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Mais Qui Donc A Peur D’une Candidature De Karim Wade ?

Car ce que les Sénégalais attendent de la prochaine campagne électorale, c’est que les candidats leur exposent des programmes argumentés, convaincants et réalisables et aussi qu’ils leur disent clairement où et comment est ce qu’ils veulent conduire la barque Sénégal au cours des cinq prochaines années. Ce étant bien entendu qu’il ne saurait y avoir de démiurge ni de sauveur suprême encore moins de faiseurs de miracles.

La situation économique du pays est à ce point catastrophique — malgré ce qu’on fait dire aux statistiques ! —, l’endettement extérieur et intérieur tellement abyssal, les TPE-PME-PMI se trouvent dans une tourmente telle et l’industrie est à ce point comateuse — n’en jetons plus! —, la cohésion sociale aussi est si déchirée, si en lambeaux, qu’il faut que les divers candidats nous expliquent comment ils comptent nous sortir de cette situation de quasi-faillite de notre pays. Une situation que masquent à peine les réalisations de prestige et tape-à-l’œil inaugurées en grande pompe ces jours-ci. Ne parlons pas du chômage à ce point massif et du désespoir si profond qu’il pousse des milliers de jeunes Sénégalais à prendre les pirogues de la mort, à emprunter le désert du Sahara ou s’envoler vers le Nicaragua en espérant pouvoir, à compter du pays des sandinistes, rejoindre les Etats-Unis d’Amérique. Quant à la situation de nos universités, il suffit d’évoquer la fermeture de la principale d’entre elle depuis plusieurs mois et sans perspective claire de réouverture pour une reprise des cours en présentiel pour se rendre compte de la désastreuse situation de notre enseignement supérieur. Or comment, justement, préparer notre pays à entrer dans le monde de demain marqué par l’Intelligence artificielle et qui commence en réalité dès aujourd’hui ? Et puis il y a cette démographie galopante et débridée qui rend vains tous les efforts de développement, faisant que les importants investissements consentis dans les secteurs de l’éducation et de la santé constituent une goutte d’eau dans la mer de besoins chaque année plus importants. Deux secteurs — mais pas seulement eux — qui constituent de véritables tonneaux des Danaïdes tellement nous faisons des enfants (qui le plus souvent ne reçoivent aucun enseignement) sans que quiconque ose aborder ce sujet tabou. Bien entendu, il s’agit juste de donner une idée de l’ampleur et de la complexité des problèmes auxquels le Sénégal est confrontés car il ne s’agit pas dans le cadre de ce présent papier de les énumérer tous.

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Le Sénégal a besoin d’un capitaine expérimenté à la barre !

Face à une situation aussi compliquée et des défis aussi pressants, il est évident qu’on aura besoin d’un capitaine expérimenté à la barre, un capitaine qui sache mener la barque Sénégal à travers les flots d’une mer déchaînée et sans fracasser le frêle esquif sur les rochers. Ou, tout simplement, sans qu’il se renverse. D’où l’importance des programmes des candidats au-delà des attaques ad hominem auxquelles nous avons eu droit jusqu’à présent.

C’est justement sur ce terrain des programmes que nous attendons les candidats dont les dossiers seront validés par le Conseil constitutionnel et non sur des attaques qui risquent de nous divertir, de nous détourner de l’essentiel voire d’exclure des candidats qui ont incontestablement une valeur ajoutée à apporter à ces débats en termes d’expertise, d’expérience, de vécu, de relations.

