Retoquage du report de la présidentielle et de la reprise du processus électoral par le Conseil constitutionnel ; fiasco total du dialogue dit « national » ; adoption controversée d’une proposition de loi impopulaire sur l’amnistie ; insuccès du projet nommé par la presse « protocole du Cap Manuel », etc. l’observation des récents évènements de la scène politique de notre pays semble indiquer que nous soyons à présent entrés dans la dernière scène de la tragédie, celle du jeu de la mort. Cette séquence politique se distingue de tous les épisodes successifs enflammés des luttes et confrontations violentes vécus jusqu’ici, par diverses réalités objectives.
Tout d’abord, le pouvoir dirigeant s’est révélé aux yeux de tous, non pas comme une « classe politique » dans le sens habituel du terme, mais comme un régime politique mafieux et criminel. Ce point élève désormais les rapports politiques de classe et leur vécu dans la conscience du peuple comme un conflit irréconciliable. La sonkorisation et le rejet psychologique de tout dialogue en sont l’illustration, de même que la disqualification de tous ceux qui tentent une médiation entre les deux camps opposés.
Ces éléments et d’autres qui se révèlent dans les médias et réseaux sociaux, montrent que le conflit est ouvert. A travers, l’antagonisme sur le vote de la loi d’amnistie et les contradictions sur la date de l’élection présidentielle, l’on peut d’ailleurs voir à quel point le conflit est consommé.
Ensuite, il appert que les rapports de force qui sont la trame de ce conflit de pouvoir ont fini d’évoluer en faveur du peuple et du Pastef. Ce parti qui remporte la palme de la popularité depuis 2019, est à présent aguerri. Malgré la répression sanglante et barbare dont les témoignages des prisonniers politiques libérés rendent compte, malgré sa dissolution et l’arrestation de son leader, ainsi que toutes les tracasseries qu’il a subies (interdiction de son congrès d’investiture par deux fois, fermeture de son siège, entraves sur ses procédures de financement), le peuple dont la jeunesse révoltée et toutes les catégories sociales, est resté debout, solidaire et résolu aux côtés de Pastef.
Aussi, le report de l’élection présidentielle a justifié, a posteriori, sa radicalité qui avait été jusqu’ici critiquée par une partie de l’élite, de la société civile et des seniors. D’ailleurs, les importantes victoires du Pastef sur le plan judiciaire, diplomatique et communicationnel, ont également renforcé la pression sur Macky Sall et son clan qui avaient été déjà amenés à renoncer à une troisième candidature scélérate.
À ce stade, il n’y a aucun doute que la cause est perdue pour le pouvoir dont un des revers majeurs reste le retoquage de ses initiatives juridiques et politiques par le Conseil Constitutionnel qui ne joue plus le jeu de la soumission, de même que manifestement une frange importante de la magistrature. Voilà donc que des points d’appui essentiels du régime s’affaissent au moment même où le pouvoir est gagné par des fissures de plus en plus béantes en son sein et que des membres influents du système se démarquent ou abandonnent le navire qui sombre. Il ne reste à présent que la séquence de la fin, celle du jeu de la mort. L’on risque, en effet, de voir monter au créneau et mener des manœuvres désespérées les éléments les plus radicaux, les compradores les plus conservateurs, impliqués à divers degrés dans la spoliation des ressources et des finances du pays.
Ces éléments – politiciens, journalistes, membres des forces de défense et de sécurité, éléments du clan présidentiel ethno-affairiste, courtiers de tout bord – en désarroi de ce qui les attend, pourraient être à l’origine de lâches combats de dernière heure. Il faut s’attendre à ce qu’ils se mettent à diffuser des mensonges, à procéder à des manipulations politiques, à faire des provocations, à simuler des agressions à mettre sur le dos de Pastef et de ses dirigeants.
Nous risquons de vivre ainsi, du fait des crapules du système, l’épisode difficile d’une fin de règne où sent l’odeur de la mort du système et de son modèle hideux. En réalité, s’appliquent ici et maintenant deux lois de la dialectique de la Nature et de l’Histoire.
En premier lieu, la loi dialectique que tout naît, se développe et disparaît. En second lieu, la loi dialectique que tout système de domination fondé sur l’exercice de la violence fini par être détruit par la violence elle-même. Cette ultime fin de règne pourrait se traduire donc par une volonté de désorganiser par diverses manœuvres la configuration actuelle des rapports de force politiques favorables au Pastef et au peuple. C’est ainsi qu’un climat de confusion pourrait être installé dans une atmosphère délétère dans le seul but de retarder et même de rendre impossible le cours inéluctable de la défaite qui s’annonce. L’objectif serait de perturber et de désactiver le processus vers la victoire électorale.
Il appartient au peuple de faire preuve d’intelligence collective et à Pastef de gérer en toute lucidité les tentatives répétées de désespoir et de ne pas tomber dans le piège de l’accessoire en retrouvant l’ennemi sur le terrain glissant où il veut situer la bataille. Nous devons continuer à tenir ferme la victoire entre nos mains et les laisser se faire prendre dans les mailles des filets de leurs propres turpitudes. Pour ce faire, nous devons impérativement écarter de notre esprit le doute sur notre victoire, garder la confiance entière en notre leader Ousmane Sonko et nous appuyer en toutes circonstances sur le génie créateur et la force invincible de notre peuple qui nous en donne des leçons tous les jours.
Nous devons également gérer de manière intelligente les alliances de plus en plus larges avec ceux qui rejoignent nos rangs sans être de notre famille, puisque certains manifestement le font par opportunisme ou par infiltration. En effet, une loi est que lorsque la lutte des masses prend un tournant décisif, des éléments de l’élite au pouvoir, des neutres, des opportunistes de tout bord rejoignent la vague déferlante. Cette catégorie doit être traitée politiquement et de manière différenciée, l’objectif étant de dégarnir le maximum les rangs de l’ennemi.