La salle omnisports du Dakar Arena de Diamniadio a été prise d’assaut par les militants de Pastef samedi 19 octobre 2024. Ils répondaient à l’appel du président Ousmane Sonko pour une levée de fonds en vue du financement de la campagne législative de Pastef.
Les militants « patriotes » sont venus de tous les coins du pays, certains ont quitté leurs localités à l’aube pour s’assurer d’avoir une place pourtant payée à 1000F CFA et de participer ainsi à l’événement.
L’opération de levée de fonds dénommée « Waajal campagne » a permis de collecter dès ce premier jour la somme de 500 millions Fcfa grâce à la vente des billets d’entrée au Dakar Aréna, à la cotisation des cadres du parti et aux contributions en ligne, provenant surtout de la diaspora.
Selon le président du Pastef, au vu de l’enthousiasme des militants, le fonds pourrait atteindre le milliard FCFA dans quelques jours.
Bis bunu nee nepp sol kopati bu week nu def ko, lu nu yooyu jot ko
« Le jour où tout le monde comme un seul homme portera un bonnet blanc pour obéir au même mot d’ordre alors nous pourrons atteindre tout objectif que nous nous serons fixés ».
Cheikh Anta Diop avait fait de cette sentence, qu’il répétait par souci didactique, la mesure du niveau de préparation du peuple sénégalais à l’accomplissement de la révolution nationale démocratique.
A l’aune de cette sentence du Pharaon du Savoir, on peut dire au vu de l’événement du 19 octobre, que les militants de Pastef, si ce n’est le peuple sénégalais dans son ensemble, sont bien « prêts pour la révolution », comme disait l’autre.
Il faut considérer que l’appel du président Sonko n’avait été lancé que quatre jours avant l’événement. Il faut avoir vu l’enthousiasme avec lequel les militants ont formé de longues files devant les guichets, dès 15 heures et comment nombre d’entre eux ont tenu à s’acquitter de 2 à 5 fois le montant requis à l’entrée.
Il faut avoir vu la joie qui irradiait les visages de ces milliers de jeunes et de moins jeunes qui ont rempli l’enceinte, chantant et dansant pendant toute la cérémonie. Tout ceci dans la discipline la plus parfaite.
Cette mobilisation des militants montre combien ils sont impliqués individuellement pour défendre l’idéal de Pastef auquel ils croient pour leur pays : un Sénégal souverain, démocratique et prospère.
Une nouveauté dans le paysage politique sénégalais : un parti financé par les militants
Cet événement constitue aussi une rupture.
Tout le monde sait que les partis politiques sénégalais, sont financés généralement par des opérateurs politiques quelque peu fortunés soutenus par des puissances occultes tant que le parti est dans l’opposition puis par l’argent public quand il arrive au pouvoir par l’intermédiaire de “militants” placés dans les démembrements de l’Etat les plus « liquides ».
D’où la « patrimonialisation des partis politiques par leurs fondateurs. On a pu dire d’Abdoulaye Wade qu’il était le seul actionnaire à 100% du PDS dont il possède en propre ou en copropriété avec son fils le patrimoine mobilier et immobilier .
La “patrimonialisation” des partis politiques par leurs fondateurs n’est pas spécifique au PDS, elle s’observe dans tous les partis jusqu’à l’Alliance pour la République (APR) dont on peut se demander à qui appartient vraiment le siège sur la VDN et les centaines des fameux pick up L200.
C’est cette patrimonialisation des partis qui explique que les leaders sont quasiment irremplaçables à la tête de leurs partis qui de ce fait n’ont rien de démocratiques.
Le Pastef Les Patriotes propose une alternative : c’est ce qui a été démontré travers l’événement du Dakar Arena de Diamniadio samedi 19 octobre 2024 : le financement volontaire par les militants à tous les niveaux du parti, de l’intérieur du pays comme de la diaspora.
« Ce que nous avons réalisé aujourd’hui, c’est du patriotisme. Nous n’avons pas utilisé les moyens de l’État pour financer notre campagne, car nous avons la capacité de nous financer nous-mêmes. Ce modèle de financement innovant est ce qu’on appelle un « patriot bond » », indiquera Ousmane Sonko.
« Pas un seul centime ne sera prélevé dans les caisses de l’Etat pour financer notre campagne », ajoutera -t-il.
Ayib Daffé, le Secrétaire Général ajoutera « nous avons jugé nécessaire de rééditer cette tradition pour éviter le syndrome qui frappe de nombreux partis politiques au pouvoir en Afrique : la corruption et le détournement des deniers publics « .
Un démenti cinglant à l’ancien régime et à ses médias
On se souvient que c’est en décembre 2021 déjà, que ce mode de financement par les militants avait été initié. Il s’agissait alors de « chercher les moyens logistiques et humains pour faire les tournées politiques initiées dans le cadre de l’activité dénommée ‘’Nemmeeku tour’’ ».
Une « Journée internationale de levée de fonds de Pastef Les patriotes » avait été organisée le samedi 2 janvier à travers la chaîne YouTube Jotna Tv et avait permis la levée de 125 millions FCFA en cette seule journée.
Ceci avait provoqué la panique du régime de Macky Sall. Le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome avait cru devoir menacer le Pastef, prétextant que « tout parti politique qui reçoit des subsides de l’étranger ou d’étrangers établis au Sénégal s’expose à la dissolution », conformément à la loi.
Malgré la proposition d’Ousmane Sonko de transmettre les comptes financiers de Pastef aux services du ministre de l’Intérieur et de dévoiler les noms des gens qui ont donné leur participation lors de la campagne « Néméku tour », la campagne pour l’interdiction de Pastef a continué.
C’est ainsi que le journaliste Madiambal Diagne se fendra d’un long éditorial au titre explicite : « Soutenir Antoine Diome pour l’ordre et la loi »! Il s’agissait d’encourager le ministre de l’Intérieur à …interdire le Pastef.
Et Maître El Hadj Diouf de pousser à la roue prétendant que la levée des fonds n’était qu’une façade pour recycler l’argent sale du Pastef.
Pour un fonctionnement et un financement transparent des partis politiques
Le Pastef a démontré par la levée de fonds du 19 octobre après celle de 2021 pour le Nemeko Tour, qu’il était possible à tout parti politique si tant est qu’il bénéficie d’une base populaire, de financer ses propres activités, en tout indépendance.
Ce qui ne veut pas dire, qu’il ne doit pas y avoir de financement public.
Il reste à présent au gouvernement du premier ministre Sonko de mettre en oeuvre la Loi N°81-17 du 06 mai 1981 relative aux partis politiques, modifiée par la loi N°89-36 du 12 octobre 1989 ainsi que les dispositions des articles 812 à 814 du Code des Obligations Civiles et Commerciales et notamment la disposition relative au dépôt “chaque année, au plus tard le 31 janvier, le compte financier de l’exercice écoulé.
Il s’agit à présent d’appliquer le loi pour qu’aucun parti politique ne soit plus une propriété privée et ne soit financé par des lobbies étrangers.
C’est une mesure de sauvegarde de la démocratie.