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Un Grave Acte Terroriste

Un Grave Acte Terroriste

Les arrestations effectuées par les Forces de défense et de sécurité, avant la manifestation interdite de la coalition Yewwi askan wi (Yaw) du 17 juin, ont le mérite d’éclairer, au fur et à mesure que l’enquête se poursuit, d’une entreprise visant à s’attaquer à des infrastructures vitales au Sénégal. Une telle situation, assez inédite dans l’action politique sous nos cieux, ne saurait être négligée pour ce qu’elle représente comme menace à l’ordre public et à la stabilité. Il ne peut être oublié le précédent de 1998 avec des syndicalistes autour de Mademba Sock, qui avaient orchestré un sabotage des installations de la Société nationale d’électricité face à un projet de privatisation. C’est toutefois une première de voir une action aux relents politiques tenter, par la terreur, de mettre à genoux le réseau électrique malgré toutes les sombres conséquences.

Si l’on en vient dans l’action politique à penser à saborder des infrastructures vitales comme des installations de la Senelec, on ne peut s’empêcher de croire que le fond n’est plus loin dans cette logique de détricotage du tissu de stabilité sur lequel repose le Sénégal. L’enquête de la Sûreté urbaine suit son cours avec l’arrestation des principaux membres du commando dénommé la «Force spéciale», mais le coup de filet ayant permis de saisir un arsenal fait de cocktails Molotov, herses, masques à gaz, fumigènes, armes blanches et produits chimiques, en dit long sur les desseins troubles d’une opération heureusement tuée dans l’œuf. Les révélations de personnes arrêtées dans ce commando, avec comme projet de s’attaquer à la centrale d’électricité du Cap-des-Biches ainsi que leur modus operandi après avoir brûlé un poste électrique de la Senelec sur la sortie 10 de l’autoroute à péage, sont assez graves. Elles incitent surtout à de la vigilance sur les infrastructures critiques que compte le Sénégal et dont la mise à l’arrêt aurait de fâcheuses conséquences.

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Les infrastructures critiques ou vitales sont tous les édifices qui, par leur fonctionnement, sont essentiels à l’activité humaine. Leur spectre est assez large, mais on peut citer toute activité essentielle à la marche d’un pays, au confort des populations et au maintien des capacités de sécurité. Cela va de l’approvisionnement en énergie à celui en eau, en passant par les télécommunications, les services bancaires, les transports et l’alimentation. 

Le Sénégal dispose au stade actuel, d’un plateau d’infrastructures vitales dont la paralysie pourrait être source d’instabilité ou mener au chaos, de surcroît si les dommages venaient d’initiatives terroristes et déstabilisatrices. Que ferait-on si un jour, un blackout énergétique se produisait avec un réseau électrique hors service ? Que dirait-on si les circuits de distribution d’eau de nos centres urbains étaient paralysés ? Les actes de vandalisme commis le mois dernier sur le tracé du Train express régional (Ter), avec le sectionnement d’un câble et les perturbations subséquentes, laissent présager le pire si une attaque visait un tel système de transport.

A l’échelle internationale, la protection des infrastructures vitales est un enjeu majeur sur lequel les Etats ne badinent plus. Aux côtés des menaces physiques, l’essor des technologies a multiplié les risques potentiels, avec une cybercriminalité faisant des infrastructures vitales les cibles privilégiées pour mettre à genoux les Etats. Les attaques contre le réseau texan d’oléoducs opéré par Colonial Pipelines ou celles contre les installations du producteur d’énergie SolarWinds sont des exemples récents d’opérations subversives contre des infrastructures vitales donnant une mesure du phénomène. Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies est monté au créneau en 2017 face à cette nouvelle donne, en invitant les Etats par la résolution 2341, à faire de la protection des infrastructures vitales un enjeu majeur de sécurité nationale. 

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Le Sénégal, dans son arsenal juridique, a pris en charge, dans la loi modifiant le Code pénal sur les actes terroristes en 2016, la question de la protection des infrastructures vitales. Il aurait été impossible sans une telle réforme, de qualifier les actes subversifs orchestrés par le commando funeste qu’est la «Force spéciale». Dans un monde changeant, on ne peut s’empêcher d’anticiper sur les potentiels facteurs de crise. La marche vers le progrès et le démarrage des activités dans des secteurs nouveaux pour notre pays comme l’exploitation des hydrocarbures poseront des défis certains pour la protection des diverses installations et des réseaux d’acheminement. Ce n’est vraiment pas face à un tel tournant que le Sénégal a besoin de groupes domestiques œuvrant à créer du chaos par des actions terroristes et subversives.

Il peut être vrai que le chaos soit une échelle pour des politiques opportunistes afin de se propulser. Il y a tout de même un sacré questionnement, malgré le concert de casseroles, que pose l’ambition de vouloir servir un pays et ses populations tout en cherchant à mettre à genoux ses infrastructures vitales. Ce ne serait pas une première qu’on brûle tout, quitte à régner sur des cendres. C’est peut-être ça l’amour vache ou fou (pour sa Patrie) !







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