La défaite aux dernières Législatives en France était prévisible. Je me suis toujours posé la question suivante : est-ce que l’Apr est faite pour vivre longtemps ou pour survivre à son fondateur ? Après la victoire de Macky Sall en 2012, tous les responsables politiques de France, qui ont obtenu des postes de responsabilité au sein du gouvernement ou dans les directions, ont abandonné leurs sections sans prendre de nouvelles. Ils ont tout simplement déserté. Au référendum de 2016, il y avait un taux de participation un peu faible. Et on croyait qu’aux élections législatives, ça allait être pareil. Mais c’est différent. Lors de la Présidentielle 2019, avec le coordinateur Hamet Sarr, le moral de beaucoup de responsables était dans les chaussettes. Après avoir dépensé toute leur énergie, jour et nuit, sous la pluie ou la neige, sans fonds politique, ni aide, ni même remerciements, ces responsables ont perdu toute motivation. Quelques mois après la victoire, personne n’osait plus convoquer à des réunions.
En France, c’est un sérieux problème d’organisation du parti auquel nous faisons face. Par exemple, la réinstallation des coordinations était un peu difficile parce que les gens n’étaient plus motivés. Les coordinateurs des départements en général, qui n’ont pas abandonné le parti, ont été choisis par d’autres responsables sans problème. Mais après, il n’y avait pas de suivi, car ils n’ont pas été intégrés dans les instances du parti. Personne ne sait pourquoi d’ailleurs. Toutefois, tout le monde admet que ce n’était pas juste. La Dse n’écoute pas les frustrés, ne règle pas les conflits, ne cherche pas à ramener les mécontents. Ils ont fermé leurs yeux et ne rencontrent personne pour améliorer la situation. Les investis comme Sidy Kane sont comptables du bilan de l’équipe de Hamet Sarr et Malick Gaye. Ils ont tué le parti en France.
L’autre problème qui a provoqué la désaffection du parti en France ? Ceux qui gèrent notre parti ici sont tous ou presque originaires de Kanel : il y a Talla Daff, coordinateur de la Dse, Sidy Kane, chargé d’organisation, Badou Sow, coordinateur Bby et désormais consul à Mantes-la-Jolie et chargé des élections, Souleymane Diallo, chargé des élections et investi député. Je trouve problématique cet organigramme du parti en France. Cette situation n’encourage pas ceux qui se tuent pour aider le Président Macky Sall.
Je suis en droit de poser ces questions car je suis membre fondateur de l’Apr. Dans la commune de Bokidiawé, située dans le département, Mama-dou Baïla Kane, Astel Sall et moi-même avons mis en place toutes les structures du parti. A l’époque, ce n’était pas une mince affaire, car le Pds était au sommet de l’Etat. Maintenant, d’autres personnes, avec leurs fortunes, sont venues récupérer le parti et nous manquent de respect.
Aujourd’hui, le plus grand problème de l’Apr reste le manque d’organisation.
Quand le Président Macky Sall est venu en France, il devait nous recevoir en audience le samedi 13 juin. Ce rendez-vous était bien sûr programmé, mais nous n’avons pas pu le voir. Ce jour-là, j’ai vécu de l’intérieur ce désordre qui est inacceptable. Il n’y a pas de planning. On est restés assis jusqu’à l’annonce de son départ pour l’aéroport. C’était pénible.
Aussi, il y a les erreurs de ses proches comme Farba Ngom et d’autres. Cette histoire de vol présumé d’une somme astronomique chez lui est tombée au mauvais moment. Interrogé sur l’origine de l’argent, il répond sèchement : «Je ne dois pas de l’argent.» Quelle arrogance ! Alors que tu pouvais simplement dire que c’est l’argent du parti que tu dois donner aux coordinations à l’extérieur ou à l’intérieur du pays. Comme toujours, il montre son mauvais comportement. Il parle comme il veut, mais il oublie qu’il abîme aussi l’image du Pré¬sident, parce qu’il il a sa con¬fiance.
Quand certains responsables à Dakar ne peuvent même pas rencontrer des ministres ou directeurs généraux, ceux qui y arrivent doivent surmonter énormément d’obstacles. Pour être tranquille, je ne cherche à voir personne. Après la défaite en France, le Président Macky Sall, que je soutiens depuis 2004, doit revoir le fonctionnement de son parti, le choix des hommes qu’il responsabilise. En regardant la situation, je me demande s’il a de bons conseillers.