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Chapiteau CÉleste

Allaah, Allaah…

Allaah, Allaah !

Plus que de simples sons qui sortent de bouches en harmonie, le souffle lourd traduit la ferveur des âmes bénies en cet après-midi de vendredi à la zawiya de Pikin. Dans ce microcosme populeux de la rue 10, le passant aux yeux écarquillés est on ne peut plus médusé. Entre brouhaha ambiant par ci, concert de klaxons et autres bruits de transistors inféodés aux échoppes et étals de rue par-là, le chœur impose sa loi pour que résonne le Nom Sublime au firmament de l’entendement. Lumière céleste, elle est la seule antimatière, en ce jour saint, en mesure de transpercer les cœurs profanés pour leur insuffler ce goût du Divin dans un monde en perdition. En un mot comme en mille, ça sent Dieu partout à Pikin, chez Seex Abdul Hamid Saar. Le tapis vert en guise de natte était trop étroit pour contenir le monde venu des coins et recoins de Dakaar pour cette traditionnelle ziyaara en l’honneur du Phare de la guidance. Móodu Kama Caw, islamologue au talent métrique reconnu, qui plus est une voix autorisée de la hadara, louera l’inestimable mérite du Cheikh – qu’il qualifie au demeurant de rameur en eaux troubles – qui est l’application de la sentence contenue dans Rimah : Accepter de vous ranger derrière l’abreuvoir de votre époque quel que soit par ailleurs votre degré de sainteté. Une chose est de la connaître mais une autre est de l’appliquer dans toute sa rigueur en s’affranchissant des pesanteurs sociales et/ou contingences culturelles.

Et pourtant, l’observateur averti y verra un certain bégaiement de l’histoire. En terres sénégalaises, l’illustre Maxtaar Penda SI, congénère de Seexu Omar, n’aura pas hésité à se ranger derrière le jeune Tafsiir Maba, porte-étendard du Jihad à la suite de sa désignation comme continuateur de la guerre sainte par l’aigle de Halwaar avant son départ vers le Mandé. Allaaji Maalig SI, à son époque, avait reçu allégeance et adhésion de nombre de hauts dignitaires de la Tijjaaniya qui étaient plus âgés que lui. Quoi de plus normal donc pour le guide averti et de surcroît sincère dans sa guidance, de rallier la cause de Sang bi Jóob, le dépositaire du legs des 《anciens》 ? Il faut donc voir dans cet acte de Muhiidin Seex Abdul Hamid Saar, une grande humilité doublée de courage. C’est le propre des âmes bénies de poser des actes dont la difficulté de la faisabilité n’a d’égal que la facilité de la dicibilité. C’était bien facile pour Ibliis de reconnaître la faculté de l’Omnipotent de créer un être qui lui est supérieur. Mais c’était tout autant difficile pour lui de faire acte de prosternation devant cet être fait d’argile. La ruse, voisine de l’intelligence, n’a jamais conduit le rusé vers la félicité car celle-là commande l’humilité là où celle-ci est l’œuvre même de l’ego.

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Dans son adresse aux fidèles, Seex Abdul Hamiid aura loué cet acte de Sang bi Jóob en revenant sur l’importance de la Hadaratul Jumaa dans la voie. Acte exclusivement voué au Divin par sa composition en Heylalaa et Allaa, le disciple Tijaani, par la probité se son intention de s’y adonner, trouve là, la voie de la félicité. Car quiconque est à la recherche de la félicité doit strictement se conformer aux injonctions du vrai maître et c’est ainsi que le résultat escompté est obtenu. Oraison majeure de la voie, Seex Ahmada Tijaani(Qu’Allah sanctifie son précieux secret et qu’IL soit satisfait de lui) l’a reçue du Prophète PSL. Acte auparavant pratiqué dans la voie Xalwatii, son importance peut se jauger au fait d’être le seul à bénéficier de la présence du Prophète dès le départ. Les détenteurs du privilège du dévoilement apprécient hautement la délectation de la meilleure des créatures durant l’accomplissement d’une telle oraison tant il est vrai qu’Il demeure le plus accompli des musulmans.

Ainsi, le zikr, notamment la Hadaratul Jumaa, demeure la clé de rapprochement au Divin, au Prophète PSL et à Seex Ahmad Tijaani (Qu’Allah sanctifie son précieux secret et qu’IL soit satisfait de lui). Le vrai musulman est donc celui qui s’adonne constamment au zikr, à la quête du Divin, des Prophètes et Saints sans coup férir.

Revenant sur Sang bi Jóob, Seex Abdul Hamiid dira que c’est la marque des hommes de Dieu comme lui de dire ce qu’ils ont expérimenté ou surpassé, à la différence des hommes de science qui s’expriment à partir du spectre réduit de l’intellect. Ainsi, en indiquant Sang bi Jóob, c’est le calife de Dieu qu’il montre. A charge donc pour chaque disciple de savoir comment profiter de ce bienfait.

