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Comment Le Controle Des Elites Locales Peut FaÇonner L’industrie Mondiale Des Batteries

La République démocratique du Congo (RDC), un pays riche en minerais, est souvent présentée comme une victime de l’exploitation par la Chine, les États-Unis et l’Europe dans leur compétition pour ses minerais, qui sont essentiels pour la transition énergétique.

Mais nos recherches ont révélé que la RDC peut influencer le marché du cobalt, dont elle est le plus grand producteur. Le cobalt est un métal très important. Il réduit la surchauffe des batteries et est essentiel à la fabrication des véhicules électriques.

Nos recherches, menées à la fois en Chine et en RDC, révèlent comment des gouvernements des gouvernements souvent perçus comme marginaux tels que la RD peuvent influencer voire façonner les industries mondiales.

Nos conclusions sont basées sur des mois de travail sur le terrain dans les mines artisanales et industrielles de cobalt de la RDC et sur les développements d’infrastructures en Chine. Nous avons également examiné les médias locaux et les documents gouvernementaux afin de passer en revue les décisions juridiques et administratives.

Nous avons constaté que le gouvernement de la RDC exerce un contrôle important, tant au niveau national que régional. Les décisions de politique minière prises par les politiciens de la capitale de la RDC, Kinshasa, ou des régions minières comme Kolwesi se répercutent sur l’ensemble des chaînes d’approvisionnement mondiales en batteries. Par exemple, en tant que producteur de 70 % du cobalt mondial, la RDC a une influence sur la chaîne d’approvisionnement mondiale des batteries pour véhicules électriques.

Vivre dans la pauvreté. Certains revenus miniers sont reversés au gouvernement, mais les communautés vivant à proximité des mines ne voient guère d’amélioration dans leur vie quotidienne. Nombre d’entre elles restent confrontées à la pauvreté, à la pollution et à des conditions de travail dangereuses à l’intérieur et autour des mines.

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LE TRAITEMENT DU COBALT EN CHINE

Le cobalt a été extrait pour la première fois en RDC en 1914 pendant la longue période de colonisation belge, de 1885 à 1960, lorsque de nombreuses ressources précieuses du pays ont été pillées par la Belgique.

Aujourd’hui, le cobalt de la RDC est expédié en Chine, qui représente 65 % de la transformation mondiale du cobalt en cathodes pour les batteries lithium-ion (batteries rechargeables). La Chine est également le plus grand producteur mondial de ces batteries et domine l’industrie des véhicules électriques. En 2023, une voiture sur cinq vendue dans le monde était un véhicule électrique.

En Chine, l’industrie du raffinage du cobalt et de la fabrication de batteries a connu une croissance rapide au cours des deux dernières décennies. Les entreprises chinoises ont investi massivement dans le développement de technologies de traitement avancées et d’installations de production à grande échelle.

Ces usines transforment le cobalt brut provenant de la RDC en composés de cobalt de haute pureté et les intègrent dans les cathodes des batteries. Des entreprises chinoises comme Huayou Cobalt, CATL et BYD sont devenues des leaders mondiaux dans le raffinage du cobalt et la production de batteries, approvisionnant le marché mondial des véhicules électriques.

L’INFLUENCE DE LA RDC SUR L’INDUSTRIE DU COBALT

Bien que les sociétés minières chinoises, privées et publiques, contrôlent de vastes gisements de cobalt en RDC, notre recherche a conclu que la RDC peut exercer une influence significative sur l’ensemble de l’industrie.

Par exemple, lorsque le gouvernement de la RDC a suspendu les exportations de la plus grande mine de cobalt appartenant à la Chine en 2022 en raison de différends financiers, il a temporairement interrompu environ 10 % de la production mondiale de cobalt.

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Fifi Masuka Saini a été nommé dans la province de Lualaba, riche en cobalt, elle a saisi des camions qui transportaient du cobalt pour faire pression sur les entreprises chinoises qui bénéficiaient des largesses de l’ancien gouverneur et proche allié du président Kabila. Le résultat a été un réalignement des opérateurs chinois sur le nouveau gouvernement.

La politique locale peut également être à l’origine d’un arrêt de la production. Par exemple, l’industrie chinoise du cobalt s’approvisionne en cobalt auprès de mineurs artisanaux. Et en 2021, le gouvernement national de la RDC a annulé les contrats provenant des sites artisanaux bien qu’ils aient été approuvés par le gouvernement provincial. Alors que Kinshasa a poussé à la création d’une société d’achat centralisée pour le cobalt artisanal produit dans la province, les intérêts provinciaux se sont opposés à cette approche. Les opérateurs chinois se sont retrouvés au cœur de ce conflit. Il s’en est suivi de longues négociations entre Chinois et Congolais, qui ont placé l’entreprise dans une situation délicate, soumise aux desiderata des volontés politiques de Kinshasa et de Kolwezi.

Le gouvernement a également été en mesure d’exercer son influence sur les minerais en faisant pression pour obtenir de meilleures conditions dans les contrats d’exploitation minière et une plus grande transformation des minerais au niveau national. En 2018, par exemple, il a déclaré que le cobalt était une ressource « stratégique » et a triplé les taxes à l’exportation.

LES POPULATIONS LOCALES N’EN ONT PAS PROFITÉ

Cependant, malgré l’influence que la RDC peut exercer sur le secteur, ceux qui devraient bénéficier de l’industrie lucrative du cobalt, comme les mineurs, ne voient pas d’amélioration.

Aujourd’hui, il existe au moins 67 mines artisanales de cobalt dans le sud-est de la RDC. Environ 150 000 mineurs artisanaux travaillent dans ce secteur et sont confrontés à des conditions dangereuses.

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Les mineurs sont exposés à de nombreux risques, notamment celui d’être ensevelis lors des éboulements de mines celui d’être exposés à des gaz radioactifs.

Les mineurs sont également exploités, jusqu’à 50 % de leurs revenus étant saisis par des coopératives, des associations de mineurs souvent contrôlées par des politiciens puissants. On estime que 40 000 enfants travaillent dans les mines artisanales de cobalt de la RDC dans des conditions dangereuses.

LES RÉALITÉS LOCALES COMPTENT

Nos recherches montrent que la transition vers des technologies énergétiques propres n’est pas simplement une question d’innovation scientifique ou de politique des grandes puissances. Les chaînes d’approvisionnement mondiales peuvent même être façonnées par les élections locales dans les villes minières africaines.

La transition vers les énergies renouvelables est mondiale. Des pays comme les ÉtatsUnis et la Chine doivent traiter les pays producteurs comme la RDC comme des partenaires dans la transition énergétique mondiale plutôt que comme de simples fournisseurs de matières premières dont les populations locales pourraient être affectées par cette transition. Cela pourrait se faire en soutenant la mise en place de chaînes d’approvisionnement localisées, une plus grande valeur ajoutée locale, y compris une transformation plus poussée du cobalt en RDC, des contrats plus équitables, etc.

Alors que la révolution des véhicules électriques s’accélère, les voix et les intérêts souvent négligés des régions productrices de minerais comme la RDC doivent être entendus. En révélant ces dynamiques de pouvoir moins visibles, cette recherche fournit des informations aux décideurs politiques, aux entreprises et aux citoyens concernés qui œuvrent pour un avenir énergétique plus propre.







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