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La Question Nationale Dans L’ouest Africain Et La Guerre Djihado-terroriste De L’otan !

La Question Nationale Dans L’ouest Africain Et La Guerre Djihado-terroriste De L’otan !

A y réfléchir, la guerre djihado-terroriste de l’OTAN contre les expériences souverainistes réactualise une vieille stratégie impérialiste qui fut mise en œuvre lors des conquêtes coloniales. Fomenter des divisions entre nationalités africaines en les opposant pour vaincre et détruire les résistances aux conquêtes coloniales et les États pré-coloniaux.

 

L’actualisation en a été synthétisée par la formule du général français Jean-Bernard Pinatel : « La situation ne se stabilisera que si Bamako consent à faire évoluer le statut de l’Azawad, car les touaregs et les peuls refuseront toujours de se soumettre aux noirs du Sud » pour, notamment justifier l’interdit françafricain d’accès à Kidal à l’armée et l’administration malienne.

 

Bien avant l’occupation militaire du Sahel par les armadas franco-européen et US consécutive à la destruction de la Libye, le rallye « Paris-Dakar » avait été, dès les années 80, une préparation idéologique, notamment par la social-démocratie, du réveil de « l’Azawad » dans la perspective du vieux projet colonial territorialement scissionniste de l’OCRS qui fut victorieusement combattu par la solidarité et l’unité panafricaine entre le FLN algérien et le Mali de l’US-RDA. En effet, le « Paris-Dakar » fut une promotion ethniquement ciblée « des hommes bleus » et du « tourisme du désert » qui a préparé l’actuelle fonction de « tirailleurs » des séparatistes et djihado-terroristes de la guerre de l’OTAN contre l’AES.

 

Une certaine « élite » politicienne et intellectuelle néocoloniale africaine relaye ouvertement le « diviser pour régner » des impérialistes pendant que d’autres se targuant de « gauche » balayant du revers de la main la guerre de l’OTAN contre l’AES pour y substituer une prétendue « guerre civile anti-démocratique » voire « ethniciste des juntes putschistes ».

 

Ethnicisme, régionalisme et fanatisme religieux

 

Historiquement, la conquête coloniale a été présentée comme « œuvre de civilisation » contre les « tribus, clans, ethnies sauvages » d’Afrique. En fait comme le dit le grand communiste scientifique africain Amilcar Cabral les colonialistes « nous ont fait sortir de l’histoire, de notre propre histoire, pour les suivre dans leur train, à la dernière place, dans le train de leur histoire » (discours, CONCP, octobre 1965 à Dar es Salam).

 

Pour ce faire, les impérialistes ont fabriqué des fantasmes multiformes et protéiformes positifs ou négatifs des nationalités africaines qu’ils ont péjorativement qualifiés « d’ethnies » avec à l’appui des formations dites académiques « d’anthropologie », « d’ethnologie » en réservant la « sociologie » à leurs sociétés capitalistes impérialistes.

 

Les différentes nationalités sont ainsi essentialisées positivement ou négativement dans l’optique de diviser pour mieux régner. C’est ce stratagème que décrit Jean-Loup Amselle dans son article intitulé « emballement ethno-religieux au Mali » : «  la subdivision de l’Afrique de l’Ouest en zones climatiques (Sahara, Sahel, savane, forêt), découpées selon les latitudes, est une construction coloniale française remontant au tournant du XXe siècle, et qui s’est accompagnée d’une division concomitante en races correspondant à ces différentes zones climatiques. 

 

Dans ce cadre, aux populations «blanches» du Sahara – Touaregs et Maures –, ces derniers étant considérés comme belliqueux et dotés d’un islam fanatique, correspondaient les populations «noires» de la savane (Wolofs, Sérères, Bambaras, Malinkés, etc.) jugées «animistes» ou porteuses d’un islam pacifique et ouvert, l’«islam noir». Entre ces deux zones, la science coloniale française a isolé le «Sahel», une entité géographique conçue comme terre d’élection des Peuls, population alternant l’élevage transhumant et l’érection d’empires reposant sur une idéologie musulmane radicale (empire peul du Macina, empire peul du Fouta-Djalon, empire d’El Hadj Omar). 

