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Frappez Les Balafons De La DÉpendance !

Frappez Les Balafons De La DÉpendance !

04 avril 1960 – 04 avril 2022, après demain, lundi, jour pour jour le Sénégal aura 62 ans. Pour célébrer cet  anniversaire de notre accession à la souveraineté internationale, une prise d’armes aura lieu à la Place de l’Indépendance à Dakar. Ce sera sous la présidence effective du président de la République, Chef suprême des armées.  Hélas, malgré ce plus de demi-siècle d’existence en tant que pays souverain — ce qui est peu, admettonsle, dans la vie d’une Nation — il est regrettable de constater que,  dans presque tous les secteurs d’activités, cette indépendance rime avec dépendance. Notamment sur les plans alimentaire, pétrolier, pharmaceutique, numérique etc.   Sauf en matière de défense où le Sénégal a toujours fait valoir son indépendance militaire afin de veiller sur  l’intégrité de son territoire. « Le Témoin » quotidien défile et se défoule… 

Lundi 04 avril 2022, la charmante Dame qu’est la République du Sénégal aura soixante-deux ans ! En temps normal, c’est-à-dire hors pandémie de covid-19 et de guerre en Ukraine, cet anniversaire était fêté joyeusement à travers une grande parade militaro-civile sur le boulevard du général De Gaulle et des mini-défilés dans les capitales régionales. 

Car le 04 Avril est la fête de la jeunesse, mais surtout celle de l’Armée ! Une fête, encore une fois, sur le boulevard général De Gaulle où les écoles élémentaires, les instituts de formation, les corps de métiers, les majorettes et les troupes de danses rivalisaient de prestance sous les yeux du chef de l’Etat éprouvant légitimement la fierté d’avoir une jeunesse saine. Après le défilé des civils suivait une gigantesque parade militaire et paramilitaire destinée à rassurer le Chef Suprême des Armées sur les capacités opérationnelles et la puissance de nos « Diambars ». 

A rassurer aussi le peuple sur le fait que, quelle que soit la menace, en tous temps et en tous lieux, sa sécurité sera assurée. Bien sûr, ces défilés se déroulaient sous les yeux des populations dakaroises, notamment des riverains des anciennes « Allées du Centenaire » et des quartiers environnants de la Médina brandissant des drapelets aux couleurs nationales et applaudissant à tout rompre ! Tel ne sera pas le cas cette année 2022 marquant le 62e anniversaire de notre accession à la souveraineté internationale. Car la célébration sera réduite à une prise d’armes suivie d’un défilé militaire à la Place de l’Indépendance à Dakar. 

Une cérémonie certes sobre mais solennelle que présidera le président de la République Macky Sall en sa qualité de Chef suprême des armées. Car, il y a de quoi se réjouir de voir l’auguste Dame qu’est la République avoir divorcé d’avec l’ancienne puissance coloniale, c’est-à-dire l’époux français, qui a eu à conquérir son cœur territorial pendant plusieurs siècles. Des siècles durant lesquels l’ex-époux colonial domestiquait la population sénégalaise et contrôlait ses richesses à travers des comptoirs commerciaux tout en lui assurant la dépense quotidienne. Et surtout lui dispensait le savoir (comment calculer les chiffres et parler français), le savoir-faire et le savoir-être. Avant de nous accorder l’indépendance en 1960, les « maitres-blancs » nous apprenaient également comment « s’habiller », notamment à l’Assemblée nationale (costumes, cravates et souliers), rouler les « R », saluer le drapeau français, défendre la Métropole, se montrer galant avec les dames et bien se comporter avec les touristes occidentaux. 

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Entre autres enseignements destinés à civiliser les « non civilisés » que nous étions ! Les colons nous initiaient aussi à la conduite des voitures « Renault-Dauphine », à des trains « Dakar-Bamako » et aussi à rouler en vélo « Solex ». Sans oublier l’apprentissage des bonnes manières à table avec l’usage de la fourchette, de la cuillère et du couteau. Et comment entre autres tartiner le pain — un aliment que nous ne connaissions évidemment pas — avec du beurre ou du chocolat. 

Pour l’hygiène publique, il ne fallait surtout pas cracher dans les rues de la capitale de l’Afrique occidentale française (Aof), uriner contre les murs du Palais du gouverneur, du Centre culturel français et autres infrastructures sacrées. Ou tout simplement pisser dans n’importe quelle rue encore moins y faire ses ablutions ! 

Pour cela, des lieux d’aisance publics — appelés par nos parents « douches » — avaient été construits partout à travers la ville. Ce n’est pas comme maintenant où il n’est pas rare de voir de braves citoyens se soulager dans la rue ! 04 avril 1960- 04 avril 2022, 62 ans après l’éclatement de ce couple mixte ou domino (blanc-noir), Dame République, bien que quelque peu âgée ne compte pas vieillir pour autant puisque décidée à camoufler ses rides sous un maquillage. Car, elle s’est dotée de nouvelles infrastructures modernes et structurantes tels qu’un aéroport, des autoroutes à péage, des autoponts, des échangeurs, un stade olympique de dernière génération, une arène de lutte, un train express régional (Ter) etc. Elle a aussi construit beaucoup d’universités et d’hôpitaux.

