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Macky Et Dionne Souverainistes Rejoignent Sonko

C’est avec un très grand plaisir que nous écrivons cette contribution que nous considérons comme un épilogue de nos nombreuses contributions sur la nécessité de comprendre la vision consciente ou inconsciente de ceux qui nous dirigent ou aspirent à nous diriger. Nous remercions donc le Premier ministre Dionne pour cette opportunité par son livre « Le Lion, le Papillon, et l’Abeille », car nous avons le sentiment de n’avoir pas écrit en vain si ceux qui ont incarné le Sénégal des 12 dernières années nous rejoignent sur la bipolarité des voies du développement de notre pays. Dans la souveraineté ou non, la décentralisation ou non, le choix est bipolaire entre l’État et les citoyens dans la quête du développement.

En effet, nous disions en 2019 à la veille de la présidentielle (La démocratie sénégalaise debout) que « la bipolarisation Macky-Sonko devait aussi consacrer le parachèvement de notre démocratie et de notre marche vers le développement car il n’y a que deux voies vers celui-ci, à nos yeux, en termes de vision. Il s’agit du leadership d’état par la socialisation de l’approche à travers l’état et son partenariat avec le capital étranger ou national, ou la responsabilisation des Sénégalais, de leurs communautés locales, et du secteur privé national, les exceptions pour se prévaloir d’un pragmatisme dans les deux approches ne changeant pas leurs essences. La première est socialisante et collectiviste et la deuxième est libérale. Est-ce que nous voulons prendre notre destin individuel et collectif local pour aller au développement, ou nous voulons donner à l’État le leadership de nous mener au développement ? Est-ce que nous voulons principalement compter sur notre secteur privé national aussi petit qu’il soit en mettant les conditions de son essor en place, ou nous préférons compter sur le capital étranger en partenariat avec l’État pour aller au développement ? Comment financer ces options ? …Certains doivent objectivement rallier Macky Sall car ils ont la même vision que lui, et d’autres à Ousmane Sonko qui est le seul à avoir une vision différente de ce que nous avons fait ces 60 dernières années, notamment du point de la souveraineté économique. Ousmane Sonko a cependant assigné un rôle important à l’état dans sa vision du développement, mais nous l’exhortons à nouveau qu’il faudrait utiliser cet état pour responsabiliser les Sénégalais et le secteur privé national et par notre autonomie monétaire sénégalaise ou l’UEMOA seulement. Sinon, son offre ne sera pas différente de celle de Macky Sall et de tous les autres candidats qui nous ont exposé leur vision », disions-nous.

A la lecture du livre du Premier ministre Dionne, préfacé par le président Macky Sall, la paire Macky-Dionne, désormais souverainiste, confirme la bipolarité des voies du développement et assume son socio-libéralisme dans ce cadre, rejoignant dans sa vision du monde, celle d’origine de Sonko emprisonné. Le président Macky Sall nous dit que « l’Afrique se retrouve au carrefour de plusieurs mondes : des mondes qui déclinent plusieurs perspectives de la relation entre l’individu et la société….l’originalité de la démarche de Dionne est de penser le futur des économies africaines à partir de l’observation du comportement des sociétés animales ».

Il nous faut noter ici, en ce qui concerne la préface du président Macky Sall, qu’il y a des sociétés animales et non une société animale et que le choix entre l’individu et la société n’est pas nécessairement à l’échelle nationale car le choix de la société locale dans un ensemble national est un choix pour l’individu responsable dans sa communauté locale et non la société nationale d’abord. La double communauté est d’abord locale et nationale avant d’être sous-régionale. Il nous dit également que Boun Dionne a « donné une cohérence quotidienne à son projet politique, le Plan Sénégal Emergent ». En effet, Boun Dionne qui nous dit avoir « testé certaines recettes » quand il était aux responsabilités semble s’être chargé de la synthèse des contradictions idéologiques et doctrinales autour du président Macky Sall (Macky Sall, libéral, socialiste, ou souverainiste ?). Le PSE dans la première déclaration de politique générale n’était pas souverainiste, avait choisi la société sur l’individu par un état développeur, et comptait sur la transformation structurelle par le choix de secteurs exportateurs sans la maîtrise de son environnement national ouvert sur le monde (la vision du PSE est-elle adaptée au contexte).

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Dans sa deuxième déclaration de politique générale, Boun Dionne a encore choisi la société sur l’individu, mais un état redistributeur « un Sénégal de tous, un Sénégal pour tous » plutôt qu’« un Sénégal de tous, un Sénégal par tous » qui n’exclut pas d’investir en l’individu, et avait ainsi abandonné son état développeur sous-financé dans un programme avec le FMI (la nouvelle vision du PM remplace celle du PSE). La formule « pour tous » est redistributive, la seconde « par tous » aurait été responsabilisante pour les sénégalais et leurs communautés de base. Ousmane Sonko dans son livre « Solutions » avait également fait le choix de la société sur l’individu (Ousmane Sonko et le Socialisme congénital Sénégalais), choix que nous avions critiqué l’invitant à travers une décentralisation autonomisante et responsabilisante de faire confiance davantage à l’individu ou à sa collectivité locale. Il s’en est suivi son livre « Les territoires du développement » et son adhésion publique à l’idée d’une inclusion financière locale et une économie sociale et solidaire locale (Ousmane Sonko : dilemme entre libéralisme et collectivisme).

