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Barth, Macky, Le Dialogue Et Consorts

Les choses se compliquent avec cette nouvelle configuration. En se rapprochant du Président, Barth pensait lui avoir offert une voie royale pour rempiler. Quant à lui ses dividendes étaient non négligeables : Fonder des espoirs de figurer dans un prochain gouvernement d’union nationale, se débarrasser de l’épée de Damoclès qui pèse au dessus de sa tête et se positionner en pole position pour …2029. Trop d’intérêts en jeu.

Il savait qu’en tirant sur Sonko, que lui et son nouveau compère faisaient coup double: Macky élimine Sonko par la justice et lui Bart « élimine » Khalifa en créant la zizanie dans Yewwi. Il a beau faire croire et jurer de tous ses dieux que son unique objectif est de rendre Khalifa éligible, on ne le croit pas un seul instant! Plus il l’affirme avec force d’ailleurs,moins on le croit. Même si participer à l’élection est une condition nécessaire, l’objectif ne se limite pas à ça. Il s’agit de gagner l’élection de 2024. Khalifa ne peut pas la gagner s’il n’a pas l’onction de Sonko. Khalifa le sait, Barth le sait et Macky le sait. Macky et Barth tirent les ficelles. Ils y ont intérêt tous les deux. Macky dans un horizon court terme, Barth dans un horizon long terme.

Macky suit  sa même logique triomphante: Eliminer d’emblée ceux qui pourraient gagner contre lui, Karim et Khalifa hier et Sonko aujourd’hui ; Introduire des candidats factices dans le jeu pour donner une coloration plurielle, retenir par le biais du parrainage les grogneurs et perturbateurs et enfin manipuler pour gagner au premier tour. Tel est le scénario rodé qu’il prévoit nous resservir.

Barth lui, pense se positionner pour le futur. Il sait que, de toutes façons, Sonko constituera un obstacle majeur devant lui pour les prochaines échéances électorales, autant l’éliminer dès àprésent. Un bon adversaire politique est un adversaire mort. Il sécurise son poste de maire de Dakar et peut être il pourrait même faire partie d’un gouvernement d’union nationale si Macky gagnait et, enfince dialogue dont il se dit l’initiateur, pourrait lui permettre de lever l’hypothèque relative à l’affaire judicaire qui pèse sur lui.

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C’est sur fonds de ce scenario hors norme que Barth est sorti du bois.Il a réservé ses critiques les plus acerbes à son compagnon Sonko, qui le fit pourtant maire et, à la surprise de tous, il a débordé envers le président Sall,qu’il tutoie en privé dira t-il, de civilités républicaines et d‘amabilités. Les opinions furent fondées : Barth a trahi Sonko. Sa sortie  musclée et surprenante de par son contenu, le jour du procès de Sonkoéclipsa la condamnation de ce dernier. Meilleur timing ne pourrait être mieux trouvé. Certains y virent une confirmation d’une trahison mûrement préparée.

Ce dialogue, dont il revendique la paternité, et dont on se demande à quel titre, restera bien dans le processus électoral en cours, une de ces taches qui, plus on la frotte plus elle reste visible.

Un dialogue pourquoi faire ? Pour l’opposition il serait simple : Sa finalité ultime visée serait de 2 ordres :

1) Une élection ouverte à tous ;

2) Une élection à laquelle ne participerait pas Macky Sall.

Macky est la seule personne àen détenirles clés. C’est lui qui détientet la clé de la participation des opposants et celle de sa propre participation. Il suffit qu’il autorise tout le monde à participer et qu’il dise qu’il ne sera pas candidat pour rendre caduc le dialogue. Dans ce cas les élections se dérouleraient normalement et, on s’occuperait de l’essentiel, à savoir des programmes des candidats et de l’évaluation de l’homme qu’il faut pour le Sénégal pour les années à venir. On voit bien que dans cette perspective, il n’ y a point besoin de dialogue car il n y a rien à échanger, ni àéclaircir.

