En Guinée, l’opposition rompt le silence et demande au colonel Mamady Doumbouya de s’engager clairement sur la façon dont il entend conclure la transition, entamée avec son coup d’État de septembre 2021. Presque aussitôt, le colonel a annoncé, pour le 23 mars, des assises nationales. Ce réveil de l’opposition marque-t-il véritablement la fin de l’état de grâce pour la junte ?
Il faut bien convenir que l’opposition semblait quelque peu gênée, dans l’embarras, pour critiquer cette junte, dont elle avait applaudi le putsch, en banalisant la répression des forces spéciales que dirigeait le colonel Doumbouya, sous Alpha Condé, avec des dizaines de morts parmi ses propres militants. Cette unité était bel et bien l’arme principale de répression du régime déchu contre les opposants.
Depuis, l’on en était à se demander si cette opposition, superbement ignorée par la junte, n’était pas tout simplement éteinte. Visiblement, elle vit encore. Entendre ces leaders de l’opposition qui s’étaient effacés devant Doumbouya émettre des exigences et proférer des menaces est donc loin d’être banal. Leur reste-t-il des moyens humains pour mettre leurs menaces à exécution ? Nul n’a oublié que la foule sans nombre qui acclamait le colonel dans les rues de Conakry est exactement la même qui, des mois durant, s’était opposée au troisième mandat d’Alpha Condé.
Pour reprendre, contre le colonel, les manifestations qui déstabilisaient naguère le régime Condé, ils devraient s’assurer de la disponibilité de ces foules, désorientées par la versatilité de leaders qui les voulaient laudateurs hier, et les veulent détracteurs, aujourd’hui.
Les assises nationales que promet la junte ne suffiraient-elles pas à calmer les opposants ?
D’une junte à l’autre, ce sont les mêmes assises nationales que l’on organise, exactement comme l’on tenait, en d’autres temps, une conférence nationale. Ce n’est pas très original. Et le contenu des assises est indéfini. Certes, au bout de ces palabres, on promet le salut aux Guinéens !