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Presidentielles Senegalaises 2024 : Le Haut Debit !

Les loups en meutes innombrables sortent du bois… Combien traverseront la plaine du Serengeti ? Chacun dit : « Je suis tellement beau que je devrais être sculpté en or ! » C’est là un des visages de la démocratie ! Personne d’entre tous ces libres prétendants au trône, ne développera le Sénégal en un mandat de…vingt ans. Le gap d’ici le paradis est encore sans fond! Mais l’élu de demain, 2024, pourra lui aussi placer ce pays sur le très long chemin du développement! Il n’y aura pas de miracle !

A chacun l’épaisseur de sa brique et la hauteur de son mur ! Et ce depuis Senghor. Nous avons assisté et vu des murs à trois briques, des murs à quatre briques, des murs à dix briques, des murs à cent briques ! Le plus haut jusqu’ici est, dans sa symbolique, celui qui a été élevé en premier pour tenir l’édifice et le toit d’une République et au-delà, d’une nation. Il fallait d’abord les fonder. Un poète a pris la truelle et le ciment était de grande qualité. Nous y logeons encore aujourd’hui en veillant aux lézardes, à la peinture, mais le mur tient et il doit être intouchable !

L’autre mur qui restera dans l’histoire de notre peuple, dans sa symbolique également, sera celui du progrès et du bien-être servi à chaque Sénégalais, où il se trouve sur le territoire national, pour lui assurer la dignité et le droit de bien vivre. La démocratie viendra après si on juge ou constate qu’elle n’est pas encore là. Si elle n’est pas, en même temps, inscrite et comprise dans le compte du progrès et du bien-être, tant pis. Elle attendra. Le bien-être établi de chaque Sénégalais est la priorité.

Partout la démocratie chemine avec son double : le désenchantement, L’illusion! La liberté est un redoutable leurre. Si nul ne se donne soi-même des frontières, et dans aucun camp, ou est donc la liberté, que signifie-t-elle et que vaut-elle ? En d’autres termes, le droit au développement : manger, se vêtir, se loger, s’instruire, se former, travailler, reste le fondamental! Tout le reste n’est que dessert, gadget, désir, leurre, tromperie, mensonge, manipulation, ruse, convoitise, vol et viol.

Aucun Président n’a failli. Si un seul a failli parmi eux, le peuple qui l’a choisi et élu a failli le premier, avant lui, en le choisissant. C’est une dure vérité, mais c’est la vérité. D’où la vigilance du choix à faire en février 2024. Il sera trop tard pour reculer ! Nous n’aurons que nos larmes pour cinq ans d’attente ! La démocratie compte-t-elle avant le développement et la sauvegarde de la République qui nous abrite tous ? Terrible et angoissante interrogation! La démocratie a un prix que ni la richesse, ni la pauvreté, ne peuvent payer ! Seuls l’esprit, le savoir, le désintéressement, le discernement, le culte de l’État de droit et du respect des droits de l’autre, en sont les monnayeurs !

Par ailleurs, la démocratie n’est pas forcément le développement et elle n’aide ni ne conduit forcément au développement économique, s’entend! Le développement intégral n’est pas non plus forcément l’accomplissement d’une démocratie réussie. Nous en avons des exemples à volonté par le monde ! Il est rare que la démocratie ait précédé le développement! Elle n’est pas un jeu de pauvres et d’affamés !

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L’idéal, évidemment, serait que le droit au développement soit inclusif du droit à la démocratie. Servirait-il à grand-chose d’être libre mais d’avoir si faim que l’on part vendre sa liberté pour manger ? «Les droits démocratiques sont définis comme la liberté de pensée, de conscience et de religion. le droit de vote et d’être candidat à des élections. Le droit à un procès équitable dans les affaires civiles ou pénales. Le droit de posséder des biens et d’en jouir pacifiquement. » Celui qui veille à tout cela est l’État et cet État est gouverné par les représentants élus par le peuple qui délègue, de cette manière, sa souveraineté. On sait ce que cela donne souvent. Le peuple peut être nu et ses élus sous des couettes douillettes !

