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La Pluie Du Matin N’arrÊte Pas Le PÈlerin

La Pluie Du Matin N’arrÊte Pas Le PÈlerin

La pluie est ce qui lie le ciel et la terre. Elle est bienfaitrice dans un pays sahélien comme le nôtre. La sécheresse qui nous étrangle depuis un demi-siècle a fait d’énormes dégâts. Au-delà de l’exode rural et la mort des écosystèmes, les déficits de précipitations sont comme un poison lent qui liquéfie l’âme de nos terroirs. La pluie est au rendez-vous en 2022. Il faut rendre grâce à Dieu. C’est une bénédiction que d’avoir à respirer aussi fréquemment l’odeur de la terre humide après une bonne pluie. Les contrées arides sont de plus en plus inhabitables. Les réfugiés climatiques n’y restent pas.

Dire que Dakar est en passe d’être inhabitable n’est du catastrophisme. La capitale souffrait déjà de macrocéphalie. Aujourd’hui, elle est violente et horriblement mécanisée. C’est le bilan affligeant du manque de méthode et de sérieux des gouvernements successifs. Les inondations qui s’ajoutent à ces déconvenues sont la conséquence immédiate d’un climat d’anarchie et d’un système de malversations qui ne datent pas d’aujourd’hui. Le programme décennal qui aurait coûté près de 800 milliards a dû avoir quelques impacts sur les torrents d’eau. Mais l’opacité dont il est imprégné est susceptible de foirer les plans les plus minutieux. Sans rigueur, on se plante souvent. Et sans être expert, il est facile de voir à l’œil nu l’état épouvantable de l’assainissement global.

Le pays n’est pas assaini. On n’en prend pas le chemin au rythme où vont les choses. Les mœurs se délabrent chaque jour. Les politiciens sont des spécimens décevants. Ils ne connaissent pas le compromis qui est une nouvelle forme de noblesse. Ils savent plutôt se compromettre en donnant l’image de rentiers en cette veille de rentrée parlementaire. Que les villes et bourgades du Sénégal en soient à l’eau et au pain sec ne coupe pas les appétits pour la dégustation des postes juteux. Les politicards se serviront de l’Assemblée. Il n’est pas certain qu’ils la servent honorablement.

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Le service présidentiel, c’est aussi de la servitude quasiment. Monsieur le Président le sait. La crise multiforme catapulte son narratif. Avec le temps, la baraka s’étiole. Est-il tenté de faire du neuf avec du vieux en désignant un Premier ministre dont l’étoile a pâli ? Ce n’est pas ce que veulent les Sénégalais. Ils espèrent que le chef de l’Etat fasse le ménage. Qu’on arrête de brouiller les pistes. Qu’on ferme cette parenthèse d’apathie beaucoup trop longue. Les gens ont eu assez de temps pour réfléchir. Face à la déconfiture sociale, on ne peut plus donner du temps au temps en se vautrant dans le silence. Le monde entier est sur une pente glissante par le fait d’une accumulation de mauvaises politiques. Ce monde déboussolé a soif de nouveaux pèlerins que la pluie ne dissuade pas. Des géants qui traversent les paysages sans les abîmer, sans être « maîtres et possesseurs de la nature ». La certitude de Descartes était une folie et une arrogance. Pour être grand, il faut apprendre à être petit. L’humilité, c’est le vêtement des grands. Un pèlerin n’est pas un philistin.







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