Le principe de continuité du service public fait partie de ces grands principes du droit administratif que l’on ne songe guère à reconsidérer.
Son identité est établie, sa valeur juridique acquise et s’il avait une image symbolique, elle serait sans équivoque celle de Monsieur Bruno Diatta.
Le périmètre de cette notion est variable dans le temps et dépend de la définition qu’en ont la population et le pouvoir politique à un moment donné.
De plus, l’expression service public désigne deux éléments différents : une mission, qui est une activité d’intérêt général, et un mode d’organisation consistant, de façon directe ou indirecte, à faire prendre en charge ces activités d’intérêt général par des personnes, soit publiques soit privées, mais sous le contrôle d’une personne publique.
Le régime juridique du service public est organisé autour de trois grands principes qu’incarnait Monsieur Bruno Diatta. Le premier est celui de la continuité du service public.
Bruno symbolise cet aspect de la continuité de l’État qui repose sur la nécessité de répondre aux besoins d’intérêt général sans interruption. Sa longévité dans la sphère gouvernementale est révélatrice de son sens de la République, de l’Etat mais aussi de sa fidélité et de sa loyauté.
Le deuxième principe est celui de l’égalité devant le service public. Elle a aussi sa valeur et se retrouve chez Bruno. Il signifie que toute personne doit être traitée de la même façon que tout autre usager. Ce qui justifie sa reconduction sans cesse au poste de Chef de protocole par les différents chefs de l’Etat qui ont occupé le Palais présidentiel.
Enfin, le dernier principe de fonctionnement du service public est celui dit d’adaptabilité ou mutabilité. Présenté comme un corollaire du principe de continuité, il s’agit d’assurer au mieux, parlant qualitativement, un service plutôt que de sa continuité dans le temps. Cela signifie que le service public ne doit pas demeurer immobile face aux évolutions de la société. Là également, Bruno Diatta a su s’adapter aux différents changements que l’alternance a induit. Composer avec tout président au tempérament différent et n’avoir à la limite rien qui ait pu conduire à son éviction de la situation où il se trouve montre qu’il les traitait d’égale dignité, en ne ménageant aucun effort pour bien faire son travail. C’est pourquoi donc le prototype du fameux principe de la conduite du service public s’est adapté à la façon de gouverner de Senghor, Diouf, Wade et Macky.
Il a, comme il aimait le dire, la ponctualité des rois, les affaires de la République ne sauraient attendre. Donc servir l’Etat et non se servir de l’Etat.
Bruno Diatta est l’exemple à suivre pour les serviteurs de l’Etat pour la compétence, le savoir-faire et surtout la discrétion qui s’explique en ses termes « je suis une tombe, je vois tout et ne dis rien ».
Repose en paix, cher Bruno Diatta