Lagos Nigeria, avec ses 20 millions d’habitants, parmi les villes les plus peuplées du monde avec Rio au Brésil, est plongée dans le noir depuis presque une semaine. Ce qui ressemble à un scénario de film est en fait la situation apocalyptique du Nigeria, dont le système électrique est à l’arrêt à cause d’une panne sèche de combustibles. Les principales centrales électriques du premier Pib du continent ont cessé de fonctionner et les quelque 200 millions de Nigérians ne peuvent plus utiliser leurs groupes électrogènes à cause du rationnement de l’essence et du diesel, dont les prix ont doublé avec le conflit russo-ukrainien.
Un vrai paradoxe pour le premier pays producteur de pétrole en Afrique. Malgré ses gigantesques réserves d’or noir et de gaz ; le géant de la Cedeao importe 90% de son carburant et n’a pas investi dans le raffinage de son brut.
Malgré une capacité de production de 7000 Mw, la production réelle en électricité du Nigeria oscille entre 2500 et 5000 Mw, alors que l’Afrique du Sud seule, pays trois fois moins peuplé, produit 45 000 Mw.
Le gigantesque black-out au Nigeria, pourtant riche en hydrocarbures, souligne l’importance d’un investissement planifié dans la production d’électricité et la promotion d’un mix énergétique qui permet de diversifier les sources d’énergies avec un dosage fossile et non-fossile, afin de se prémunir des chocs et ruptures dans la fourniture de combustibles importés.
Le Sénégal, après les émeutes de l’électricité vécues par les régimes socialiste et libéral en 2010 et 2011, a entrepris une mise à niveau décisive de son bouquet électrique et la modernisation du système de distribution énergétique, une volonté politique affirmée du régime actuel avec un Président qui subventionne massivement l’électricien public, fait absorber les déficits de la Senelec par le Trésor public et accélère les réformes consolidantes pour préparer l’arrivée du gaz et du pétrole en 2023 .
Ainsi notre pays -le seul dans toute l’espace Cedeao et Uemoa- peut déjà se frotter les mains avec la production de 1500 Mw de la Senelec ; des centrales éoliennes de Taïba Ndiaye ; centrales solaires de Bokhol et Merina Dakhar, entre autres. Aussi, il faut déjà espérer la réception à date échue de 300 Mw d’Africa Energy, au Cap des Biches, avec des privés nationaux.
Les apports de capacité de l’Omvs et bientôt de l’Omvg, contribuent aussi à densifier le power-grid et à sécuriser l’offre.
Dans l’espace Cedeao et Uemoa, notre pays savoure déjà une saga sans toutefois baisser la garde. La résilience énergétique est désormais à notre portée, en attendant le système d’échange et d’interconnexion des réseaux électriques en Afrique du l’Ouest.
Moustapha DIAKHATE
Expert et Consultant en Infrastructures
Ex-Conseiller Spécial PM
Ex Conseiller Spécial Présidente Cese