Pour dire combien la démocratie est une femme coûteuse, écoutez ce que dit froidement mon ami Dominique de Villepin, écrivain puissant et éphémère homme politique français sur la construction de la France vers la démocratie : « La France a déjà échappé plusieurs fois au naufrage malgré les obstacles dressés sur sa route : la guerre de Cent-Ans, les guerres de Religion, la Fronde, la Révolution française, la Commune, les deux conflits mondiaux, la décolonisation. De la Fronde à Mal 68 en passant par les chocs révolutionnaires et les coups d’État, poursuit-il, le passé de la France témoigne d’une propension naturelle à la guerre civile et à la division. Un siècle a été nécessaire pour passer de la Révolution à la République, un autre pour trouver un équilibre satisfaisant entre la démocratie parlementaire et la primauté de l’exécutif. » Fin de citation.

Pour dire, en un mot, que près de deux cents ont été nécessaires pour que la France devienne la France républicaine et démocratique que l’on connait aujourd’hui. L’Afrique, elle aussi, aura besoin de temps pour se construire, s’unir, et nourrir ses enfants. Certes, les raccourcis existent mais un enfant ne marche pas sur ses pieds dès sa naissance. Il est un temps pour naître, un temps pour marcher, un temps pour se hâter ! Quant à « grandir », il y faut autre chose que le temps ! Non, le plein développement de l’Afrique ne peut pas être enfermé dans les marges des dates des indépendances. Soixante ou soixante-dix ans, c’est si peu, très peu, tellement peu!

Le haut débit des candidatures à l’élection présidentielle prochaine de février 2024, ne doit pas faire ni peur ni sourire. Cela sent bon, tout simplement! C’est une bonne respiration ! Une conscience nouvelle est née par le flux vertigineux de tant de candidatures ! Un nouveau pays émerge et qui fait peur au regard du poids colossal de sa jeunesse vibrante mais sous-employée, non formée, et sous l’étau d’un analphabétisme effrayant ! Ce super flux de prétendants au pouvoir prouve que rien ne sera plus comme avant et que rien n’a été, tout simplement, comme avant. Formule creuse ! Bien sûr, tout ne sera pas acquis avec le prochain Chef de l’État. Il faudra encore compter près de 50 ans de marche vers la consolidation d’un véritable développement qui prendra enfin en charge une grande démocratie. Pas avant.

Le gaz et le pétrole ne seront rien d’autre que des accélérateurs. Pas plus. Mais viendra un grand petit pays où la jeunesse n’aura plus à courir les océans ! Ce sera devenu comme un vieux film comme celui du temps de la conquête de l’Amérique par les migrants d’Europe qui cherchaient leur pain!

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Un Chef d’État, parmi les meilleurs, se doit d’être comme une pomme de terre, c’est à dire être populaire et VIP à la fois ! La pomme de terre, en effet, nourrit le pauvre comme le riche. Seuls les condiments chez l’un comme chez l’autre, font la différence et la parure de la table Le plus difficile aujourd’hui, dans le monde, n’est pas de mourir, mais de vivre !

Macky Sall aura bâti, beaucoup bâti pour le développement de son pays, au regard des actes posés et des réalisations sorties de terre. Son règne aura eu le goût des orages et la promesse sûre des semences. Chacun est libre de juger en mal ou en bien son héritage pour le Sénégal. Personne n’a raison. Personne n’a tort. Chacun est dans son fuseau horaire, selon son camp. L’histoire sera seul juge.

Ousmane Sonko, pour le nommer parmi les opposants les plus emblématiques apparus sous Macky Sall, aura beaucoup contribué à la naissance d’une nouvelle conscience citoyenne constructive ou destructive selon le camp choisi, mais unanimement courageuse, risquée, écervelée, tranchante, mordante, belliqueuse, rebelle, intrépide, engagée, implacable, qui aura ébranlé la République pour la conduire à plus de questionnements, de postures défensives, de certitudes trouées. Les Sénégalais sont à la fois foudroyés, charmés, étonnés, surpris, choqués, déçus, divisés, c’est selon, par ce jeune «Christ sans plaie » qui a tenu en haleine le Sénégal, tenu en joue l’État qui ne l’a pas laissé appuyer sur la dernière gâchette. Mais les marques sont profondes qui ont mis à mal un État qui a appris à la fois à avoir peur et à vite faire face pour préserver, sans faiblesse, ses fondements, en y mettant le prix responsable et impopulaire à payer !

