Eh oui, nous en avons reçu une. Nous sommes restés grogy, les yeux hagards en nous demandant bien sûr comment cela a-t-il pu arriver, en ce lieu hautement symbolique qui a vu et accueilli des face à face épiques entre Abdourahim Agne, alors président du groupe parlementaire du PS et Me Ousmane Ngom du PDS, dans l’élégance du verbe, mais surtout dans la farouche adversité politique.
Comment en est -t-on arrivé là ? On a tendance à demander aux sociologues et anthropologues de nous aider à comprendre, mais les historiens principalement doivent contribuer à éclairer la lanterne des sénégalais, car ce phénomène de violence sous toutes ses formes n’est pas le fruit du hasard. Il est le résultat d’un construit qui n’est pas sorti de l’imaginaire de quelques énergumènes incultes voir de parvenus qui cherchent leur place dans l’espace publique. Fort justement l’opinion s’émeut, condamne et certains, avec un cynisme politicien teinté d’hypocrisie, se mêlent à la meute pour vociférer, alors qu’il ya eu d’autres occasions pour manifester leur répulsion, si tel est le cas, des pratiques que toute société civilisée abhorre.
Cette émotion sélective n’a pas droit de cité chez nous, elle affaiblit la quête de justice pour tous au nom de l’égale dignité due à tout le monde. Disons le tout net la députée Ami Ndiaye, a usé d’un registre du langage propre à nos pratiques communicationnelles, notamment chez les femmes ; c’est le « garouwalé », sauf que celui est visé n’était pas un acteur du débat, ni n’était présent soit. Il n’y avait pas de quoi fouetter un chat.
C’est vrai l’effet amplificateur des réseaux sociaux alimentés par les parlementaires eux-mêmes, parfois pour leur propre gloriole, ou pour faire plaisir au Prince, a fini de faire de l’Assemblée Nationale une sorte de grand’Place où les foires d’empoigne se substituent aux débats, et sont vécues en direct par une meute de supporters qui inondent les groupes whatsap et autres de commentaires, les unes les plus dithyrambiques que les autres, exaltant la violence verbale, et appelant à en découdre
Nul n’est épargné, au grand préjudice du débat parlementaire ou les parole dénuées de sens, les invectives et injures sont relayées à longueur de journée par les parlementaires eux-mêmes à la faveur de leur page Facebook ou de leur groupe Whatsap. C’est ça la nouvelle donne.
La Presse voit ainsi son agenda « cannibalisé » par la surenchère et la politique spectacle, qu’elle relaye malheureusement.
Il faut dire que tout le monde sait que ce n’est pas un épiphénomène. Le processus a commencé depuis le régime de Wade au cours duquel on se souvient que le Député Me Elhadj Diouf a été boxé par un autre de ses collègues Famara Senghor. Le « massla » s’était imposé il n’en est rien suivi. Ce qui se passe aujourd’hui est le reflet de notre société, ou bien du projet de société que l’on veut nous imposer. Ou la dispute supplante le dialogue, le tiraillement, l’échange et enfin la concurrence, l’adversité frontale, l’envie d’en découdre.
La logique de la banalisation dans laquelle s’engouffrent certains voudrait qu’on n’ait pas à avoir honte de la grosse balafre sur le visage de notre pays, car il ya pire ailleurs. Non !
C’est vrai ceux qui ont été envoyés au Parlement sénégalais l’ont été soit par défaut, soit dans le but d’installer une zone de non droit dans une haute institution. Ce qui à mon avis est une grosse hérésie.
En faisant en sorte que les figures emblématiques de l’opposition réunies soient exclues de l’Assemblée nationale du fait de procédures électorales qui, le moins qu’on puisse dire, étaient biaisées. On savait bien que le résultat ne serait pas un clean sheet ; et ce n’est pas fini.
Il faudra s’attendre dans les prochaines semaine à l’escalade, car chacun joue à se faire peur et les extrémistes de tous bords sont dans leur univers ou tous les ingrédients sont réunis pour la « casse ».
Il n’est nul besoin d’entrer dans le détail du cocktail explosif sur lequel est installé notre pays par le faute de gens qui n’ont aucune responsabilité. Hélas des personnalités comme Alioune TINE n’arrêtent pas d’ALERTER par les attaques dont il est injustement victime. Les ressorts sociaux de l’apaisement sont piétinés et malheureusement les voix audibles sont celles qui sont dans les secteurs qui d’ailleurs sont en ébullition, ou dans les réseaux sociaux
Il est temps de siffler la fin de la récréation avant que le train ne siffle trois fois pour reprendre le titre du film de Gary Cooper « quand le train sifflera 3 fois.
Mamadou NDAO
Liberté 6, Dakar