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Le Dialogue De L’exclusion

Dialogue dans la sérénité, belle utopie sous nos cieux qui permet de croire que de manière civilisée, des représentants du pouvoir et de l’opposition pourront expliquer et démontrer la pertinence de leur action, nourrir la réflexion sur ce qui fait avancer durablement notre pays et s’entendre sur des consensus forts !

Un pouvoir central qui mise sur la force

Le pouvoir tel qu’il se présente est appelé à mourir de ses propres leviers de domination. C’est un pouvoir qui prône l’exclusion en privilégiant la valeur marchande des citoyens à la place de leur valeur d’être. Son action se fonde sur la force: la force dissuasive fondée sur la peur, la force rétributive fondée sur la dépendance et la force manipulative fondée sur l’ignorance. Vivre dans une telle société pousse chacun à se défendre jusqu’au bout pour conserver sa valeur marchande. Il se dégage de cette peur une énergie de survie (pour sa propre valeur marchande) qui est le pétrole de la structure du pouvoir. Le producteur produit au point d’en perdre sa santé parce qu’il est terrifié, avec raison, par l’idée de perdre sa valeur marchande et d’être désignable comme paria. La structure du pouvoir ne peut survivre qu’en sacrifiant des parias et des ennemis, ceux qui à l’intérieur comme à l’extérieur ne se conforment pas à ses valeurs d’exclusion. L’ennemi, lui doit être anéanti, le plus souvent avec une sorte de passion haineuse…

Mais alors à quoi sert ce dialogue qui avant même de commencer sonne le manichéisme le plus tranché au sein de ses potentiels acteurs ? Qui en fixe les règles ? C’est encore et toujours le président de la République avec ses affidés qui en fixent les références dont le modus operandi est souvent biaisé par des calculs politiciens et autres basses manœuvres indignes du jeu démocratique. A l’assemblée du peuple, des lois opaques qui impactent fortement la vie des sénégalais sont votées de manière expéditive par une majorité mécanique renforcée par une certaine opposition aux ordres sans débat consistant, ni autre forme de procès. Ce qui explique peut-être que l’idée ne soulève pas tant d’enthousiasme que cela. Un débat est confié à la surveillance d’un modérateur, ou d’un médiateur ( ABC aurait été dans son rôle de prédilection, paix à son âme).

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Au Sénégal, fait révélateur, on parle de piloter, comme si le débat était une voiture de course engagée sur une route glissante. On choisit comme d’habitude des experts du dialogue ou des associations révélatrices du grand malaise pour dialoguer, du déminage des esprits en surchauffe.

Le dialogue national serait-il une matière explosive ? Que peut-on attendre de concertations qui ont déjà cédé le pas au grand déballage, à la grande braderie de la parole, ce qui est normal, me dira-t-on, en période de solde… et à la violence physique et morale la plus barbare?

Revenons à cette violence ambiante, qui a envahi le peu de débat citoyen qui suinte de haine et qui fait des déflagrations telluriques sur le terrain.

On la retrouve encore dans notre verbe pronominal « se débattre ». C’est un suspect qui se débat pour échapper à la police. C’est le nageur qui se débat pour échapper à la noyade. Le bât blesse partout, dans ce pays, tout semble être une insulte aux valeurs de paix, de tolérance et d’humanité. Les sénégalais sont englués dans «une mare à boue» politicienne qui emprisonne leur énergie pour se débattre et au-delà, se battre contre la médiocratie devenue valeur refuge. Nos personnels politiques ont fini de rendre tout le monde parano, voire schizo.

Explorer l’équilibre de l’avant conflit

En l’absence d’un débat sérieux, offrant des garanties de transparence du processus décisionnel, d’indépendance des acteurs et de clarté des fins de la consultation, un dialogue équivaut à un compromis biaisé. Il donne, le plus souvent, une réponse à côté de la question posée de la pacification du terrain politique et des attentes citoyennes ou est dévoyé en consensus non inclusifs et accords fragiles. Et la démocratie d’exclusion, personne n’en veut…

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► Et alors… un défi ?

Il faut explorer l’équilibre de l’avant-conflit pour repérer ce qui a pu le faire basculer vers la perception d’un déséquilibre. Il faut faire un film de sa genèse et trouver le courage de soigner radicalement ce grand corps malade et sur le point de mourir de ses stigmates de haine et de violence.

En créant des espaces sûrs de dialogue constructif, où les acteurs engagent des discussions non conflictuelles sur des sujets controversés, ces derniers seront plus à même de comprendre les problèmes complexes et à remettre en question leurs propres hypothèses et celles des autres. Ils pourront ainsi améliorer leur aptitude au dialogue respectueux, anticiper les réponses, maîtriser leurs émotions et contester les préjugés. Donc la démocratie directe, à petites doses… et après de larges concertations.

Recréer les conditions d’un dialogue et d’une solution pacifiée.

Avant qu’il ne soit définitivement trop tard, la sagesse voudrait que l’on arrête l’escalade de la violence avant tout dialogue national par la libération des otages politiques et la levée du blocus du domicile de leader du Pastef. Seules ces mesures peuvent mettre un bémol à cette situation de surchauffe et de guerre larvée alimentée par des médias en pleine déréliction usant de données de plus en plus manipulées, de rumeurs incontrôlables, de sources improvisées. Si nous voulons survivre à cette confusion générale, il faut recréer les conditions d’un dialogue et d’une solution pacifiée au Sénégal, dans le respect des règles de jeu normales d’une démocratie, du droit constitutionnel et du droit international public.

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Le clergé et les quelques voix constructrices de solidarité qui restent encore crédibles et audibles doivent contribuer à faire baisser la tension et à aider à la reprise d’une vie économique normale dans le pays, ce qui constitue une condition nécessaire afin que de nouvelles élections puissent se dérouler avec une population qui ne soit plus mise aux abois. Les parties au dialogue sont appelées à faire preuve d’indépendance, à être des acteurs de médiation et de conciliation, non des courroies de transmission de compromission, de division, de délation et de chasse aux sorcières. Ne reproduisons pas ce que fut le Rwanda ou même la Côte d’Ivoire dont l’équilibre est encore fragile, l’Amérique latine des années 70 et la terre brûlée qu’est aujourd’hui le Moyen-Orient… En tous cas, les seuls à être muselés dans cette recherche de cohésion, ce sont les casseurs de ressorts sociaux, les pilleurs de la république, les violeurs constitutionnels et les violents, ethnicistes et torpilleurs de la paix civile. Et même si les va-t-en guerre sont invités au débat, ce doit être dans la sérénité. Sinon, qu’ils restent chez eux, ils n’ont pas droit à la parole. Rappelons le, la dictature de la rue est loin d’être préférable à un Etat aussi scélérat qu’il soit.







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