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Madiambal, Tu Permets

Depuis que tu as vendu quelques bouquins, et que l’Upf t’a supplié à genoux de revenir aux commandes, tu ne te sens plus et as l’air de dédaigner tes chroniques du lundi qui sont devenues trop peu prestigieuses à tes yeux… Tu ne sais pas quels sublimes rendez-vous tu rates.

La nature ayant horreur du vide, tu permets que je te remplace quelque temps ? Parce que l’actualité, je ne sais pas si c’est la chaleur hivernale, est devenue bouillante.

T’inquiète, je serai bref…

Est-il nécessaire de revenir sur la plainte de Adji Raby Sarr qui traîne devant les juges Pierre Goudiaby Atépa pour diffamation ? Pour dire les choses simplement, le président du Club des investisseurs du Sénégal, en théorie, le saint du saint des saints, traite de voleuse et manipulatrice (comprenez un euphémisme qui enjolive menteuse, garce et peut-être pire) une jeune femme vouée aux gémonies par le petit peuple qui adule le gourou Sonko.

Insultée, diffamée, menacée, Madame Adji Raby Sarr, depuis deux ans, aux yeux des rois de l’opinion qui nous gouvernent à partir des réseaux sociaux, n’a aucune identité, encore moins de dignité et, quant à la personnalité, n’en parlons pas.

Jusqu’à ce que la roue de l’Histoire décide de tourner pour elle : Ousmane Sonko est en prison, le parti Pastef dissous et la légende vivante Pierre Goudiaby Atepa attend que le Tribunal décide de son sort sur injonction de cette masseuse en retraite anticipée, qui aurait pu finir bien plus mal.

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Je dis ça, je dis rien : retirer ses propos et demander pardon publiquement en rampant, ça ne tue pas, ça écorche juste les genoux et l’amour-propre…

Parlons de choses sérieuses : l’indignation sélective de la Société civile, laquelle, d’après les titres des confrères, se résume à cinq personnes que j’ai la flemme de citer. Ils sont vachement furieux des violations des droits de l’Homme sous nos cieux. Mais non, on ne parle pas de femme violée, mais de casseurs embastillés. Nuance.

C’est l’indicateur suprême qui nous apprend que nos libertés sont en péril. Perso, je commence à croire que je ne suis pas loin d’être pris pour un animal. Pour avoir surnommé le président de la République «Sa Rondeur» depuis douze ans et l’avoir critiqué tout ce temps (il n’est pas le seul : j’ai du mal quand il faut dire du bien des gens), s’il ne m’a pas fait jeter en prison comme un vulgaire malfrat, ça veut dire soit qu’il n’est pas au courant, ou alors qu’il s’est dit qu’il y a des animaux qui ne méritent pas de se salir les mains. Dans les deux cas, ça mérite de se vexer…

Mais quand même, les procureurs de la République qui reçoivent nos éditions, on appelle ça un dépôt légal, auraient pu faire du zèle, non ? Ben non, rien…

Vous voulez mon avis ? Pas grave, je le donne quand même…

La Société civile, ah, la grande arnaque, qui officie avec panache, jusque-là, ne se soucie que de politicaille de coin de rue : le fonds de commerce du troisième mandat devenu sans objet, et puisqu’il faut bien vivre de quelque chose, ces braves gens s’investissent dans une nouvelle race de concitoyens, les prisonniers politiques ! Un jour, ces braves prophètes du laxisme et des petits arrangements coquins plaideront la cause des gardes pénitentiaires qui, n’ayant plus personne à surveiller, perdront leur gagne-pain.

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Dans un pays normal, la Société civile sort des corps constitués, elle en est… Mieux, c’est elle. Pourquoi vous pensez au Cese ? Par exemple, le patron des avocats, leur bâtonnier pour dire les choses comme tout le monde, quand il parle au nom des libertés, du droit, de la Justice, il en a la légitimité, le droit et même le devoir. Les patrons des employeurs ou des entrepreneurs, les présidents de syndicat de banquiers ou des assureurs, des industriels, les patrons des syndicats des agriculteurs, des éleveurs et des pêcheurs, des artistes, des sportifs, des employés de la Santé, de l’Education, sont les porte-parole de millions de ces Sénégalais qui construisent notre Nation au jour le jour.

Voilà la Société civile, la vraie, celle qui mérite d’être écoutée. Elle ne prend malheureusement pas ses responsabilités, préférant se terrer dans son confortable anonymat, et céder sa place à un quarteron d’usurpateurs friands des frissons populistes dont il se repait et s’engraisse depuis plusieurs décennies à présent.

Macky Sall, qui annonce sa retraite pour le 2 avril 2024, a du boulot. Il lui faut remettre de l’ordre dans le pays avant de rendre les clés de sa villa de l’avenue Senghor, et surtout chaque acteur à sa place sur la scène publique. Au premier chef, faire le tri des trois cents et quelques récépissés qui autorisent n’importe qui à prétendre nous gouverner est une urgence. Parce que le danger qui nous guette, avec la récente modification des articles du Code électoral, est que nous pouvons élire un braqueur de banque et lui confier les clés du Trésor public.

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On me dira toujours que nous sommes au pays de Mamadou Bitiké, cette République qu’un mal de dos a conduite au bord du précipice…

 







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