A l’occasion de la 2ème « inauguration » du Train express régional (TER) au Sénégal, ce 27 décembre, par le président de la République, j’ai aperçu des invités étrangers, en particulier des Européens. Ils ont applaudi, souri… comme tout le public présent. Mais je ne peux m’empêcher de penser à ce qu’ils pensent de tout ce 2ème tintamarre autour du démarrage de l’exploitation d’un TER.
Chez eux, depuis des siècles, aucune autorité publique suprême ou locale n’ose mobiliser autant de personnalités durant autant de temps pour ce type d’événement et n’ose y dépenser autant d’argent au frais des contribuables.
Ils savent qu’à la place de toute cette électronique clinquante, ces fauteuils moelleux, ces écrans lumineux, ces couleurs vives… à coups de centaines voire un millier de milliards de francs CFA, il était plus opportun d’acquérir juste de nouveaux trains classiques, de rénover et d’élargir les rails pour un véritable transport de masse des personnes et des biens à travers les différents pôles du pays. Ils sont au courant que tout près de ces gares et rames que l’on dit de dernière génération, existent des écoles avec des pailles comme clôtures ; cravachent, pour s’en sortir, des centaines de milliers d’étudiants qui n’étudient pas faute d’amphithéâtres ; vivotent en permanence des structures sanitaires sans plateau médical…. Ils sont au courant que des riverains ont des problèmes d’accès à l’eau potable ou à un réseau d’assainissement depuis Mathusalem.
Ils doivent certainement se demander donc pourquoi le Président est si remercié, si félicité et si glorifié à l’occasion. Comme réponse, ils se diront qu’ils ont affaire à un peuple peu avancé avec des mentalités rétrogrades. Certains d’entre eux développeront à la suite, peut-être inconsciemment mais sans aucun doute, un fort complexe de supériorité vis à vis des Sénégalais.
Et Voilà comment des compatriotes commettent un délit grave à l’encontre de leur communauté. Nos autorités n’ont pas le droit de nous tourner en ridicule à la face du monde. Les peuples ont leur dignité propre. La dignité est un vecteur d’épanouissement et de fierté et constitue un facteur stimulant dans leur créativité. Tous doivent la préserver !
Il faudrait peut-être dès lors insérer dans le Code pénal, tout autant que l’offense au Chef de l’Etat, l’atteinte à la dignité du peuple comme un délit sévèrement réprimé.
Mamadou Thiombane