L’Etat Sall/APR/BBY se révèle de plus en plus ouvertement non seulement comme l’illustration d’un régime en fin de règne, mais aussi et surtout comme l’instrument d’un pouvoir à la fois néocolonial, sans fi ni loi, une coterie et un clan sans scrupule aucun pour le respect de la démocratie et de l’état de droit véritables. Contre le parti Pastef et son leader le président Ousmane Sonko, ce régime a exercé une violence d’Etat dictatoriale, haineuse et sans bornes, en parfaite contradiction avec ses propres lois.
Quel est en effet cet ‘’Etat fort’’, cette « démocratie solide » qui viole sa propre Constitution, y compris les instruments internationaux qui en sont parties intégrantes, fait fi ostensiblement du « devoir imprescriptible » et du « droit sacré » du peuple à la résistance ? Récemment, Macky Sall a déclaré à l’étranger avoir dissout Pastef pour liaisons connues avec des forces occultes islamistes et terroristes, appels répétés à l’insurrection et non-respect de la loi ! De qui se moque-t-on et qui croit-on pouvoir tromper avec ces accusations grossièrement montées de toutes pièces et régulièrement distillées par certains médias aux ordres, dans le pays comme à travers les réseaux de la Françafrique ?
Pour sa part, le parti Pastef a déjà entrepris d’attaquer cette décision inique, et d’autres forfaitures de ce genre, devant la Cour de Justice de la CEDEAO ainsi que devant les juridictions nationales compétentes. En réalité, personne n’est dupe : barrer la route à Ousmane Sonko à tout prix, désorganiser et démanteler du sommet à la base le parti qu’il dirige en vue de l’effacer du champ politique, tel est l’objectif constant du Macky. Mais peut-on réellement dissoudre une vision, un espoir, un projet porté par des millions de patriotes au Sénégal, en Afrique et dans la diaspora ?
Dans un contexte de transformation positive des consciences populaires et citoyennes, se démarquant progressivement des différentes formes d’aliénation, de dépendance, d’hégémonisme et de servitude volontaire dans la sous-région, comme présentement, à divers degrés, au Mali, au Burkina Faso, au Niger, et dans une moindre mesure au Gabon ou en Guinée, il s’avère plus nécessaire encore de continuer, avec audace et esprit de suite, à construire le parti unitaire panafricain de l’alternative souveraine, en tant qu’instrument approprié pour défaire la Françafrique au Sénégal, dans la sous-région et plus largement sur le continent tout entier. Me Ngagne Demba Touré, dirigeant de la Jeunesse Patriotique du Sénégal (JPS) n’a pas hésité à monter au créneau en préférant s’exiler depuis la mi-août pour continuer de maintenir le flambeau à partir de ce que l’on pourrait considérer comme « une section extérieure de la résistance ». Fait significatif, il a été rejoint dans son exil forcé au Mali, il y a quelques semaines, par notre compatriote Ibrahima Sall qui, en sa qualité de président de l’Association pour le Soutien et la Réinsertion des Détenus (ASRED), a fait l’objet de menaces de mort et d’agression barbare contre son domicile, tout simplement pour avoir dénoncé, preuves à l’appui, les conditions inhumaines et exécrables prévalant dans les prisons sénégalaises !
L’expérience du PAI ou du PRA, et plus encore la création en 1946 du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) avec ses Sections territoriales dans chacun des pays d’implantation, traçaient une voie de construction et d’édification de ce parti unitaire panafricain évoqué ci-dessus. Cette même vision est présente dans la dénomination de PASTEF : Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité ; message reçu cinq sur cinq par le militant comorien membre du pool d‘avocats d’Ousmane Sonko, Me Said Larifou, qui donnait récemment des informations sur la transformation du nom de son parti, passant de RIDJA à PACTEF (Patriotes Africains des Comores pour le Travail , l’Ethique et la Fraternité ), en solidarité avec le dirigeant panafricain sénégalais Ousmane Sonko. Initiative prolongée tout récemment par l’annonce de la campagne PASTEF AFRICA, lancée par une quinzaine d’organisations progressistes et panafricanistes originaires de 15 pays dont le Burkina, les Comores, le Congo, la Côte d’Ivoire, la Guinée, la Guinée Equatoriale, le Mali, le Niger, et il ne s’agit là que des débuts d’une initiative à poursuivre, à renforcer et à améliorer.
