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Changement SystÉmique Et Émigration

Le changement systémique n’est pas la continuation du présent ni la prolongation du passé. Le changement systémique implique une transformation profonde des manières de penser, des attitudes et des comportements. Dans ce cadre il est du devoir des intellectuels Sénégalais et Africains de repenser la question de l’émigration. Je vous dis d’emblée que l’émigration des jeunes vers l’Europe ou l’Amérique n’est pas le problème des États africains.

Empêcher les jeunes de voyager ne devrait pas être une priorité de développement pour le Sénégal. Au contraire, il faudrait l’encourager jusqu’à ce l’on puisse créer les conditions favorables pour que les jeunes puissent vivre et travailler dans la dignité dans leur propre pays. Leur demander de rester dans un pays sans emplois décents et sans revenus est une façon de les asphyxier.

Je suis pour l’émigration des jeunes à la recherche de meilleures conditions de vie. Si nous interrogeons l’histoire, les européens et les américains sont venus dans nos pays à la recherche de nouvelles richesses qu’ils ont trouvées, exploitées et continuent de le faire. Ils étaient venus avec des armes pour s’imposer. Si les Européens et les américains veulent se barricader, c’est leur problème et pas le nôtre. Nos enfants veulent seulement circuler librement et découvrir d’autres territoires du monde. N’est-ce pas noble ? Ils veulent jouir de leur dignité et de leurs droits humains.

Nos États devraient plutôt travailler avec les États Européens et Américains pour qu’ils cessent de faire chavirer les pirogues des jeunes provenant de nos pays. Ou alors lorsque les pirogues chavirent, que les secours soient rapides et efficaces. Il semble que les marines européennes peuvent créer des vagues pour décourager la traversée avec comme conséquences dramatiques le chavirement des pirogues et les nombreuses morts. Le Frontex est une réponse policière pour empêcher les jeunes de partir. Au lieu de cela il faudrait utiliser l’argent du Frontex pour délocaliser des usines et des technologies pouvant employer les jeunes sur place avec les mêmes avantages.

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Avec 12,8 milliards d’euros de budget, le Frontex passe son temps à armer nos marines pour retenir nos jeunes dans la précarité. Comme dans tous les autres domaines de coopération, les européens décaissent de l’argent pour acheter des biens que seules leurs entreprises peuvent fabriquer. Les armes et encore les armes. L’argent reste donc chez eux, nous en avons quelques miettes qui paient la solde des agents de sécurité pour violenter nos propres jeunes. Cet argent est énorme et pourrait servir à la construction d’usines et aux transferts de technologies. Les jeunes resteront s’ils trouvent leur intérêt à rester et non si on les force. C’est cela qui serait une transformation systémique.

Continuer à interdire les jeunes de voyager est un non-sens sans issue car ils continueront de partir. Les chinois encouragent leurs jeunes à émigrer en leur soutenant. Les Allemands font de même en créant des fonds pour que leurs jeunes puissent entreprendre dans les pays en voie de développement. Pour réduire la pression liée à la démographie, au chômage, beaucoup de pays européens encouragent leurs gens à partir. Pourquoi devons-nous continuer à empêcher nos jeunes de tenter leurs chances ailleurs ?

Chers jeunes désirant émigrer, partez mais ne mourrez pas dans la mer. Si vous voyagez dans des conditions quasi certaines que vous allez mourir avant d’arriver à votre destination, alors vous aurez raté votre trajectoire de vie et votre ambition. Préparez-vous mieux sérieusement et ne partez pas à l’emporte-pièce. Aux piroguiers et capitaines, assurez-vous que vos embarcations sont solides et capables d’arriver à destination. Vous devez aussi être plus responsables et plus méticuleux dans la préparation des voyages.

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Vous transportez des êtres humains qui représentent l’espoir de toute une communauté. Vous-mêmes, capitaines, vous avez un savoir-faire acquis sur de nombreuses années de durs labeurs. Préservez votre savoir-faire et vos vies. Encore une fois l’émigration n’est pas notre problème. C’est le problème de ceux qui veulent s’enfermer. Pourquoi devons-nous continuer à penser exactement comme le veulent les Européens et les Américains ?

Nous devons faire notre propre analyse des situations présentes et à venir, conceptualiser nos propres approches, les défendre et les mettre en œuvre sans complexe. L’émigration vers des territoires plus développés est bien pour nos jeunes et pour notre économie. Les montants annuels des transferts d’argents de nos expatriés sont supérieurs aux montants de l’aide au développement. Si toutes les frontières du monde étaient ouvertes comme Dieu l’a dessiné et voulu, les êtres humains seraient plus heureux, plus libres et plus épanouis. Eh oui Dieu a créé le monde ouvert sans barrières ni frontières.

Petit Gueye est auteur, consultant et coach de leadership transformationnel, ancien maire de Sokone.







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