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Le Monopole Relationnel De Macky Sall CassÉ Sur L’axe Paris-dakar

C’est notre confrère « Le Monde » qui nous l’apprend : Nadège Chouat, numéro deux de la Cellule africaine de l’Elysée (Cellule Afrique), s’est entretenue pendant deux bonnes heures environ avec le chef de l’opposition sénégalaise Ousmane Sonko le 23 mars dernier à Dakar. Le président du parti Pastef-Les Patriotes a encore dénoncé devant son hôte la nécessité de réformer le caractère « asymétrique » des relations entre la France et le Sénégal pour les rendre plus équitables.

 

Le 9 mars dernier, sept leaders de l’opposition dont Ousmane Sonko ont été reçus par les ambassadeurs de l’Union européenne – dont le Français Philippe Lalliot – au siège de la Délégation de l’UE. Cette rencontre faisait suite à un coup de gueule du même Sonko reprochant  à l’UE et à d’autres représentations diplomatiques leur frilosité à prendre langue avec l’opposition sénégalaise. Plus énigmatique par contre est ce rendez-vous organisé au début de cette année entre des agents des services de renseignements français et l’opposant sénégalais à Ziguinchor, ville du sud dont il est le maire, ajoute le journal.

Ces contacts divers entre Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle du 25 février 2024, et des émissaires français sont une brèche de taille dans le monopole relationnel dont disposait le président Macky Sall sur la ligne Dakar-Paris. Officiellement, l’axe Sall-Macron est toujours été d’excellente qualité, les deux hommes étant même assez familiers dans leurs échanges réguliers. A l’Elysée, le numéro 1 sénégalais est considéré comme un interlocuteur accommodant, regardant sur les intérêts économiques, financiers et stratégiques de la France au Sénégal. Dans le fragile contexte sécuritaire ouest-africain, il est vu comme un élément stabilisateur fiable de ce qui reste du fameux pré-carré français.

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Candidature « hypothétique »

 

Néanmoins, au nom du principe « les hommes passent, les institutions restent », l’Elysée ne veut rien s’interdire en termes d’options pour le futur. Il se prépare à toutes éventualités d’autant plus que la candidature du président Sall reste « hypothétique », selon le mot de la porte-parole du Quai d’Orsay. Le futur président sortant va devoir faire face à de nombreux barrages de la part des partis politiques et des mouvements de la société civile sénégalaise s’il décidait de franchir le Rubicon et son potentiel de violences. En 2011-2012, dans une posture à peu près similaire, son prédécesseur Abdoulaye Wade avait choisi le passage en force avec l’appui du conseil constitutionnel pour briguer en vain un troisième mandat. Derrière lui, une quinzaine de morts lors de manifestations diverses contre sa candidature auxquelles… Macky Sall avait pris une part active.

 

Ousmane Sonko – en attendant que son horizon judiciaire s’éclaircisse ou s’obscurcisse – est donc devenu un interlocuteur important, pour ne pas dire incontournable, sur l’échiquier politique sénégalais, en dépit d’une posture indépendantiste et souverainiste qui ne plaît pas forcément à Paris. Mais la France a-t-elle le choix de ses partenaires (futurs) dans un pays comme le Sénégal où le phénomène Pastef a radicalement fait basculer le rapport de force politique en s’appuyant sur une jeunesse revendicatrice d’un rééquilibrage substantiel et global de la coopération avec l’ancienne métropole ?

 
Neutralité dynamique

 

Aujourd’hui, c’est en pleine tempête politico-judiciaire que l’Elysée multiplie les contacts informels avec le leader de l’opposition sénégalaise, mais aussi avec la présidence sénégalaise. Sur son compte Twitter, l’avocat franco-espagnol Juan Branco révèle que des émissaires de l’Elysée et du Quai d’Orsay ont effectué une mission secrète auprès du président sénégalais quelques jours avant le procès en diffamation intenté contre Sonko par le ministre sénégalais du Tourisme le jeudi 30 mars. Branco qui devait faire partie du pool défense de l’opposant a été rapatrié à Paris sitôt après avoir débarqué à Dakar pour des propos jugés irrespectueux envers le chef de l’Etat sénégalais. Macron voulait-il signifier à Sall une ligne rouge à ne pas franchir dans ledit procès ?

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En parlant « avec tout le monde » tout en restant à équidistance des acteurs politiques concurrents, la France ne souhaite clairement pas insulter l’avenir, soucieuse juste de préserver des intérêts et de l’influence au Sénégal. Ce que l’Elysée appelle « neutralité ». Mais avec les incertitudes politiques et judiciaires au Sénégal, cette neutralité semble plutôt dynamique. Elle s’active en secret à travers une diplomatie d’anticipation prête à composer avec la mouvance politique que les Sénégalais se donneront eux-mêmes en février 2024.







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