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Galsen OÙ Es-tu ?

Galsen OÙ Es-tu ?

Aussi patriote qu’on soit, il n’est pas agréable dans certains cas d’entendre parler de son pays. Le réflexe instinctif aidant, on a alors envie de se boucher les oreilles ou, à défaut, de se pincer très fort pour se rendre compte qu’on parle de notre si cher Sunugal. Ce pays de Ndiadiane Ndiaye et de Lat Dior Ngoné Latyr Diop que pour rien au monde il n’est pas question de changer contre un autre Etat au monde.

Fugace, ce sentiment m’a pourtant habité ce mardi matin, quand à l’écoute de l’émission de RFI, « Appel sur l’actualité », j’ai entendu un Béninois qui vit au Sénégal depuis 17 ans dire que sa femme a préféré retourner dans son Bénin natal pour y accoucher, dépitée qu’elle était par les brimades reçues dans un réputé centre de santé de Dakar, lors de ses visites prénatales. Selon le mari, quand madame gémissait de douleur, des sages-femmes lui lançaient, entre autres remarques de mauvais goût : « Vous êtes mariée, non ?’’.

Le monsieur s’en est arrêté là, mais, moi en bon Sénégalais « dek ci dekbi », j’ai compris que si sa pauvre femme a préféré fuir Galsen pour mettre ailleurs au monde son bébé c’est qu’elle en a entendu des vertes et des pas mûres sur son manque de courage à assumer jusqu’au bout la responsabilité qu’elle a prise de se donner à son mari jusqu’à ce que « wan leket » s’ensuive… Pauvre de moi qui croyais révolue l’époque des salaces allusions à la luxure, déversées par des sages-femmes sur des parturientes souffrant le martyre et ne sachant à quel disciple d’Hippocrate se vouer !

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Dix ou vingt ans après, les lignes ne semblent pas avoir bougé dans les structures sanitaires sénégalaises où le personnel d’aujourd’hui continue d’afficher certaines tares de ses devanciers. Au témoignage du Béninois vivant parmi nous, il convient d’y ajouter les affaires Astou Sokhna de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga, Diarry Sow de l’hôpital El Hadj Ibrahima Niass de Kaolack et des quatre nourrissons brûlés vifs de l’hôpital Magatte Lô de Linguère pour se convaincre que quelque chose fait vraiment défaut chez le personnel soignant de notre pays.

On ne dirait pas « dagnuy yok stress », mais c’est tout comme. Combien d’entre nous prions de ne pas tomber malades pour n’avoir pas à se rendre dans les hôpitaux, histoire non pas de payer cher une consultation ou une ordonnance, mais de recevoir un mauvais accueil de la part d’un personnel dont l’indifférence de certains agents vous donne envie de retourner à la maison pour cuver tout seul votre mal ? Quand à la réception une jeune fille penchée sur son portable répond à peine à votre salutation avant de vous indiquer vaguement le service habilité à vous recevoir, d’autres agents rencontrés en chemin vous guident du menton avant de s’en aller furtivement.

Si après avoir poireauté longtemps devant la porte du cabinet médical qui s’ouvre à intervalles réguliers devant le va-et-vient d’agents sanitaires insensibles à votre douleur qui vous force à des contorsions sur un rude banc d’attente, il vous faut ensuite endurer les railleries de votre agent soignant ; alors la coupe s’avère pleine. Soit, si on a les moyens, on change d’hôpital ou de centre de santé comme la Béninoise, soit, par « gnak péxé », on s’en remet à Dieu en gobant toute honte bue les quolibets et mauvais traitements de certaines blouses blanches.

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C’est ce qui est presque arrivé dans les douloureuses affaires précitées et que seuls ceux qui sont dotés d’une courte vue ou sont habités par une mauvaise foi expliquent par le dénuement de nos structures sanitaires ou le mauvais traitement salarial du personnel soignant. Trop simpliste !

Plus que ces problèmes de « pacana », il se pose un problème d’humanité, de savoir-vivre et de savoir-être dont le manque rabaisse au niveau presque de l’animal toute personne qui en souffre, puisse-t-elle détenir la connaissance la plus pointue.

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », a-t-on l’habitude dire en ressassant tel un perroquet cette belle formule de Rabelais, sans en mesurer la portée encore moins la faire sienne. Le personnel soignant n’est pas seul indexé du doigt car, partout où vous allez au Sénégal, l’indifférence et l’égoïsme sur fond d’un narcissisme de mauvais aloi sont de mise. Au détriment d’autrui dont on a que faire de ses « jafé jafé ».

On est en droit de s’alarmer quand dans une société comme la nôtre on se jette à corps perdu dans le travail ou ce qui s’en apparente dans l’unique souci de se remplir les poches, quitte à piétiner sans états d’âme les plus mal lotis d’entre nous.

Décidément, il y a de quoi emprunter à Diogène sa lampe pour aller, en plein jour, à la recherche de notre cher et vertueux Sunugal…







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