Toutes choses qui nous font dire que le débat sur la nationalité française de Karim Wade est non seulement nauséabond mais encore inopportun. Le fils de l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, né français de par sa mère, a accompli toutes les formalités prescrites pour renoncer à cette nationalité histoire de se conformer à la Constitution sénégalaise. Et il a reçu de l’administration française un courrier attestant ou prenant acte de cette renonciation. A partir de ce moment, peut-il être tenu pour responsable des carences de l’administration française qui n’aurait pas tiré les conséquences de cette renonciation en le radiant des listes électorales ? La réponse est non, bien sûr. De la même manière qu’il est arrive au Sénégal que des personnes condamnées à des peines privatives de droits civiques continuent à figurer dans les registres électoraux — ce n’est pas tout le monde qui se voit radier en mode fast-track des listes électorales comme Ousmane Sonko ! —, l’administration française aussi peut faire preuve de négligences qui, dans le cas d’espèce, ne sauraient être imputées à KMW. Tout le monde a vu le grand courage dont l’ancien ministre « du Ciel et de la Terre » a fait montre lorsqu’il a été convoqué par la justice sénégalaise, plus précisément la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Se trouvant alors à l’étranger, il était rentré pour faire face aux accusations dont il était l’objet. Condamné à l’issue d’un procès stalinien par un tribunal d’exception à six ans de prison ferme et 138 milliards de francs d’amende, c’est avec stoïcisme qu’il a purgé la moitié de sa peine. Pour avoir eu l’occasion de lui rendre visite à deux reprises à la prison de Rebeuss, j’ai pu me rendre compte par moi-même de l’endurance dont il avait fait montre à cette occasion. Pendant toutes ces épreuves, Karim Wade s’est défendu crânement sans bénéficier de l’assistance consulaire française ! Or, pour moins que ça, des ressortissants français ayant maille à partir avec la justice d’autres pays ont eu à bénéficier de l’assistance de leurs autorités consulaires. Au vrai, nul plus que lui n’a subi dans sa chair l’acharnement du régime en place. Il est celui qui a le plus duré en prison — en plus d’être exilé à l’issue de son séjour carcéral — suivi de Khalifa Ababacar Sall étant donné que, pour Ousmane Sonko, autre grand persécuté, on souhaite que son emprisonnement prenne fin au plus tard le 05 avril prochain.

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Karim Wade devrait-il payer pour le fait d’être né d’une mère française ? Assurément non ! Pour avoir vu ce que le concept d’ « ivoirité » a coûté à la Côte d’Ivoire, il convient de s’opposer aux prophètes de malheur qui veulent promouvoir l’exclusion et la xénophobie dans notre cher pays. Au contraire, et encore une fois, le Sénégal a besoin de l’apport de tous ses fils — surtout ceux d’entre eux qui ont acquis une expertise à l’international — pour sortir de sa désastreuse situation et se construire. Quoi — pour ne parler que de la seule France et pour autant qu’ils aient des ambitions présidentielles — devrait-on renoncer aux apport de l’actuel président de la Fédération française de football, de l’ancien ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye, des anciennes ministres Rama Yade et Sibeth Ndiaye (j’ai vu cette dernière jouant gamine dans le salon de mon « grand » Fara Ndiaye et de son épouse Mireille qui m’adorait) — pour ne citer que ceux-là ?

La compétition mondiale est tellement acharnée et féroce que les pays ont besoin des meilleurs de leurs enfants, où qu’ils se trouvent, pour espérer s’en sortir. A l’exemple de l’équipe nationale de football composée de professionnels évoluant dans les championnats les plus relevés, nous avons besoin au niveau de l’Etat des Sénégalais expatriés, l’essentiel étant que, pour ceux d’entre eux qui voudraient briguer la magistrature suprême de ce pays, ils renoncent à leurs éventuelles autres nationalités pour se conformer à la Constitution.

Banquier international ayant fait ses preuves sur la place de Londres— et aujourd’hui dans le Golfe persique où son expertise a fini de convaincre ! — ayant été un excellent ministre, quoi que puissent en dire ses détracteurs, meneur d’hommes, moderne ayant une vision des problèmes du monde contemporain et des moyens de les résoudre, ayant appris de ses erreurs (mais qui n’en a jamais commis ?) durant sa longue traversée du désert, persécuté jusqu’au martyre par le régime en place, doté d’un programme qu’il serait intéressant de faire découvrir aux Sénégalais, Karim Meïssa Wade aura assurément sa place durant la prochaine élection présidentielle et pourrait contribuer à relever le niveau des débats durant la campagne électorale. L’acceptation de sa candidature est donc plus que souhaitable, une exigence !

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Mamadou Oumar NDIAYE







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