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Abdoulaye Élimane Kane, Penseur De La Part Africaine Dans La QuÊte De L’humain

Abdoulaye Élimane Kane, Penseur De La Part Africaine Dans La QuÊte De L’humain

Au point de départ de la réflexion du Professeur Abdoulaye Elimane KANE, se trouve cette intuition tant fondatrice que fondamentale : « Il existe un rapport d’affinité sélective entre d’une part, l’ethos général qui préside à la construction des savoirs, spéculations et pratiques sociales africaines et d’autre part L’ARCHÉTYPE que les tenants de ces discours et pratiques se donnent avec constance à savoir que l’homme est le signifié ultime de tous ces signifiants » ( cf. Abdoulaye Elimane KANE Eloge des identités de l’universel au particulier page 33) Mais un tel postulat de base s’exprime chez le Professeur Abdoulaye Elimane KANE sous le mode du paradoxe : l’affirmation d’un « cogito africain » et l’ethos général dont il se leste constitutif d’une « part Africaine » dans un « penser l’humain global », est solidaire d’une Eloge des identités ; identités jugées meurtrières. Le problème devient alors le suivant : Comment fonder une « part africaine » dans le « penser humain global » sur l’Eloge des identités ?

Il s’agit pour y parvenir de se doter des moyens théoriques d’une bonne compréhension des rapports de l’universel au particulier. Ce qui, dans la perspective du Professeur Abdoulaye Elimane KANE, présuppose justement la possibilité de penser des identités non meurtrières en ce que précisément ces identités dont il fait éloge sont elles-mêmes informatrices (donatrice de formes) de l’universel humain. Un universel humain synonyme d’universalité humaine de condition. L’universel ne s’édifie nullement sur les ruines du particulier de la même façon que le particulier ne doive nécessairement attenter à l’universel pour être. Tout l’effort du Professeur KANE est d’aider à dépasser l’aporie dans laquelle s’installe le chercheur en se méprenant sur la véritable nature des rapports du particulier à l’universel. Si l’humain est universel, chacun d’entre nous vit, exprime et manifeste cette part d’humain à travers une forme culturelle particulière. L’humain universel fonctionne ainsi comme un fond commun sur lequel viennent se broder ses particularités multiples et ces variations culturelles multiformes. Or, c’est sur cette méprise que repose la difficulté à penser l’humain et à définir l’universel.

Ignorer le sens profond de cette dialectique de l’universel et du particulier aura sans doute été le péché originel de la brillante civilisation hellénistique traitant de « barbare » tout ce qui n’est pas d’elle ! Il faudra tout le génie du Professeur Cheikh Anta DIOP, celui-là de l’ouvrage de synthèse Civilisation ou Barbarie (1981) pour montrer que de « miracle grec », il n’y en eut point et qu’à bien des égards, il faudrait plutôt parler de « mirage grec ». Même péché originel d’africanistes empressés si peu préoccupés de rigueur scientifique et tombant du même coup dans le piégé épistémique d’une idolâtrisation-fétichisation d’une prétendue exceptionnalité africaine ! C’est là toute la portée rupturale du travail de l’épistémologue et historien des sciences Abdoulaye Elimane KANE : les notions de « tradition » et « d’identité » n’ont pas nécessairement ou intrinsèquement une charge négative ; une « Eloge des identités » n’a possiblement aucun lien de nécessité avec des attitudes négatives et forts condamnables telles que la xénophobie, l’ethnocentrie militant, l’intolérance religieuse, le racisme, l’ostracisme, le négationnisme culturel.

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Sous ce rapport et dans la perspective du Professeur KANE une « Eloge des identités » signifie précisément ceci : saluer, pour en célébrer la valeur éminente, le même geste superbement fondateur par lequel partout et de façon toujours recommencée l’homme aura contourné l’hostilité primitive de la nature par la production de systèmes sociaux, de langues, de religions multiples et variés. Nul doute que Abdoulaye Elimane KANE aurait parfaitement pu faire sienne cette affirmation de son ami et collègue, le Philosophe camerounais Marcien TOWA à savoir que « les différences culturelles sont inessentielles et ne sauraient dresser entres les hommes des barrières infranchissables ». Entendons-nous bien : tout le danger est en la pensée d’un « local » étranger au « global »ou d’un utopique « universel » faisant préalablement le deuil des « identités » qui le constituent. Dès lors la pensée du maitre est cinglante d’à propos : « il faut libérer les rapports de l’universel et du particulier de deux obstacles préjudiciables à la construction d’un présent et d’un avenir communs :

D’une part la sorte d’aversion que les tenants du « particularisme » nourrissent à l’endroit de l’universel. D’autre part un certain fétichisme de l’universel, souvent unilatéral et abstrait qui prend prétexte des méfaits du particularisme pour fustiger et infantiliser les identités tout en dissimulant l’ethnocentrisme qui l’anime ». Il s’ensuit alors nécessairement que « la question du devenir est intrinsèquement liée à celle de l’identité ». C’est tout le sens de ce que le Professeur Abdoulaye Elimane KANE appelle la « dialectique du même et de l’autre ».