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Un certificat de divorce introuvable…

Hélas, malgré la rupture intervenue il y a 62 ans, Dame République reste toujours amoureuse de l’ancienne métropole. Dans presque tous les domaines notamment le pétrole, le gaz, les technologies d’information et de communication (Tic), disons le numérique, les produits agro-alimentaires, les matériels électroménagers, les voitures, les programmes audiovisuels, les lois et la Constitution, la langue officielle etc. point de certificat de divorce ! 

Pire, l’industrie agroalimentaire (chasse gardée des dynasties sénégalo-libanaises), qui devait être le porte-étendard de l’indépendance est défaillante de par ses mauvais produits dont la qualité laisse désirer. D’où l’importation de produits « Made in France », « Made in China », « Made in India », « Made in Italy » et « Made in Morocco » ou « Made in Turkey » qui inondent les rayons de boutiques et supermarchés. Cela concerne aussi bien du lait que de la moutarde, des olives, des lentilles, de l’huile, du sucre, du fromage, des pâtes, des pois chiches, des haricots etc. Même les cure-dents sont importés ! Que d’occasions ratées et de rendez-vous manqués dans la politique de l’autosuffisance alimentaire ! Ou, tout simplement, dans l’industrialisation de substitution aux importations. 

Malgré les nombreux efforts du gouvernement visant à développer les cultures vivrières locales, pratiquement toutes les céréales de grande consommation sont importées (riz, mais, mil etc.) pour combler le gab. De là, Dame République n’a jamais cessé de déplorer la paresse de ses 16 millions d’enfants qui sont des bras valides disposant d’immenses étendues de terres cultivables et d’abondantes réserves d’eau dans la vallée du fleuve Sénégal. D’où d’immenses possibilités d’irrigation. 

Le secteur de l’industrie textile n’en parlons pas puisqu’il subit de graves difficultés au point que presque toutes les entreprises ont fermé. Donc 62 ans après l’indépendance, le Sénégal continue encore d’importer du wax, du bazin, de la soie et du jetzner ainsi que des milliers de tonnes de friperie ou « feug diay » pour nous habiller ! D’autres domaines économiques comme la banque, l’assurance, les bâtiment et travaux publics (Btp) sont la chasse gardée des multinationales françaises, marocaines, turques, chinoises et indiennes. La Défense, une souveraineté ! 

On conviendra donc avec nous que l’inexistence d’un certificat de divorce industriel a fait basculer le Sénégal dans la dépendance vis-à-vis des multinationales étrangères. Et particulièrement celles de la France. En plus d’un demi-siècle d’indépendance, s’il existe un secteur clé où le Sénégal est vraiment indépendant, c’est bel et bien le domaine militaire. Une Armée qui a atteint l’autosuffisance logistique et opérationnelle (excusez-nous de l’expression) pour mieux jouir de sa souveraineté de feu afin de se faire respecter dans une sous-région secouée par des conflits armés, des actes de terrorisme et autres menaces transfrontalières. 

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Cette autosuffisance sur le plan militaire s’est traduite par l’exportation de nos produits dits « Jambaars » vers différents théâtres d’opérations. Aussi bien sous la bannière de l’Onu, de la Cedeao ou de l’Union Africaine, l’Armée sénégalaise a toujours répondu présente en toute souveraineté, en toute indépendance. Il nous plait de rappeler ce que nous disait l’alors ambassadeur représentant permanent de notre pays aux Nations-unies lors de notre passage (votre serviteur) au siège de l’Onu, à New-York. 

Son Excellence Fodé Seck nous disait que la diplomatie sénégalaise, par le biais de nos « Jambaars », est une importante pourvoyeuse de recettes de notre pays. « Rien que l’envoi des troupes ou casques bleus sénégalais engendre, chaque année, plus de 40 milliards FCFA de recettes au profit du Trésor. Ces sommes sont des compensations ou remboursements versés au Sénégal comme tout pays contributeur de Casques bleus pour les frais d’entraînement, d’équipement, de transport et de primes d’expatriation après chaque opération extérieure. Et les soldats engagés sont les plus grands bénéficiaires de ces fonds du fait que les primes Opex (opérations extérieures) leur permettent d’accroître leur pouvoir d’achat. Ou d’améliorer leur santé financière comme aiment le dire les soldats » se félicitait l’ambassadeur Fodé Seck. 

Au soir du 04 avril 1960, c’est dans la ferveur, l’enthousiasme et l’allégresse, le cœur empli d’un immense espoir que le Sénégal accédait à l’indépendance. Ce, après des siècles de colonisation marquée notamment par les travaux forcés, la déportation, la matraque coloniale ainsi que la scolarisation de quelques élites, en particulier les fils de chefs de canton et autres chefs de gare. En 1960, donc, les Sénégalais devenaient enfin maîtres de leurs destinées. Une indépendance dans la dépendance comme l’avait prédit le général De Gaulle. Sauf dans le secteur de la Défense. 

Vive l’Armée et ses 62 ans de défense de l’intégrité du territoire ! Vive la Jeunesse et ses 62 ans de « niakhtou » ! Dewenati à tous nos compatriotes ainsi qu’aux hôtes étrangers qui vivent parmi nous… 







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