Dans 48 heures, les électeurs sénégalais seront appelés aux urnes pour élire leurs représentants communaux et départementaux. Ne nous y trompons pas : tous les ingrédients sont (une nouvelle fois) réunis pour une fraude électorale massive et industrielle, dont l’amplitude dépassera toutes les prévisions. Car, avec la manipulation du fichier électoral corrompu (doublons, inscription de mineurs et d’étrangers dans les zones frontalières où la population électorale explose), la privation de vote de dizaines de milliers d’électeurs, la rétention des cartes d’électeurs des primo-votants, la production de milliers de certificats de résidence de complaisance, par des maires véreux, la modification du poids électoral de certains fiefs par un transfert massif d’électeurs et le bourrage des urnes ; les élections locales du 23 janvier 2022 seront l’exacte réplique des présidentielles de 2019.
Dans le rapport de la MAFE (Mission d’audit du fichier électoral) de 2018, à la page 35, les experts de l’Union Européenne avaient signalé que dans « plusieurs localités, des certificats de complaisance ont été délivrés frauduleusement par des maires afin d’opérer des transferts d’électeurs fictifs dans leurs circonscriptions ».
La MAFE a alerté sur le fait que « ces tentatives de fraudes qui sont souvent allées de pair avec la production de faux extraits de naissance pourraient influencer les élections locales à venir ».Cette alerte datait déjà de 2018. Entre 2018 et 2022, les maires délinquants de l’APR et de la majorité, ont eu donc 4 années supplémentaires pour aggraver leurs forfaits et ils ne s’en sont pas privés. Cette révélation extrêmement grave des Experts de la MAFE sur des fraudes massives liées aux élections locales, contredit complétement les déclarations mensongères du régime entonnées comme un refrain, selon lesquelles il est impossible de voler une élection au Sénégal.
En 2021, Il est parfaitement possible de voler une élection au Sénégal, comme en 2019, même avec un fichier « supposé fiable », par une victoire technique. C’est la raison pour lesquelles la MAFE avait recommandé (page 24 de son rapport de 2018) de « Confier la gestion du fichier électoral à une autorité différente de la Direction de l’Automatisation du Fichier ».On comprend aisément pourquoi le régime de Macky SALL ne donnera jamais suite à une telle recommandation (lorsque le fichier est géré par une autorité indépendante, c’est la débâcle assurée).
Les élections locales du 23 janvier 2022 se dérouleront avec la disqualification de la CENA dont la composition est totalement irrégulière avec un Président fantôme, et hors la loi, Doudou N’DIR dont le mandat a expiré depuis le 31 mai 2011 ; une CENA décrédibilisée et dépouillée de ses prérogatives essentielles (contrôler l’impression, la conservation et la distribution des cartes d’électeurs). De fait, la CENA sous tutelle du pouvoir exécutif et dont les membres sont en situation de faiblesse et de dépendance (leur mandat a expiré) n’est plus en mesure d’assurer la transparence, et la sincérité du scrutin. Le scrutin se tiendra sans arbitre (la CENA est l’ombre d’elle-même) et avec la « partialité » d’une majorité de gouverneurs aux ordres, corrompus avec des véhicules qui ont été achetés avec l’argent du contribuable, et ce, dans l’illégalité, en violation totale de l’article 1er du décret n°2020-474 du 19 février 2020, portant suspension de toute commande ou acquisition de véhicules administratifs.
https://www.sec.gouv.sn/d%C3%A9cret-n%C2%B0-2020-474-du-19-f%C3%A9vrier-2020-portant-suspension-de-toute-commande-ou-acquisition-de
Article premier du décret n°2020-474. – A l’exception des véhicules destinés à la sécurité, à l’assistance ou au secours des victimes, est suspendue, à compter du 28 février 2020, toute commande ou acquisition de véhicules administratifs par l’Etat, ses démembrements ainsi que les autres organismes publics.
Il est donc évident que les conditions ne sont pas réunies pour la tenue d’une élection libre, transparente, démocratique et sincère, le 23 janvier 2022.
Les dés sont pipés, et, on s’achemine inéluctablement vers des élections locales usurpées, aux résultats connus d’avance et à l’issue de laquelle, qui perd, gagne.
Face à un régime moribond, délinquant, et déloyal qui fraude et vole systématiquement les élections, invoquer les règles de droit ne suffira pas. Signer une quelconque charte ne servira strictement à rien. Au Sénégal, depuis 2012, tous les scrutins sont désorganisés, faussés et insincères.
L’opposition doit muscler son jeu et faire face à Macky SALL, de manière résolue et totalement déterminée. Le peuple malien a montré l’exemple.
Il faut clairement appeler le peuple, et particulièrement les jeunes, à sortir massivement pour empêcher le hold up électoral qui se dessine.
L’opposition doit s’assurer de la fiabilité de ses représentants dans les bureaux de vote, car certains peuvent être corrompus par le régime, le jour du vote, le 23 janvier 2022, pour signer de faux PV, à l’issue du dépouillement.
Partout et dans toutes les localités, des comités de veille doivent être mis en place. Toute personne étrangère à une commune, rôdant dans un bureau de vote, doit être repérée, signalée, et exclue du vote. Les citoyens sont appelés à sécuriser leur vote et à relayer en temps réel, les fraudes dans chaque localité.
Que chaque détenteur d’un téléphone portable, soit un acteur de la transparence, filme en temps réel les situations de fraudes et les diffuse sur les réseaux sociaux. Il faut délégitimer ce simulacre d’élection : une farce !
Seybani SOUGOU – E-mail : sougouparis@yahoo.fr