Il n’est pas élégant de polémiquer sur le respect d’une décision de justice qui n’est susceptible d’aucun recours et qui s‘impose à tous, «erga omnes». La responsabilité d’un homme d’Etat s’exerce en gardant à l’esprit que le temps est juste. Il rattrape ceux qui tournent le dos à l’éthique. Il expose ceux qui abusent de l’impérium d’un éphémère pouvoir. Il s’arrête un jour, pour chacun, avec nos actes gravés pour l’éternité. Complots, diversions, raison et passions passeront ; et ne comptera plus que le souverain Bien.
Quelle est donc cette contraignante « morale de la paix » qui impose le dialogue, l’amnistie et la dérogation aux lois pour sortir d’une crise institutionnelle majeure qui n’existe que dans la tête de quelques hommes ? On se croirait dans une certaine Afrique. Du reste, devoirs de réconciliation, de mémoire et de repentir vont ensemble .
Le temps des combats politiques n’est jamais suspendu, mais il a son calendrier consigné dans le corpus des lois. Par ailleurs, ses acteurs ne sont pas exonérés des règles de la vie publique dans leur lutte pour le pouvoir. La mémoire collective enseigne que le commun vouloir de vivre ensemble intègre que les braves soient primés, les criminels condamnés, et les dirigeants choisis à des intervalles réguliers et prédéfinis.
L’arbitre constitutionnel se charge de nous rappeler le dernier point. On nous promet que nous serons fixés, au décours des concertations ouvertes le 26 Février 2024, sur l’interprétation consensuelle que ceux qui y adhérent se font de sa dernière décision. L’Assemblée des Élus se chargerait ensuite d’acter les formes . On ose espérer que l’agenda de la compromission ne sera pas alors consacré.
Honorables ; à la même date en 2021, résonnait la cacophonie de la levée de l’immunité d’un de vos pairs. Les faits qui ont suivi sont connus jusqu’au texte adopté au mépris de la loi fondamentale.
Le moment est propice pour s’interroger sur le sens de votre mission. En toute normalité, Il peut être nécessaire d’ aider à la manifestation d’une vérité équitable, au nom de l’égalité des hommes en droit. Il faut juste avoir une claire conscience de sa responsabilité et une lucidité prospective. D’autres délibérations suivront qui réclament la même vertu ; sur l’amendement des lois pour les rendre moins équivoques ; sur la régulation de l’action gouvernementale, ou l’engagement des moyens de l’État au service du bien commun. Cela participe de la continuité de l’État.
Usons ainsi de notre droit de rappel à ceux décident en notre nom sur la présente élection présidentielle ; même si nous sommes rassurés que les « Sages » puissent encore livrer leur partition au bal des Élus… . En espérant que le tourbillon des politiques ne leur arrachera point leur baguette de Justes.
Seriñ Kabbe