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Suspension Du Rapport Doing Business De La Banque Mondiale : Un Audit De L’institution S’impose Plus Que Jamais

Suspension Du Rapport Doing Business De La Banque Mondiale : Un Audit De L’institution S’impose Plus Que Jamais

La Banque mondiale a an­noncé, le 16 septembre 2021, la suspension définitive de son rapport Doing Business pour causes d’irrégularités fragrantes.

Il y a de cela quelques semaines, en abordant le cours sur le rapport Doing business de la Banque Mondiale avec mes étudiants de l’Institut supérieur de gestion de Paris (Isg), je leur disais que cet outil mis en place par la Banque pour jauger le climat des affaires n’était pas pertinent pour plusieurs raisons.

Il est à rappeler que le rapport Doing Business  analyse les réglementations de 190 économies dans le monde, avec à la clef un indice de facilité de faire des affaires. Le rapport se penche sur les règles qui affectent la vie d’une entreprise de sa naissance à sa liquidation.

Mes critiques sur cet outil ont toujours porté sur 3 aspects majeurs :

Premièrement, au plan technique, ses critères sont incomplets et parfois peu pertinents. En voici quelques exemples illustrateurs :

L’indice relatif au raccordement à l’électricité ne saurait constituer une unité de mesure fiable quant à la suffisance de la fourniture d’électricité ;

Le critère relatif aux délais de création d’entreprises pourrait cacher la problématique d’un taux de mortalité important d’entreprises. Par ailleurs, minimiser les coûts de création présente le risque d’entraver la modernisation par exemple des greffes ;

La question des intrants, gage de compétitivité, n’est pas explicitement abordée ;

Le point relatif aux entraves monétaires est absent de l’analyse, de même que celui concernant la fuite illégale de capitaux vers les paradis fiscaux ;

Les questions de gouvernance, d’état de droit et de sécurité, véritables conditions sine qua non du développement du secteur privé sont absentes.

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D’une manière générale, les délais de performance ciblés par ce rapport sont très indicatifs, et parfois bien loin des réalités constatées sur le terrain.

Bref, au plan technique, l’optique générale qui gouverne l’élaboration de ce rapport favorise l’appui aux multina­tio­na­les sur la base d’un modèle ultralibéral de déréglementation qui oublie que l’essentiel du secteur privé dans certains pays en développement est cons­titué par le secteur informel.

Ensuite et au plan des résultats, il est constaté que les pays les mieux classés dans ce rapport en Afrique (Mau­rice, Rwanda et Maroc), ne sont pas les meilleurs en termes d’attraction des investissements (Egypte, Nigeria, Rdc, Ethiopie et Afrique du Sud).

Enfin et au plan éthique, cet outil était devenu un «machin» à la disposition de fonctionnaires dont certains, en dehors de toute considération éthique, manipulaient apparemment le classement.

Au mois de février 2020, je lançais un cri du cœur en réclamant un audit de la Banque mondiale suite aux révélations contenues dans un rapport interne, qui indiquait qu’en moyenne 7,5% des décaissements de l’institution au profit des pays en voie de développement étaient détournés vers des paradis fiscaux. Je demeure plus que jamais persuadé que cet audit devrait être exigé par les Etats membres. La Banque mondiale est un bien collectif qu’il faut repenser, réformer et sauvegarder.

Magaye GAYE

Dess en gestion de projets de l’Université de Rennes 1 en France

A exercé pendant une quinzaine d’années dans les organisations sous-régionales africaines de financement du développement (Boad et Fagace)

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