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Si les tenants du dialogue pensent qu’ils imposeront dans ce cadre la non participation du président Sall aux élections, ils se leurrent, car Macky voudra obtenir quelque chose à la sortie d’un dialogue. Son plan est simple : Il voudra, dans une premier temps se représenter et gagner les élections, à défaut, s’il est empêché (car il pense que c’est possible) il faut que ca soit quelqu’un qui serve ses intérêts qui remporte la mise. Le dialogue n’est pour lui qu’un moyen au service de son plan. C’est le principal reproche qu’on lui fait. Cette incapacité à s’élever au dessus des petits calculs politiques de partis et de veiller à l’intérêt du Sénégal par dessus tout.

Rappelez vous qu’il a initié 3 dialogues depuis 2016 et il a toujours obtenu gain de cause, quitte à imposer sa volonté par des textes votés, au pas de course sans débat, par une assemblée à la botte. C’est d’ailleurs l’argument que lui opposentceux qui sont contre le dialogue. « Il faut mieux commencer par là où on finira » dit un dicton pulaar: Imposer d’entrée de jeu le rapport de force au Président Sall,qui ne semble comprendrehélas que ce langage. La forte mobilisation du F24 ce 12 Mai et la folle semaine qui s’entame avec le procès« Sweet Beauty » en ligne de mire seront des facteurs déterminants sur la tournure des affaires. Nous sommes sur la corde raide !

On ne peut hélas, s’en remettre à la sincérité du Président, comme le suggère Barth soudain reconverti,  car il ne l’est pas. On oublie bien vite que l’homme est un ancien trotskyste et que son ADN garde cette essence atavique qui impose toujours la mort de l’autre.Dans cette corrida qu’est ce milieu politique sénégalais, Il reste un picador impitoyable,juché sur son cheval de l’APR qui ne lâche pas sa cible. Ceux qui l’ont ignoré ont tous péri. Les cadavres politiques jonchent sa route.

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Cet homme est le roi du reniement.Comme disait Hugo à propos de Napoléon : S’il annonce une intention honnête, il faut prendre garde :« Je ne nommerai pas mon frère par décret »disait il, le voilà qui le bombarda patron de la caisse des dépôts et des consignations par décret ; « Je ferai 5 ans à la place de 7 ans « , le voilà qui, par un tour de passe passe changea un avis du conseil constitutionnel en directive à laquelle il ne put se soustraire et fit donc ses 7 ans; S’il affirme quelque chose il faut se méfier : En 2019, postulant pour un second mandat, il nous déclara : « Avec mon second mandat, c’est fini pour moi », le voilà qui balbutia « ni oui , ni non » à la lancinante question du 3 ème mandat, avant de transformer cette ambiguïté en quasi certitude de candidat à sa propre succession; Le voilà  encore qui refusa de signer la charte de la CDEAO contre les troisième mandats et qui nous envoya ses licteurs nous vendre le concept de deuxième mandat de 5 ans.

S’il fait un serment, il faut trembler : En mars 2021, parcourant les rues calcinées et fumantes de Dakar, théâtre d’affrontements entre les jeunes et les forces de l’ordre et ayant occasionné 11 morts, il fit le serment que l’on ne l’ y reprendrait plus. Il s’équipa en chars et en armes et prolongea la carrière des forces de l’ordre.

Voilà le personnage.

Qu’il se méfietoutefois,de cette jeunesse acquise à la cause de son principal opposant Sonko. Elle est résolue et sans espoir. Elle pourrait découper la lanière de sa selle de preux cavalier de L’APR et l’envoyerdans sa farouche chevauchée, valdinguer, babouches par dessus têteet mordre la poussière.

Dr C. Tidiane Sow,

Coach en Communication Politique

Notes :

Victor Hugo, Napoléon le petit, 1852







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