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L’indÉpendance Du SÉnÉgal, Ce N’est Pas Le 4 Avril Mais Bien Le 20 AoÛt 1960

L’indÉpendance Du SÉnÉgal, Ce N’est Pas Le 4 Avril Mais Bien Le 20 AoÛt 1960

Après l’adoption de la loi-cadre Defferre du 23 juin 1956 et la disparition de l’Afrique Occidentale française (AOF) mais aussi de l’Afrique-Équatoriale française (AEF), le débat sur le fédéralisme divise la classe politique africaine. Ainsi, lors du congrès du Rassemblement démocratique africain (RDA), tenu au collège technique de Bamako entre le 25 et le 30 septembre 1957, Félix Houphouët-Boigny et la section ivoirienne du parti défendent contre le reste des cadres une indépendance de chaque pays africain vis-à-vis des autres. Et non dans un cadre fédéral !

Le 15 février 1958, les partis africains réunis au palais Bourbon à Paris refusent de s’unir sous la bannière du RDA et fondent à Dakar le 28 mars, face au RDA, le Parti du regroupement africain (PRA), partisan d’une unité fédérale africaine. Le 5 avril suivant, les élus du RDA au Grand Conseil votent en faveur de la création d’un exécutif fédéral, suscitant la colère de la Côte d’Ivoire, mais obtenant le soutien du Guinéen Sékou Touré.

Arrivé au pouvoir en mai 1958, Charles de Gaulle met sur pied, avec Félix Houphouët-Boigny la Communauté française, unissant la France et ses anciennes colonies sans satisfaire pleinement les nationalistes africains, qui réclament l’indépendance totale et immédiate lors du congrès du PRA des 25, 26 et 27 juillet 1958 au centre international Unafrica de Cotonou.

À la conférence de Bamako des 29 et 30 décembre 1958 initiée par Gabriel d’Arboussier, les représentants du Sénégal, de la République soudanaise (actuel Mali), de la Haute-Volta (actuel Burkina Faso) et du Dahomey (actuel Bénin) écrivent l’acte de naissance de la Fédération du Mali, suivi le 14 janvier 1959, au palais du Grand Conseil de l’AOF, par la tenue de l’Assemblée constituante de la nouvelle fédération. Celle-ci est ouverte par le discours du sénateur-maire de Dakar, Lamine Guèye : « Notre réunion, dans cette salle des délibérations du Grand Conseil, est un acte de foi dans le destin d’une Afrique forte de l’union de tous ses membres sans discrimination d’aucune sorte ». Mahamane Alassane Haïdara prend ensuite la parole au nom de la République soudanaise, suivi de Maurice Yaméogo, président de l’Assemblée constituante de Haute-Volta, et du Sénégalais Léopold Sédar Senghor, qui évoque un Commonwealth à la française. Le président de l’Assemblée constituante fédérale est le Soudanais Modibo Keita, ses vice-présidents Maurice Yaméogo et Louis Guillabert.

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L’éphémère existence de la Fédération du Mali

Présentée par Doudou Thiam, la constitution de la Fédération est approuvée à l’unanimité par les 44 délégués des 4 États le 17 janvier 1959, puis adoptée par les Soudanais et les Sénégalais les 21 et 22 janvier, alors que la Haute-Volta et le Dahomey se retirent, dissuadés par la France et par la Côte d’Ivoire qui crée avec eux le Conseil de l’Entente. Le 4 avril suivant, Senghor préside l’Assemblée fédérale du Mali qui modifie la constitution fédérale et désigne le président, le Soudanais Modibo Keïta, et le vice-président, le Sénégalais Mamadou Dia, du gouvernement fédéral, formé le 15 avril, avec quatre ministres de chacun des deux pays membres. Le 15 mai 1959, de Gaulle reçoit Keïta à l’Élysée et reconnaît la fédération du Mali au sein de la Communauté. Puis, le président français répond favorablement ; le 13 décembre devant l’Assemblée fédérale siégeant à Dakar, à la requête de transfert des pouvoirs de la Communauté à la Fédération formulée le 29 septembre précédent. Les négociations ouvertes à l’hôtel Matignon le 18 janvier 1960 aboutissent à la signature, le 4 avril, des accords sur l’indépendance de la Fédération du Mali, proclamée officiellement le 20 juin 1960 à minuit à l’Assemblée fédérale, par son président Léopold Sédar Senghor.

Durant l’été, les dissensions entre Sénégalais et Soudanais se font jour sur leurs conceptions politiques et les nominations. Puis, le 18 août 1960, sur ordre de Keïta qui n’en n’informe pas Dia, le colonel Soumaré, chef des forces armées, mobilise les unités de l’armée malienne stationnées à Podor et Bignona pour sécuriser le prochain scrutin présidentiel, les Soudanais craignant une sécession des Sénégalais, qui eux, redoutent un coup de force soudanais.

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Le Conseil des ministres extraordinaire du lendemain, en présence d’un seul ministre sénégalais, décharge Dia de ses fonctions et décrète l’état d’urgence. En réponse, Senghor et Dia, soutenus par la gendarmerie dirigée par les Sénégalais, font arrêter le colonel Soumaré le 20 août par le commandant de la Garde républicaine sénégalaise. Le soir même, les députés sénégalais votent l’indépendance du Sénégal et l’état d’urgence, faisant reconduire le lendemain à la frontière Modibo Keïta et les représentants soudanais présents à Dakar dont le colonel Soumaré qui a été libéré. Le 22 septembre, Modibo Keïta proclame l’indépendance de la République soudanaise qui devient la République du Mali.







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