La prise de conscience de la dangerosité vénale irresponsable du règne finissant de Macky/APR/BBY vient d’être encore manifestée par la pétition contre la répression et le non-respect des droits des citoyens et l’instrumentalisation de la justice intitulée «revenir à la raison» signée par 104 plus 1 (Ngugi Wa Thiongo) écrivains, universitaires et citoyens d’Afrique. Mais une autre dimension de cette agonie du présidentialisme autocratique au Sénégal est l’étalage de plus en plus flagrant de l’ethnicisme casamanphobe.
En effet, des plumes ethnicisées d’éditorialistes aux arrestations, aux disparitions, aux morts des répressions, à la gâchette facile à Bignona, aux offensives militaires récurrentes, aux emprisonnements d’écrivains, de journalistes et à l’instrumentalisation judiciaire, le voile opaque de la «sénégalité» des noms Diatta, Sagna, Bassène, Bodian, Diémé, Badji, Sané, Gomis, Coly, Mancabou, Correa, Preira, Sonko, etc, voire de la criminalisation impunie des tenues et autres aspects culturels cèdent de plus en plus sous les coups de boutoirs d’une inacceptable casamanphobie ethnicisée.
Ainsi des «forces», excusez, «farces spéciales» aux «commandos», la pluri-décennale rébellion casamançaise est convoquée directement ou indirectement, y compris par voie de judiciarisation, pour tenter d’exclure de la présidentielle du 25 février 2024, celui qui est Casamançais par son père et nordiste par sa mère. On cherche manifestement à susciter dans l’inconscient collectif des Diagne, Diop, Ndiaye, Guèye, Dieng, Ndoye, Mbodj, Sall, Sy, Ly, Kane, Dia, Diouf, Faye, Bathily, etc, la peur paranoïaque d’une prise de pouvoir présidentiel des «rebelles» (sic!), de feu l’Abbé Diamacoune, des Nkrumah Sané, Salif Sadio (resic!).
Sonko serait ainsi Sénégalais, oui, mais entièrement à part en raison de l’histoire du mouvement indépendantiste casamançais incarnée par la naissance du MFDC en mars 1947, 6 mois après le congrès fondateur du RDA à Bamako d’octobre 1946 en l’absence des «Sénégalais» Senghor/Dia/Lamine, mais en présence de son véritable fondateur «Sénégalo-Casamançais» Victor Diatta. Le «silence» et l’évitement plus ou moins collectif sur le réveil de la question nationale casamançaise à partir de décembre 1982 et la politique de l’autruche sur le vain traitement quasi-exclusivement militaire doublé de la généralisation ONGisée de la corruption ont constitué le terreau de l’aventure politique en cours d’une ethnicisation implicite de plus en plus explicite dans la perspective de la présidentielle 2024 à laquelle l’actuel président ne peut participer en vertu de l’interdit constitutionnel selon lequel «nul ne peut faire plus de deux mandats présidentiels consécutifs».
Si, comme le rappelait feu l’Abbé Diamacoune, «l’intégration» de la Casamance dans le Sénégal indépendant à travers la relation particulière entre le BDS de Senghor/Dia, puis l’UPS et le PS était un échec pour le MFDC, la candidature d’un fils, même à moitié, de la Casamance à la présidentielle 2024 est une opportunité dans la marche par étape vers l’unité démocratique africaine. Cette opportunité, même si elle ne suffit pas en soi à régler tout le contentieux historique de la douloureuse opposition fratricide, ne peut être sacrifiée sur l’autel de la pérennisation d’un pouvoir néocolonial libéral de plus en plus horsla loi enivré par la découverte de la manne potentielle en milliards de franc colonial CFA du pétrole, gaz, zircon, fer, etc.
La balkanisation coloniale et néocoloniale a été à la fois, dialectiquement, division et union forcées des nationalités africaines dans des territoires dont les frontières ont été tracées sans et contre les peuples d’Afrique. Voilà pourquoi la solution démocratique et donc juste est l’union libre des peuples libres d’Afrique selon la juste formule panafricaine et internationaliste des communistes Tiémoko Garan Kouyaté et Lamine Arfan Senghor dans les années 30. Nous devons appliquer à la question casamançaise l’approche démocratique qu’assure le principe constitutionnel de la laïcité en complément des mécanismes régulateurs internes propres à la cohabitation entre les Tarikhas confrériques et entre l’Islam et la Chrétienté en général dans notre pays.
Alors que les Wolofs, Sérères, Pulars, Soninkés, etc du nord du Sénégal ouvrent la bouche pour dire stop à la fascisation du régime autocratique présidentialiste de Macky/APR/BBY.
Diagne Fodé Roland