La résistance populaire diversifiée : face à un régime d’exception et de terreur blanche, les acteurs politiques, les masses populaires, la jeunesse patriotique en tête, loin de baisser les bras, se sont mis à expérimenter ou à développer diverses formes de lutte : grève de la faim des détenus politiques à l’exemple des 34 jours de diète forcée subie par Ousmane Sonko; promotion de la résistance digitale ; jonction des Forces vives et implication des familles de détenus dans le cadre de l’initiative Chemin de la Libération, relayée par le F24; présence significative et sans précédent des intellectuels du Sénégal, d’Afrique, de la diaspora et du monde dans les actions de dénonciation et surtout dans le débat d’idées et les prises de position publique, sans oublier le rôle important assumé par les Doomi daara, les Magi Pastef ou les Jigeeni Pastef, ainsi que les apports exceptionnels de la diaspora, notamment celle d’Europe et d’Amérique du Nord. L’innovation majeure est sans conteste le phénomène de la « sonkorisation » : l’attachement à Sonko et au projet qu’il incarne a su être exprimé par les jeunes sous des formes vivantes et variées.
A titre d’exemple, « Sonko namm naa la ! » retentit comme un hymne ingénieux, politiquement et culturellement puissant qui envahit progressivement l’espace public, révolutionnant la résistance, tel ce spectre qui perturbe les plans et la quiétude du tyran.
Face aux candidats du système, parachever la préparation de la présidentielle de février 2024 : après plusieurs mois d’attente devant l’équation insoluble de la désignation d’un candidat consensuel, l’Etat-Parti APR/BBY a utilisé, de façon impudique encore une fois, les locaux du Palais de la présidence de la République et les ondes de la radiotélévision publique nationale, la RTS, pour retransmettre en direct son choix porté sur la personne d’Amadou BA ; désignation immédiatement suivie de désapprobations diverses et même de démissions, vraies ou feintes, avec en la circonstance, la montée sur la scène de politiciens opportunistes, adeptes ‘’anciens’’ ou ‘’nouveaux’ de ‘’paacoo réew’’ et de ‘’gauche plurielle’’, qui ont servi de haut-parleurs à Macky Sall pour la lecture de la déclaration et de la Motion officialisant la candidature d’Amadou Ba à la présidentielle de février 2024 ! De fait, tous les micmacs déployés jusqu’ici témoignent à l’évidence de la peur, de la part des tenants du pouvoir, d’affronter Ousmane Sonko et Pastef sur le terrain de la compétition électorale démocratique !
Ousmane Sonko reste bel et bien électeur et éligible. Par ailleurs, la plus que désastreuse situation sociale du pays ne milite guère en faveur des candidats, officiels ou officieux, du pouvoir en place, avec les affres de la vie chère, du chômage endémique des jeunes, de la pauvreté et de la misère sociale galopantes, des vagues meurtrières des migrations dites irrégulières-dramatique symbole de l’échec de toute une politique- sans oublier les spoliations foncières récurrentes, les injustices et inégalités sociales insolentes, les scandales multiples à milliards nés de la ‘’gestion sombre et vicieuse’’ des ressources nationales, autant de méfaits entre autres, dont est pavé le bilan ‘’élogieux’’ du régime Sall. Le double meurtre par balles réelles commis tout récemment à Khossanto dans la région aurifère de Kédougou, avec son cortège de blessés graves et d’arrestations, illustre encore une fois la banalisation de la répression sauvage qui sévit dans le Sénégal de Macky Sall. Répression qui n’épargne même pas ces braves fils des communautés à la base dont le seul tort est de demander aux autorités de se conformer aux exigences de la loi sur le contenu local pour augmenter la création d’emplois locaux dans la chaîne de valeur de l’exploitation des ressources minières et extractives. Répression sauvage, crimes et meurtres répétés, dans une impunité parfaitement complice, sans enquêtes sérieuses et sans suite, passé le temps de l‘émotion ! Signes évidents d’un régime en fin de règne entrain de tirer ses dernières cartouches.
Le candidat Amadou Ba est d’ores et déjà adoubé par les milieux de la Françafrique à l’exemple des journaux Jeune Afrique et Le Monde ou de l’avocat Robert Bourgi. En lieu et place du mode désuet, brutal et meurtrier à la Alassane Ouattara ou Alpha Condé, le modèle Issoufou-Bazoum semble à présent prendre le relais. Sous cet éclairage, Amadou Ba constitue, quant au fond, à la fois le candidat de la France de Macron et celui du 3ème mandat esquivé par un Macky Sall, contraint et forcé par la pression populaire, de « renoncer » à son propre rêve. Les candidats du système, officiels ou officieux, ceux exposés à visage découvert ou ceux s’abritant derrière des masques de candidatures de rébellion dans les rangs ou à la périphérie de BBY, s’estiment sans doute plus intelligents que l’ensemble des citoyens électeurs réunis, qui sont pourtant depuis longtemps largement édifiés sur les ignominies, dérives et autres désastres de la gestion sombre et vicieuse du régime sortant. Les candidats de la continuité, les candidats du système, auraient-ils oublié que « le bilan élogieux et sans précédent des 12 ans de Macky Sall à la tête du pays » a servi de principal support et référence aux candidats de BBY tout au long des élections locales puis législatives de janvier et juillet 2022, à l’occasion desquelles ils ont largement mordu la poussière ? À n’en pas douter, l’addition sera plus salée encore lors de la présidentielle prochaine.