Le phénomène Sonko ne peut qu’être plein d’enseignements. Il s’inscrit naturellement dans la marche d’une République qui grandit, souffre, apprend et s’affirme. Sonko est en effet un phénomène singulier apparut sous le régime de Macky Sall comme le furent les opposants comme Majmouth Diop et autres redoutables frondeurs politiques et intellectuels solides qui ont ébranlé et fait trembler le pouvoir de Senghor. Sans compter l’inoubliable Mamadou Dia, enfant de Khombole, né le 18 juillet 1910, souverainiste, acteur politique brillant découvert, parrainé, installé et révélé par Senghor. Il fut un idéaliste, un indomptable, un rebelle et un frondeur à l’intérieur même du système républicain où il occupait une place de choix comme Président du Conseil, avant de finir en prison pour très longtemps ! Parmi ses avocats on se rappelle d’Abdoulaye Wade et Robert Badinter. Parmi ceux qui avaient demandé sa libération, on peut citer Jean-Paul Sartre, le Pape Jean XXIII et un certain François Mitterrand ! Vrai ou faux, il déjeunera avec Senghor le jour de sa sortie de prison ! Après Senghor et ses redoutables opposants poussés dans le maquis, puis à l’exil ou mis en prison, seul Macky Sall a eu un opposant aussi singulier que Sonko, souverainiste, sans masque, debout, inébranlable, inflexible et comme possédé. Abdoulaye Wade qui a hanté le régime de Abdou Diouf était presque un opposant à l’eau de rose comparé à Sonko !

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La fermeté, la riposte et l’autorité de Senghor furent inébranlables. Il nous confia même que ces farouches opposants qu’il qualifiait d’obédience communiste et marxiste, avaient été si radicaux et si dangereux pour la jeune République Sénégalaise, qu’il renonça à quitter le pouvoir comme il l’avait programmé et souhaité pour désormais prendre le temps de bâtir une République solide, stable et durable avant de la céder à son successeur dont il prit le soin, contrairement à toute démocratie, de le choisir lui-même et de l’installer lui-même directement au pouvoir, en ayant modifié la Constitution dans ce sens. En choisissant ainsi Abdou Diouf en lieu et place de ses plus proches compagnons de lutte qui ont tout donné au Parti socialiste, il installa une froide et durable gêne. Il s’en expliquera sans ôter une virgule à son choix ! Des années et des années plus tard, malgré ce que fut la désenghorisation par le régime de Diouf, il me confia ceci : « Si c’était à refaire encore aujourd’hui, je choisirais Abdou Diouf. » Senghor était unique !

Le piquant est que ce scénario n’est pas bien loin de celui de Macky Sall avec le choix d’Amadou Ba face aux premiers généraux, compagnons fondateurs de l’APR. Les grincements de dents ont ainsi débordé les mâchoires de certains de ses proches et amis qui ont choisi d’allumer leur propre moteur en ayant pris le temps, au pouvoir, de stoker assez de carburant pour rouler sans risque. Rien n’est véritablement nouveau au pays de Kocc Barma ! Seuls ceux qui savent, savent et se taisent. Tous les autres croient vivre un nouveau temps du Sénégal qui est loin de l’être. L’histoire politique du Sénégal sait être amusante et surprenante ! Ce temps de l’histoire de notre jeune République se devait d’être rappelée ici et méditée. Il reste que l’État doit être coûte que coûte préservé et les libertés coûte que coûte garanties, protégées. A tous les prix pour les deux, ce qui n’est pas toujours le cas pour les seconds, au nom de la raison d’État !

La marche du Sénégal vers son vrai développement et son plein épanouissement démocratique continue molo-molo. Elle durera le temps que durera sa consolidation, son affermissement, la cueillette finale des fruits. C’est une règle dure et douloureuse ! Elle s’imposera à tous, aux morts comme aux vivants !

Ce pays a beaucoup voyagé, depuis nos ancêtres, mais la route est longue, très longue encore pour arriver aux champs de la félicité. Jetons de l’eau ! « Jetons de l’eau trois fois aux pas des portes » pour ouvrir les fastes horizons ! D’ici là, beaucoup d’entre nous et nombre de générations auront passé… Ce n’est pas le prix à payer. C’est la marche normale des aiguilles de l’horloge pour que mûrissent les fruits ! A quoi servirait-il de tirer sur la tige pour la faire pousser plus vite ?

Amadou Lamine SALL

Poète Lauréat des Grands Prix de l’Académie française Lauréat 2023 du Grand Prix de Poésie africaine







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