La mélancolie est un « état de dépression, de tristesse vague, de dégoût de la vie, accompagnée d’une propension habituelle au pessimisme”. (Larousse).Elle se traduit par un état de morosité permanent.
Le président Macky Sall est mélancolique.
Cette mélancolie est d’abord due à son renoncement à un troisième mandat « largement mérité » selon lui. La totale indifférence avec laquelle les Sénégalais accueillent ce bilan qu’il nous assène en toutes occasions, l’intrigue. Autant d’ingratitude l’attriste.
Ce troisième mandat, il y avait « droit », seul son « code d’honneur » l’a contraint à y renoncer. La faible mobilisation populaire en soutien à sa troisième candidature l’a certainement déçu et a porté gravement atteinte à son orgueil.
Tous les jours que Dieu fait, on le voit bien qu’il regrette cette décision. D’où cette mélancolie qu’il porte d’un pas lourd, le visage fermé, l’invective facile, le regard méprisant même quand il se retrouve uniquement entouré de ses collaborateurs et de ses fidèles. Surtout envers ceux qui l’ont encouragé à rester fidèle à son “code d”honneur”.
Son rêve d’instaurer une autocratie et pourquoi pas une présidence à vie a l’instar de ses homologues d’Afrique centrale est parti en fumée : Sénégal émirat pétrolier ? Infrastructures en chantier ? Réforme du système financier international ? Et non, ce ne sera pas sous son magistère. La déception est profonde.
Cette mélancolie nourrit la rancoeur inépuisable qu’il cultive à l’encontre d’Ousmane Sonko dont la popularité inébranlable malgré les complots, séquestrations et emprisonnements enrage un président mal aimé. Ce qui en retour alimente sa mélancolie. Il aura tout essayé depuis trois ans !
Le président se compare souvent à un champion de lutte défié par un jeune prétendant au titre de roi des arènes. Mais contrairement à la politique telle que la conçoit Macky Sall, les Sénégalais savent et apprécient que la lutte a des règles fixes connues d’avance. De plus, dans la lutte on n’élimine pas d’avance un adversaire par des complots extra sportifs et surtout, le champion ne peut pas être l’arbitre de ses propres combats. Ce champion ne sera donc pas légitime. Ça le rend désespérément triste de ne pas être encensé pour ses exploits dans l’arène politique.
Du bout des lèvres, il a désigné malgré tout un candidat, mais qui ne peut gagner que s’il réussit à écarter Ousmane Sonko.Et encore ! Le Pastef même dissous continue à hanter ses nuits. Il ne dirige plus le pays. Il inaugure y compris des premières pierres et des bus ! Et des avenues rebaptisées à son nom. Pathetique.
Ayant pour l’instant emprisonné Ousmane Sonko, il cherche quand même à en découdre avec son nouvel ennemi : le « chaos » qui tarde à se matérialiser. Pourtant, il s’y est préparé. On ne le prendra plus par « surprise », nous a-t-il prévenu. Il s’est armé, a remanié le commandement des forces de sécurité, a recruté ses nervis, a emprisonné à tour de bras, a refusé d’ouvrir des enquêtes sur les violations flagrantes des droits humains et a multiplié les provocations tel le blocus de la Casamance. Il a poursuivi l’acharnement judiciaire sur Ousmane Sonko, mais il n’est pas à l’abri de « petits juges » intègres.
Qu’a cela ne tienne. On ne lui fera pas le cadeau d’un “chaos” à six semaines de l’élection. A quoi bon ? Tout le monde en est conscient, car c’est le futur qui nous intéresse. Le refus de cette confrontation ajoute à son spleen.
D’autant plus que la vie d’un ancien président en Afrique de nos jours est remplie d’incertitudes.
C’est vrai, il y a de quoi sombrer dans la dépression.