Aux hommes qui s’opposent à l’avortement médicalisé, je veux dire ceci : il y a au moins 10 viols par jour au Sénégal. Je parle uniquement des cas rapportés !
Or le viol est la forme extrême de la violence faite aux femmes, le viol est l’expression des rapports de domination entre les sexes. Souvent, il enferme la victime dans une honte morale, mais aussi dans une blessure secrète qui atteint la partie la plus intime de la personne, constituant ainsi un traumatisme irrémédiable. Essayons juste un instant de cerner la terreur de cette victime, même au-delà du viol, la terreur d’être engrossée, d’être contaminée par le sida ou pire, la terreur de perdre la vie. Et imaginons ensuite qu’il puisse s’agir de notre propre fillette. Sachant que les traumatismes physiques et biologiques, on en guérit parfois, mais le traumatisme psychique, souvent beaucoup plus grave parce que non traité, détruit des vies avec toutes sortes de conséquences psychologiques, plus particulièrement dans les cas d’inceste ou de viol d’enfants. Oui, imaginons que cela puisse arriver à notre propre fillette.
Poussons l’horreur plus loin. Imaginons qu’elle tombe enceinte. Oui, votre propre fillette ! Et qu’elle souhaite avorter. Allez-vous lui bousiller sa vie à 15 ans ? Allez-vous pouvoir lui dire que c’en est fini de l’école, de tous les rêves de jeune fille qui berçaient ses nuits ? Une gamine qui vous a amené tant de joies et que vous aimez comme les pères savent le faire. Vous allez lui faire subir une double peine toute sa vie ? Je comprends le dilemme causé par la foi. Mais il ne s’agit pas de vous. Il s’agit de votre fillette. Alors que vous pourriez atténuer les effets d’une terrible violation de son être le plus intime. La mission du père est de protéger la fille, le garçon s’en sortira. Et ce que vous souhaitez pour votre propre fille doit s’appliquer à toutes les filles du pays.
En tout cas moi je la conduirais moi-même immédiatement à la clinique la plus efficace du pays. Si c’est ce qu’elle veut. Sans même consulter la loi.
À ceux qui sont préoccupés du sort de l’embryon, je leur demanderai respectueusement de s’occuper aussi du sort de nos enfants qui vivent des vies de misère dans nos rues. De vraies vies sacrées qui s’éteignent silencieusement sous nos propres yeux. C’est à cette vie que ces embryons sont destinés ? Jusqu’à quand ?