourent cette disparition tragique. En effet, quelques heures après ces déclarations, le Haut commandement du Fact se signale, à travers un communiqué pour donner sa version des faits qui ont conduit à la mort d’Idriss Déby. Selon ces « Forces de la résistance nationale » comme elles se définissent, la marche se poursuit offensive vers la capitale N’Djamena et sera victorieuse. Ă les en croire, Idriss Déby qui a pris part aux combats, n’est pas le seul qui ait fait les frais de ce face à face violent entre l’Armée tchadienne et les éléments du Fact à Kanem. « Des officiers supérieurs dont des généraux de l’Armée tchadienne ont été défaits, certains sont tombés sur le champ de bataille et d’autres ont fui vers le Soudan ou la Lybie », informe le communiqué du Fact. Alors, quelles sont les vraies circonstances des blessures suivies de mort de l’ex-président Déby ? Comment est-il tombé ; disposait-il de toutes les informations sur les positions des forces rebelles à son régime ? Pourquoi s’était –il rendu en zone de guerre sans avoir l’assurance que celle-ci était sécurisée ? Est-il mort au combat comme l’a annoncé l’Armée tchadienne ou a t-il été assassiné par son État-major militaire sur le théâtre des affrontements ? Est-ce une révolution de palais au regard de la célérité concernant la mise en place du Conseil de transition? Une foultitude de questions qui taraudent les esprits des observateurs. En tout cas, il était de notoriété publique à Ndjaména que Déby Itno avait fini de faire le vide autour de lui, entouré par son clan. Devenu impopulaire au fil des années, il avait fini d’écraser toute opposition à son régime, foulant au pied les libertés publiques et constitutionnelles. Sous l’aile protectrice des puissances occidentales au premier la France, et sous le couvert de la lutte contre le terrorisme au Sahel, il a joué les prolongations dans un pays divisé et clanique. Ceci, jusque dans l’Armée où des divergences avaient surgi entre des officiers Zaghawa (ethnie du Maréchal Déby). Cette grosse fissure dans l’Armée avait fragilisé le haut establishment militaire dans la gestion de cette crise sécuritaire que vit le Tchad depuis quelques jours. Selon certaines informations, il avait quitté le palais présidentiel nuitamment sans en avoir informé certains généraux, en compagnie d’une équipe restreinte de l’appareil sécuritaire pour aller sur le théâtre des opérations.
Pour rappel, Idriss Déby, militaire de carrière s’était emparé du pouvoir en 1990 à l’issue d’un coup d’État. Il avait été promu au rang de Maréchal en août dernier.
Abou KANE