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Guerres En Europe: Rompre Les Nuages Qui S’amoncellent Pour Ouvrir Un Autre Champ Des Possibles (scandre Hachem)

l’Union européenne, malgré certaines ambitions et prétentions affichées, a échoué à se construire comme puissance mondiale. Prise au piège par la surpuissance économique, financière et technologique des États-Unis acquise sur l’Europe en ruines par deux fois au XXeme siècle, de leur politique du diviser pour mieux régner, appliquée entre pays d’Europe de l’Ouest et ceux de l’Est, et à l’intérieur de chacun des deux blocs, sanctionnant telle entreprise nationale bien ciblée et circonscrite puis telle autre pour empêcher toute résistance solidaire entre elles, enrayant systématiquement toute dynamique d’une défense européenne intégrée, voire juste coordonnée ou même concertée, imposant l’OTAN comme seul cadre de sa sécurité, confinant les quelques industries d’armements à leur strict périmètre national hormi quelques marchés dans les pays du Sud, l’Union européenne s’est calfeutrée, bon gré mal gré, dans le confort d’une soumission consentie, réclamée et même honorée au grand frère américain grâce à un softpower tentaculaire qui s’appuie sur des moyens matériels, intellectuels et psychologiques massifs, multiples et variées.
Une puissance européenne affirmée, qui refuserait fermement de se faire couper systématiquement l’herbe sous les pieds, aurait pourtant brisé d’elle-même le piège de Thucydide, dont on parle tant ces dernières années, mettant en opposition deux prétendants au rôle de puissance mondiale dominante, celles en exercice et son challenger. Elle aurait imposé de fait un jeu de puissance tripolaire, États-Unis, Union européenne, Chine, en attendant l’Inde dans la décennie à venir puis l’émergence d’une cinquième force, dans les trois à quatre décennies à venir, l’Afrique.
L’Union européenne, par sa lâcheté, son confort immédiat et les égoïsmes nationaux qui la traverse et la tiraillent, a accepté qu’il en soit autrement. Si l’on continue à se soumettre à cette logique imposée par les États-Unis, nous nous retrouverons, ce siècle durant, dans le schéma bipolaire, Occident sous la direction de ceux-ci contre l’essentiel du monde asiatique et dont la Chine ne sera qu’une composante en réalité, cette dernière n’étant nullement intéressée, à transformer sa place de future première puissance économique en leadership mondial. Ce sont les États-Unis qui veulent lui façonner cet habit et l’amener à tout prix à lui faire porter celui-ci pour justifier son besoin de menaces et guerres perpétuelles afin de nourrir les bases de leur domination mondiale, à savoir le complexe militaro-industriel, la planche à imprimer le dollars, la suprématie financière, le contrôle des câbles sous-marins et autres Gafa et, enfin et non le moindre, le complexe pharmaco-sanitaire.
Les commentateurs et autres politiques nous parlent à longueur de journées et d’émissions du monde unipolaire dans lequel nous baignerions sous le leadership des États-Unis, en réalité ce monde ne peut exister, avec toutes les guerres de destructions massives que cela a généré et continue de générer, que grâce à une menace suscitée et mise en exergue, que finit par devenir, tel le gonem, tantôt la Russie, puis le terrorisme et enfin la Chine pour devenir progressivement tantôt l’une, les deux ou les trois à la fois.
Face à la faillite de l’Union européenne, l’Afrique osera-t-elle se donner l’ambition de se construire en une troisième puissance émergente et s’en donner les moyens, d’abord pour se sauver elle-même en évitant de sombrer dans ce naufrage qui la guette en priorité, et, pourquoi pas, en assumant sa part de responsabilité dans la marche du monde ?
Cela n’est ni un rêve, ni un projet déplacé, ni un vœu pieux. Cela ne demande pas plus une unification préalable de l’Afrique mais une ambition affichée soit de l’Union africaine, soit d’unions régionales, soit d’un pays ou d’un autre, sachant pertinemment qu’il faut bien commencer quelque part.
L’une des démarches essentielles serait de rechercher prioritairement et systématiquement un transfert et une coopération technologiques avec les pays et entreprises qui souhaitent y investir en s’appuyant sur les puissances moyennes. Nombre d’entre elles, en Asie, en Amérique latine, en Afrique et même en Europe, seraient intéressées à être favorisées par des marchés sans être pour autant obnubilées par la conservation jalouse de leur savoir faire ou des royalties qu’elles tireraient de leurs brevets.
De plus, nombre de scientifiques et universitaires européens et autres pays développés, disposant de couverture sociale digne de ce nom, touchant une retraite honorable, seraient disposés à venir partager bénévolement, pour autant qu’ils seraient logés décemment et gratuitement, leurs compétences dans des pays africains si cela était organisé et planifié. Ils seraient accueillis dans des départements universitaires, centres de formation technique, laboratoires… Sans parler de tous ces cerveaux africains disséminés dans différents continents, notamment européen et américain.
Avec leur retraite et un logement gratuit, ils vivraient confortablement et entourés socialement, comme on sait le faire, avec hospitalité et bienveillance partout en Afrique, avec un sentiment d’utilité et de reconnaissance. Plusieurs pays européens, dont une partie des élites en ont plus qu’assez de l’OTAN et des dictats des États-Unis, sans pour autant renoncer à leur appartenance à l’Union européenne, ne demanderaient pas mieux de nouer des partenariats stratégiques avec tels et tels pays africains, avec un échange véritable de compétences et de savoir faire technologiques, dans une relation d’égalité stricte, gagnant gagnant, mais fondée sur les besoins locaux. Ce serait, par la même occasion, un moyen pour eux de s’extraire enfin du joug américain et d’ouvrir de nouvelles perspectives pour leur population, bien plus enthousiasmantes pour notre planète que cette course effrénée au profit qui mène l’humanité à foncer tout droit vers un désastre annoncé.
La troisième démarche serait de commercer de façon privilégiée avec les partenaires qui acceptent les transactions en monnaies nationales et éviter, chaque fois que c’est possible le dollar, source de rétorsions potentielles exercées, à travers leurs lois extraterritoriales, par les États-Unis lorsqu’ils décident d’affaiblir économiquement un pays. Il serait souhaitable que ce mode d’échanges soit institué à l’intérieur de chaque regroupement sous-régional en attendant que l’Union africaine l’adopte comme modalité systématique dans le commerce intra africain. Il n’est nul besoin d’une monnaie unique pour cela.
Ces mesures peuvent être enrichies et articulées à d’autres, elles n’en restent moins un creuset pour l’émergence de l’Afrique en tant que puissance ouvrant des perspectives alternatives à ce monde mortifère que nous vendent les États-Unis et leurs affidés, malgré leur softpower, leurs belles paroles et leurs idéaux qui ne valent que pour eux.
Il appartient à l’Afrique aujourd’hui d’ouvrir enfin un autre champ des possibles.

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Le 27/02/2022
Scandre Hachem

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