Les quelque 123 pèlerins qui n’ont pu se rendre à la Mecque, cette année, pour accomplir le 5 ème pilier de l’Islam(le Hajj), ont subi une injustice inqualifiable. Ayant satisfait, à temps, à toutes les conditions requises pour être convoyés vers les Lieux saints de l’Islam, voilà que ces malheureux citoyens, se retrouvent au hangar des pèlerins sis à l’Aéroport de Yoff, au moment où ceux qui étaient sensés être leurs compagnons de route, démarraient à la Mecque, le rituel du hajj de cette année.
La Commission d’encadrement que dirige le Général à la retraite, Ahmad Tidiane Dia, frère du richissime Harouna Dia et du Questeur à l’Assemblée nationale, l’Honorable Député de l’APR, Daouda Dia, aurait délibérément dépassé le quota, fixé par l’Arabie Saoudite et notifiés, dès le mois de mai 2015, aux Autorités sénégalaises. Ne serait-ce que cela constituerait une faute lourde pour un Commissaire général du pèlerinage, bardé par-dessus tout, d’étoiles, acquises au sein de l’Armée !
Au-delà du Commissaire général-Général, il importe de situer d’autres responsabilités. Le Ministre des Affaires étrangères, sous la tutelle duquel, est placé le Commissaire général, ne saurait, en aucune façon, échapper à la sentence, d’autant que certaines pressions qui poussent le Commissaire général aux dérapages, viendraient de son département. Les voyagistes privés, engagés à convoyer certains membres du groupe des 123 recalés, sont également loin d’être indemnes de tout reproche. Le métier de voyagiste implique un certain nombre de critères, dont la responsabilité et le respect des engagements vis-à-vis du client.
Loin d’avoir la prétention de jouer à l’avocat du diable, je pense qu’il serait judicieux, au-delà des sanctions administratives que l’Etat prendrait à l’encontre des fautifs, de réparer également le préjudice subi par les victimes d’un laxisme sans précédent, dans l’histoire du pèlerinage à la Mecque. Les justifications, tirées par les cheveux, que l’on a brandies, çà et là n’ont convaincu personne. Lors qu’on admet avoir dépassé expressément des limites clairement fixées, on avoue du coup sa faute !
Mais à la décharge du Commissaire général, force est de reconnaître que le Commissariat général souffre d’une gangrène structurelle qu’elle traîne depuis l’époque du Président Senghor, voire bien avant. En effet, cette structure aurait dû être rattachée à la Présidence de la République, pour plus d’efficacité. Sa structuration actuelle comporte des lourdeurs, qui, elles –mêmes, entraînent des lenteurs bureaucratiques qui auraient pu être évitées, si la structure n’était pas soumise à la tutelle d’autant de ministères : Affaires étrangères et Transports Aériens… Maintenant que le Commissaire est nommé de manière permanente, rien ne justifie, dès lors, l’existence d’un Bureau du pèlerinage émanant du Ministère des Affaires étrangères. Il importe de rappeler que la création de ce Bureau remonte au temps où le commissaire général n’était nommé que deux ou trois mois avant le Hajj, puis démis de sa mission, deux ou trois mois après le Hajj ; ce qui n’est plus le cas.
Je pense, qu’entre autres réparations du préjudice subi, les Pèlerins laissés en rade, devront, dès maintenant, être retenus, comme candidats potentiels prioritaires pour le Hajj de l’année prochaine.
J’espère que pour l’avenir, aucun candidat au Pèlerinage à la Mecque, 5 ème pilier de l’Islam, ne sera plus traité de la sorte, car, la bonne gouvernance exige que les citoyens soient traités avec tous les égards qu’ils méritent.
A bon entendeur, salut !
Mamadou Bamba Ndiaye
Ancien Ministre des Affaires Religieuses