Le Premier ministre Dionne qui a finalement glissé dans le souverainiste après avoir quitté la Primature, prône le protectionnisme transitoire d’import-substitution dans la ZLECAF. Cependant, il n’est pas arrivé à régler la contrainte du financement de son socio-libéralisme souverain car ses positions sur la monnaie sont encore à mettre en cohérence avec sa nouvelle vision souverainiste (Leadership sénégalais : cafouillage au sommet). Les biens et services publics communs qu’il assigne à son État lion (infrastructure, éducation, santé, assainissement, sécurité, corriger les externalités), ne sont pas des biens et services publics d’un état développeur comme il l’appelle, ils sont les biens et services publics normaux d’un état libéral financé par des citoyens responsabilisés. Les citoyens papillons éduqués, formés, en bonne santé, donc agiles et financièrement inclus gages d’une démocratie économique découvrent les voies de leurs développements individuels et collectifs dans un environnement de liberté économique souverain. Organisés comme des abeilles dans leur diversité, ils doivent être dans des communautés locales libres et pas nécessairement dans une société d’un état unitaire confédéré, d’où l’importance de la fédération pour la liberté et la responsabilité aux échelles locales et pas seulement nationales et sous régionales.

Les Etats-Unis, donnés en exemple, sont un État libéral fédéré avec un souverain et sa monnaie qui ne dirige pas le développement à cette échelle. Les pays émergent d’Asie sont des États unitaires mais tous souverains sur le plan monétaire à l’échelle nationale et ont dirigé le développement. Le Sénégal est un État à la souveraineté monétaire externalisée, ce qui rend le socio-libéralisme souverain de Boun Dionne en réalité non-souverain car sa contrainte de financement le mettra à la merci du financement extérieur en devises et du capital étranger raison pour laquelle il milite pour une annulation de la dette extérieure par une rente perpétuelle à taux zéro pour la reconstituer par des choix conjoints. Ceci est impossible pour la dette soutenable du Sénégal. Il a donné à son État confédéré une monnaie dans le chapitre sur le souverainisme mais l’a retirée dans la conclusion du livre. Il semble avoir choisi la monnaie CEDEAO dans le corps du livre, monnaie qui sera nécessairement à parité fixe et consacrera le libéralisme internationalisé socialisant avec le patrimoine africain qui appartiendra aux étrangers (Présidentielle 2024 : DPG au FMI à reformuler). Son État unitaire sous financé à la souveraineté monétaire externalisée co-construira son développement et partagera sa souveraineté comme l’explique le livre car ses actifs et leurs revenus appartiendront significativement aux étrangers (Consensus de Dakar, pas le choix de la jeunesse africaine).

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La ZLECAF sans souverain et sans monnaie flexible, dans un État fédéré libéral sera le lit de la nouvelle domination de l’Afrique après la traite négrière, la colonisation, et l’ajustement structurel des crises d’endettement. La disparition redoutée de l’État africain défaillant trouvera sa matérialisation dans la ZLECAF prônée, si les regroupements régionaux n’ont pas de souverain avec une monnaie et des États fédérés libéraux. Si Boun Dionne veut mener une politique industrielle et commerciale stratégique comme la Corée ou avoir les leviers de la Norvège, il lui faut un État souverain avec une autonomie monétaire. La balkanisation décriée n’est pas un handicap, c’est l’incohérence des instruments dont on dispose quand on est balkanisé qui freine le développement. Les petits États Balkans nous ont tous dépassés avec leur autonomie monétaire. Ils entrent désormais dans l’union européenne libérale sans souverain ou exécutif fédéral, mais dans l’euro et les institutions libérales qu’il nécessite. En ce qui nous concerne, nous n’avons pas eu de projet libéral sans souverain à l’échelle sous-régionale et sommes restés pauvres balkanisés sans autonomie monétaire responsablement gérée. Voilà le sens d’une UEMOA balkanisée libérale en pôles régionaux ou un SENEXIT sans la mauvaise gestion du Ghana cité.          