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J’ai conscience, d’être le même mais toute la difficulté est d’en accéder à une certitude indubitable sans récuser ce qui dans ce « même » participe de l’histoire individuelle et collective c’est-à-dire de l’Autre par les autres. Une solution à ce problème philosophique majeur de l’identité dans l’altérité est offerte par Jean Paul SARTRE. Le Sartre retravaillant le cogito cartésien pour le désubstantialiser, l’arracher à sa solitude insulaire afin de faire ce cogito « filer là-bas…vers ce qui n’est pas soi ». « Je est un autre » enseignait Arthur Rimbaud et c’est de l’avoir compris que Sartre en héritier de la phénoménologie husserlienne, tient de pouvoir écrire que « Autrui est indispensable aussi bien à mon existence qu’à la connaissance que j’ai de moi-même ». Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, je dois nécessairement passer par les autres. Autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même ». Fort de cet arrière-plan philosophique qui transparait lumineusement dans son texte , le Professeur KANE pense les identités et justifie l’intérêt qu’il leur porte en tant quels sont doublement constitutives et conditions nécessaires, de possibilité, de surgissement de l’universel ; il suffira pour guérir de la phobie ambiante, voir même de la présente « névrose obsessionnelle » de l’humanité charrié par une certaine compréhension aliénée du sens de la mondialisation/globalisation à l’égard du particulier et des identités, il s’agit bien disons-nous de rompre avec la pensée de l’identité-substance au profit de l’identité-relation qui a les faveurs du Professeur KANE.

Mais en prenant la précaution de comprendre que refuser l’essentialisme dans ce qu’il a de pervers n’est pas non plus récusation définitive de toute identité. Réserver ses faveurs à l’identité-relation c’est simplement accepter avec Lucien Malson que « c’est désormais une idée conquise que l’homme n’a pas de nature mais qu’il a ou plutôt qu’il est histoire ». Cette historicité de l’homme, son historial, tout en le rendant héritier d’un vécu social, artistique, culturel, religieux à nul autre réductible est ce qui précisément lui fait participer de l’humain universel ! Même HEGEL enseignant que « au départ est le conflit », se doit d’admettre que le conflit est par essence mise en relation, intersubjectivité. A quoi le Professeur Kane fait corps avec Gaston BACHELARD pour qui « au commencement est la relation » car « la généralisation par le non doit inclure ce qu’elle nie » ajoute l’auteur de La Philosophie du Non. Ce que dit Bachelard dans le processus d’effectuation de la science s’appliquant parfaitement à la conquête de l’humain universel. Justement chez le Professeur Abdoulaye Elimane KANE la « défense et illustration » de la « part africaine » dans « le penser l’humain » passera par les subtils détours d’une fiction littéraire entre le local et le global, par l’examen critique des théories du « développement durable », par le passage de la numération à l’arithmétique en Afrique et par l’exhumation du message humaniste des religions traditionnelles africaines. Au total pour le Professeur Abdoulaye Elimane KANE admettre l’existence d’un ethos général significatif africain, affirmer la réalité d’une « part africaine » ou d’un cogito africain dans la construction de l’homme pluriel, C’est préalablement reconnaitre que :

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 « Il existe des tendances significatives de comportement et d’aspirations dans la manière des sociétés africaines d’habiter le monde ».

 Toutes ces tendances obéissant à un principe directeur donateur de sens.

 Ce principe directeur éminent et préférentiel vise fondamentalement l’humain.

 Ce « principe préférentiel » ou ce « PROTON PHILON » (ce qui est aimé en premier) pour parler comme PLATON se ramène à ceci que « le vivre ensemble est le bien suprême » pour les africains. La preuve par l’UBUNTU (définie par Desmond TUTU comme « la conscience de participer à quelque chose de plus grand que moi ») et par l’esprit de la commission vérité et réconciliation.







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