En attendant sans doute que la fumée se dissipe et que l’on sache ce qu’il y a derrière ce « baara yeggo », on ne peut s’empêcher de ressentir la détestation impression qu’on nous enfume ! Une fois de plus. Ces deux-là, larrons en foire, nous avaient bien entubés la première fois lorsque, alors que le Dialogue politique national présidé par le débonnaire Big Fam battait son plein, ils nous avaient révélé qu’ils avaient négocié pendant des mois et que leur deal avait abouti !
En échange de ses presque 21 % de suffrages obtenus durant la présidentielle de 2019, qu’il lui apportait, le président de la République nommait Idrissa Seck à la tête d’une institution dotée d’un budget de plusieurs milliards et lui offrait, cerise sur le gâteau, deux postes ministériels. Sur le plan purement arithmétique, avec 80 % des voix des Sénégalais, Macky pouvait gouverner tranquillement car ayant réussi à réduire l’opposition à sa plus simple expression. Il pouvait envisager 2024 avec sérénité puisque Idrissa Seck, qui devait lui succéder à cette échéance-là, couvrirait ses arrières. Et le tour serait joué ! Sauf que tout ne s’est pas passé comme prévu, les locales puis les législatives ayant fait apparaître l’effondrement de Rewmi dont le leader a même perdu son fief jusque-là inexpugnable de Thiès.
D’où la tentation du reniement du président par rapport au désistement en faveur d’Idrissa Seck et aussi par rapport au troisième mandat ! Surtout que nulle part dans les calculs n’était apparu ce diable d’Ousmane Sonko, surgi comme un grain de sable pour rendre immangeable le « Mbourou ak Soow » ! Comment donc liquider ce dangereux adversaire que les poursuites judiciaires et les complots ne font que rendre plus populaire et dont les fédayins sont prêts à tout brûler en cas de disqualification à la présidentielle de 2024 ? Il faut manœuvrer. Et à la manœuvre, justement, il y a Idrissa Seck. C’est en mission commandée qu’il s’est rendu à l’heure du laitier chez Ousmane Sonko le 30 mars où il a effectué la prière de l’aube après avoir prié la veille chez le président de la République avec ce dernier dans le rôle de l’imam pour le Maghrib et Idy dirigeant le Isha avec Macky derrière.
Une chose est sûre : c’est dans le cadre de ces manœuvres que se situe la déclaration de candidature du leader de Rewmi. Pour servir de leurre ou pour jouer le rôle de ballon de sonde ? Nul ne saurait répondre à cette question pour le moment. Nul sauf le président Macky Sall, Idrissa Seck et Abdoulaye Daouda Diallo ! Visiblement, seules ces trois personnes sont au courant de ce « deal » comme semble le laisser entendre le président du Cese qui a traité par le mépris les attaques dont il fait l’objet dans le camp présidentiel. On a tout lieu de penser que ceux qui attaquent Idy ne sont pas dans la confidence. Il est en tout cas significatif que seuls des insulteurs périphériques ont fait dessorties, les grosses caisses et autres barytons n’ayant pas été actionnés. Autrement dit, c’est louche qu’un responsable du camp présidentiel dise sa volonté de se porter candidat pour la mère des batailles en 2024 alors même pourtant que le chef de ce même camp piaffe d’y aller pour un « deuxième quinquennat », que ce même responsable disqualifie ce chef et qu’il ne se fasse pas agonir. Mieux, qu’il ait gardé son moelleux strapontin de président d’une institution aussi dotée budgétairement que le CESE ! Et aussi sans perdre ses ministres au Gouvernement !
En réalité, le simple fait qu’Idrissa Seck et son parti conservent tous ces strapontins et ne se soient pas fait insulter davantage — à preuve parle ton inhabituellement courtois du communiqué du secrétariat exécutif permanent de Benno hier — que les quelques banderilles qui lui ont été décochées, le simple fait aussi que le Président, plutôt que de rester à la maison pour y éteindre le feu qui brûlerait, soit allé l’âme en paix effectuer son petit pèlerinage, tout cela prouve à l’évidence qu’il y a un « deal » entre le président du Cese et le président de la République. Pour faire quoi ? On ne devrait pas tarder à le savoir ! Mais retenez-bien, encore une fois, que ces deux-là s’entendent comme larrons en foire ou comme… « Mbourou ak Soow » !