Nous réitérons notre appel au libéralisme patriotique progressiste que nous prônons. Il ne s’agit pas de libertarisme ou de néolibéralisme souvent invoqués pour épouser le collectivisme et choisir la société sur l’individu, le rôle d’encadrement de l’État n’étant pas en cause. Il s’agit d’avoir confiance aux africains, leurs PME, et en leur communauté de base pour éviter de leur imposer des superstructures collectivistes sans les instruments de leur souveraineté. Pour ce faire, nous devons aussi faire la synthèse des contributions de plusieurs de nos illustres penseurs, mais pour les dépasser car ils étaient tous marxistes et collectivistes. Un de ces illustres penseurs marxistes est Samir Amin dont nous venons de commémorer la disparition, et qui a soutenu qu’il fallait partir de Marx et non s’arrêter à lui. Il a proposé la déconnexion pour que nous puissions maîtriser le processus d’accumulation nationale de la richesse. Il avait raison, mais dans la méthode c’est le leadership de l’État en qui il avait confiance. Cheikh Anta Diop a théorisé l’État fédéral africain, mais dans la méthode il était également collectiviste et avait confiance en l’état développeur. A leur époque, dans une Afrique essentiellement rurale aux ressources humaines formées limitées, la superstructure socialisante de l’État était peut-être tout ce qu’ils pouvaient entrevoir face à l’impérialisme. L’Afrique à présent s’urbanise avec son repeuplement et le retour à la ruralité n’est pas notre avenir bien qu’il faille développer notre agriculture en partageant avec nos populations le fruit de la mise à disposition de leurs terres. De ce point de vue, nous préférons la formule « les ressources naturelles appartiennent aux collectivités locales mais aussi au monde » car il ne s’agit pas de les laisser en jachère si on n’a pas les moyens de les exploiter. Ce ne serait pas responsable, et les exploiter ne nécessite pas de se fédérer dans un collectivisme inutile si nous n’avons pas la discipline collectiviste, ni de faire du troc avec ces richesses pour financer des biens communs, ce qui serait une perte de souveraineté.

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Si nous n’avons pas réussi à bâtir le panafricanisme par le haut, il nous faut dépasser la partie collectiviste de la vision de nos anciens et bâtir une Afrique par le bas qui peut être collectiviste. Être marxiste en partant de Marx, mais aussi libéral par la déconnexion (Eco et Libéralisme : relever de défi d’Abdoulaye Wade). La nouvelle gauche, progressiste, doit faire le choix de l’individu, le choix de la liberté s’il abhorre le terme libéralisme. C’est pourquoi nous disons liberté, patriotisme, progrès. Comme Boun Dionne le dit dans son livre, « La souveraineté, c’est la liberté, comprenons cette liberté comme une faculté intrinsèque à gouverner et agir par soi-même », j’y ajoute jusque dans nos communautés de base. Il ne s’agit pas de chercher le pouvoir et la force des grands ensembles par le haut, mais la somme des faiblesses. Amadou Makhtar Mbow l’a recommandé à son 100e anniversaire car il reconnaissait que nous avons échoué par le haut. Par ailleurs, notre développement ne dépend pas de nos ressources naturelles qui peuvent bien rester dans le sous-sol et/ou s’exploiter dans nos communautés locales en partenariat avec des investisseurs étrangers. La richesse ce n’est pas celle du sous-sol, et le financement de notre développement ne proviendra pas nécessairement de l’exploitation de ressources naturelles. Ce ne sont pas les ressources naturelles qui ont fait la Norvège ou les pays développés ou émergents, et les ressources du fonds souverain norvégien sont essentiellement investies à l’extérieur.   

Nous recommandons la lecture du livre de Boun Dionne à la lumière de ces analyses, pour que le lecteur ou l’aspirant à nous diriger se détermine sur la bipolarité doctrinale sans verser dans le pragmatisme qui va de soi puisque nous ne parlons pas d’extrême, mais d’orientation. De ce dernier point de vue, nous avons trouvé des convergences entre Boun Dionne et Boubacar Camara par exemple, notamment sur le rôle des ressources naturelles dans le financement des secteurs sociaux et les biens communs, l’industrialisation souhaitée, et la fédération avec des voisins proches. Il y a des convergences entre le désir d’industrialisation dans des pôles régionaux de Mamadou Lamine Diallo et la volonté d’une politique industrielle et commerciale stratégique de Boun Dionne (sa vraie vision et celle du Maire de Sandiara, et non celle redistributive de Macky Sall).

L’élection présidentielle de 2024 ne devrait avoir que trois candidats. Le porte-drapeau des collectivistes socialisants sans souveraineté véritable et les souverainistes véritables avec une autonomie monétaire, et enfin un arbitre pour une alternative libérale si toutefois les souverainistes sont également collectivistes. C’est de ce dernier point de vue que la démocratie sénégalaise a besoin de pardonner à Ousmane Sonko et de le libérer et lui-même doit arrêter sa grève de la faim car ses adversaires ont rejoint son appel à la souveraineté collectiviste. Ayant choisi le souverainisme, le Premier ministre Boun Dionne fait désormais également l’objet de notre Offre Publique d’Adhésion (OPA) amicale (Abdourahmane Sarr 2024, par responsabilité, si possible, et si nécessaire !) s’il est choisi par le président Macky. Nous lui disons cependant que le dilemme du prisonnier avec lequel il a conclu son livre a comme solution optimale, la non « collaboration », l’individualisme et non le collectivisme. Dans un jeu répété où la solution collectiviste est systématiquement non gagnante, la bonne décision est de choisir l’individualisme. Dans le cas d’espèce, il s’agit du souverainisme libéral et non collectiviste avec une autonomie monétaire mais dans un État décentralisé et fédéral à toutes les échelles. A l’échelle locale, le collectivisme peut fonctionner car la collectivité locale est en fait un individu.   

Librement.







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