Dans son discours d’ouverture, Móodu Kama Caw est revenu sur les deux grâces qui vont de pair, à savoir l’avantage de la rencontre avec Sang bi Jóob par l’entremise de Seex Abdul Hamiid Saar que les disciples doivent célébrer. C’est au demeurant, le sens à donner à cette ziyaara. Parmi les innombrables grâces dont le Tout-puissant a comblé le musulman, celle d’être musulman reste la plus grande. D’où l’importance du soufisme pour préserver la foi musulmane en la reconnectant à son sens originel dans un monde corrosif, qui reste la soumission exclusive à Allaah. Mutatis mutandis, le soufisme à son tour connaîtra moult infestations de prédateurs sous les apparences de guides au point de requérir une longue tradition de réformateurs et révivificateurs tous méritants pour avoir chacun, en fonction du contexte de son époque, rétabli la vérité originelle. Ces mérites culmineront pour ainsi dire, avec l’avènement de Seyid Seex Ahmada Tijaani (Qu’Allah sanctifie son précieux secret et qu’IL soit satisfait de lui). Marchant sur les plates-bandes de ses prédécesseurs, la Tijjaaniya aura à son tour subi bien des dérives telles que percusions et danses aux relents de paganisme. Ainsi donc, en phase avec le conseil d’Abul Àbbaas Al Mursiiyu qui enjoint l’aspirant à opérer le choix de son guide sous la bienveillance du connaisseur sincère ; car ce dernier, faisant fi des signes extérieurs, fonde le choix d’un guide sur des critères autres. C’est le sens à donner ainsi aux indications de Seex Abdul Hamiid Saar à l’endroit de Seex Mohamed Jóob At-Tijjaani. D’où la gémellité de grâces qui forcent à prier pour la longévité et la vitalité de leur porteur, par les innombrables bénéficiaires tant il est vrai que ces deux guides incarnent la fierté de l’islam, de ses plus illustres serviteurs, en l’occurence le Prophète PSL, Seex Ahmada Tijaani RTA, Seex Mohamed Al Ghali, Seex Omar Fuutiyu, Maam Alfa et Seex Al Haaji Maalig. Pour finir, il reviendra sur son récent poème aux succulents vers en l’honneur du Cheikh :

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– Vous [ndlr : Seex Abdul Hamiid] êtes en vérité, la fierté de Seex Seydil Haaji Maalig.

– Si Seydil Haaji Maalig avait à choisir un missionnaire pour sa postérité, vous seriez le meilleur choix possible.

– Vous êtes le pourvoyeur des nécessiteux en quête de Dieu. Vous êtes le meilleur remède pour les malades de la voie.

– Car ils sont nombreux à revivifier les chartes de la confrérie, notamment le respect des prières canoniques et des wazifa en assemblée alors qu’ils ne vous ont jamais vu. Vous êtes donc le guérisseur des malades de la Tijjaaniya dans ce monde.

– La Tijjaaniya, telle une pirogue en mer, avance sous votre impulsion. Vous êtes donc un don à cette confrérie pour l’atteinte de sa mission.

– D’autres comme moi [ndlr : Móodu Kama Caw], ont pu « retrouver la vue » grâce à vous [ndlr : Seex Abdul Hamiid] alors qu’ils végétaient aux lisières de brasiers par égarement.

– Vous avez su attacher nos cordes à celle de Sang bi Jóob qui est le sauveur de quiconque, nécessiteux et voulant être comblé de grâces.

– Certes, en Sang bi Jóob, nous avons trouvé un sauveteur, qui a su raviver des soleils en passe de s’éteindre à jamais, conformément aux coups d’éclat de son homonyme de Prophète PSL.

– Oh Allaah, nous rendons donc grâce à ton sujet-ci [ndlr : Seex Abdul Hamiid] en t’implorant de lui accorder la longévité de Noé avec d’innombrables grâces.

La Communication de Sang bi Jóob

« Bàyyi di duufloo loo xamni daa néewi rekk.« 

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Son éloquence, connue de tous, s’est encore illustrée par des propos nimbés d’un halo de gratitude pour cette marque de générosité que Seex Abdul Hamiid ne cesse de faire montre à son égard en se positionnant en passerelle entre lui et les âmes. Ces dernières, pour ainsi dire, ont donc une dette morale envers lui [ndlr : Seex Abdul Hamiid]. C’est d’ailleurs le sens de nos actes envers Allaah que de témoigner notre gratitude par nos actes tels que la prière ou encore le jeûne.

Actualité de la ouma oblige, Sang bi, comme à son habitude, a profité de la séance pour parler de la crise israélo-palestinienne actuellement en cours. Dénonçant vertement l’omerta des chefs religieux d’ici et d’ailleurs, il a rappelé l’urgente nécessité pour les musulmans de s’unir alors même que les ennemis de l’islam se retrouvent. Le hadith du Prophète PSL est limpide sur cela : « Quiconque ne se préoccupe pas des affaires des musulmans n’en est pas un. » C’est le lieu d’ailleurs de saluer la récente communication de la haute autorité en Gambie, dénonçant les injustices faites à la Palestine.

« Doompat ci sot la bokk » dira Sang bi Jóob comme quoi dans une lutte, aucun effort n’est à sous-estimer pour arriver à vaincre l’adversaire. C’est donc sur ces entrefaites qu’une oraison spéciale de 65 jawharatul kamaal a été dite pour les frères palestiniens en espérant que l’esprit du « Markazil fuhuumi wal ma’aani » – le centre de toutes formes de compréhension et de signification – habite les bourreaux de gaza pour que se taisent à jamais les chars de la furie meurtrière et que la « Nuurul akwaani mutakawiinatil aadamiyi saahibil hàqi ràbbaani« – la lumière des êtres en cours de formation humaine leur inspire l’humanité dont notre monde a besoin.

La ziyaara aura vécu. Les guides repartent amenant avec eux toute la solennité de l’événement.







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