Sonko et la présidentielle de 2024 : la nouvelle coalition Sonko président sera portée à coup sûr par le peuple des citoyens patriotes, s’appuyant sur le dispositif, le potentiel politique, humain, électoral et organisationnel construits ou suscités par Ousmane Sonko. Cette Coalition assurera en toute légalité le déploiement du Projet incarné par Ousmane Sonko, avec le recours, selon les besoins, aux différents types de parrainages prévus par la loi, afin de faire face efficacement à tous les cas de figure possibles. Loin de toute diversion ou cible-leurre, le message sera centré sur les Solutions aptes à répondre correctement aux préoccupations essentielles des masses sénégalaises et africaines, la jeunesse en tête. Il convient ici de saluer le travail remarquable abattu avec courage par le journaliste patriote Pape Alé Niang à travers sa chaîne Dakar Matin.
Poursuivre la bataille pour un processus électoral démocratique, transparent et libre : convaincus que seul un tel processus est gage de paix civile et de stabilité nationale, l’ensemble des démocrates et patriotes de notre pays se doivent de continuer à se battre pour la libération de tous les détenus politiques, ainsi que pour des élections démocratiques, inclusives, régulières, libres et transparentes, sous l’égide d’un organisme réellement autonome, non partisan et non inféodé. Dans ce cadre, comme n’a cessé d’alerter notre compatriote Ndiaga Gueye de l’ASUTIC, il urge d’obstruer les diverses voies et stratégies de fraudes en amont du vote, notamment le contrôle quasi exclusif du pouvoir sur le fichier électoral, le monopole de la délimitation ou de la modification de la carte électorale, l’exclusion à l’avance de près de 2 millions de jeunes primo-votants, le système nébuleux de contrôle du parrainage, le mode censitaire de cautionnement, entre autres pratiques déjà largement expérimentées antérieurement., sans oublier la mainmise des ministres APR de l’Intérieur et de la Justice, Félix Antoine Dion et Ismaïla Madior Fall, sur l’ensemble du processus électoral. Ni Macky Sall lui-même ni aucun de ses candidats officiels ou officieux ne peut, dans la situation actuelle du Sénégal, gagner une élection présidentielle régulière, à fortiori au 1er tour comme ils s’emploient à le marteler dans l’esprit de nos compatriotes.
En vérité, ils ne peuvent miser que sur la fraude pour « vaincre » et sur la violence d’Etat combinée des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire pour « convaincre », suivant la vieille recette du Prince de Machiavel : « Qu’ils me haïssent pourvu qu’ils me craignent » ! La nécessité s’impose alors de mettre d’ores et déjà en place, à l’exemple de l’ancien FRTE, un large front national anti-fraudes. Comme on le voit, l’irruption de Pastef sur la scène politique sénégalaise et africaine, l’influence et l’impact du leadership du président Ousmane Sonko sur les formes de conscience et les comportements de la jeunesse africaine, autorisent à penser que désormais, rien ne sera plus comme avant en Afrique dans la marche du combat populaire pour la souveraineté, la justice, l’émancipation, la désaliénation, la liberté, la démocratie, la dignité et le progrès social. Cet acquis est en soi l’amorce d’une révolution, et en ce sens, il constitue une première victoire. Naturellement, faire focus sur 2024, c’est aussi avoir l’intelligence et la capacité de mettre pleinement à profit, outre le coefficient personnel du candidat du peuple, les différentes facettes du projet incarné par Ousmane Sonko, afin d’en faire l’instrument incontournable de la transformation sociale qu’attend notre peuple depuis si longtemps.
C’est aussi et surtout être capables de faire face victorieusement à routes les situations possibles, avant, pendant et après le scrutin du 25 février 2024 : « on gagne, ou on gagne » ! Ou le respect des conditions d’une élection démocratique, régulière, inclusive et transparente permet l’expression pacifique de la volonté populaire, ou la confiscation et le piétinement du suffrage universel libre, égal et direct, stimule la résistance populaire légitime pour le triomphe de la justice et de la vérité des urnes. Mobilisation maximale pour le parrainage citoyen ! Mobilisation maximale pour massivement retirer les cartes d’électeur, aller voter le jour J, assurer le contrôle vigilant du scrutin et sécuriser la victoire du peuple ! Seule la lutte libère et force restera au peuple pour l’avènement de l’alternative souveraine de rupture, la république sociale et citoyenne de démocratie nouvelle. Oui Excellence Monsieur le président sortant, si Ousmane Sonko l’emporte, « ce sera la catastrophe » pour le système et tous ses suppôts, mais la libération et l’espoir pour tout un pays et tout un continent !
Madieye Mbodj est Professeur de Lettres à la retraite.
E-mail : maajeey@gmail.com