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Cette délimitation entre une Afrique «blanche» et une Afrique «noire», associée à la tripartition entre populations considérées comme «blanches», «rouges» ou «noires», s’est accompagnée elle-même d’une fragmentation du paysage social africain en une myriade d’ethnies. Cette représentation raciale et ethnique de l’Afrique n’a cessé de hanter l’imaginaire colonial et elle continue d’être opérante dans l’esprit des intervenants extérieurs (armées étrangères, organisations internationales, ONG de toutes sortes), comme dans celui des populations concernées. L’opposition entre un Nord essentiellement «blanc», c’est-à-dire touareg, un Centre «rouge» peul et un Sud «noir» mandingue dresse en effet le spectre d’un conflit ethnique et identitaire majeur au Mali; conflit censé fournir la trame explicative et éclairer les ressorts du djihadisme et du terrorisme actuels dans ce pays » (Bamako-Paris, février-juin 2019).

 

Les contradictions secondaires existant entre nationalités dans un même pays ou entre États multinationaux africains sont ainsi exploitées par les impérialistes qui s’appuient sur des politiciens bourgeois et/ou petits bourgeois néocoloniaux pour masquer la contradiction principale entre souverainisme et néocolonialisme. Le but de cette inversion entre contradictions secondaires et principales est une arme de destruction massive de l’unité nécessaire à la victoire souverainiste contre le néocolonialisme.

 

Ce fut le cas de la Côte d’Ivoire avec l’invention de « l’ivoirité » par une élite politicienne bourgeoisie conseillée par les impérialistes qui a ethnicisé les relations sociales internes au pays avant d’être instrumentalisée pour capturer le président légal et légitime et installer l’actuel président néocolonial.

 

Ce fut le cas du Rwanda avec la « contre-révolution Hutu » de 1959 fomentée par le colonialisme belge qui a instauré un régime ethnofasciste auteur du génocide de 1994 renversé par le FPR lequel est maintenant agresseur génocostisé de la RDC au profit des multinationales impérialistes.

 

Ce fut le cas de la création de la Mauritanie comme république racialisée Beydane, esclavagiste, etc.

 

A cette ethnicisation, les impérialistes ont aussi ajouté les castes et les religions dans leur système d’hiérarchisation racialisée pour mieux diviser et régner. En somme, la colonisation et son prolongement néocolonial se traduisent par le maintien d’une société féodale reposant sur « l’ethnie, la religion et la caste » ainsi intégrées à « la caractéristique essentielle de la domination impérialiste : négation du processus historique du peuple dominé, au moyen de l’usurpation violente de la liberté du processus de développement des forces productives nationales » (A. Cabral, l’arme de la théorie).

 

Il ne peut et ne doit y avoir de « rivalités mémorielles » entre les différentes nationalités africaines tant dans la lutte contre les conquêtes coloniales que dans la première phase de libération africaine (1945/1960) et la lutte contre le néocolonialisme de 1960 à nos jours. Toutes les nationalités et tous les Etats anté-coloniaux ont mené la résistance armée contre l’agression des colonisateurs européens.

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Il en est de même des apports progressistes de toutes les nationalités et des États anté-coloniaux tels la charte du Mandé au 13éme siècle ou les recommandations de la « révolution torodo » au 18éme siècle, etc.

 

Construire les nations africaines étapes vers l’unité panafricaine des peuples libres

 

Dans le cas du Mali « Le premier président de la République, Modibo Keita, lui-même considéré comme mandingue puisqu’il portait le nom de la dynastie régnante au sein de l’empire du Mali, s’est efforcé dans le cadre d’une politique «socialiste» d’éradiquer toute trace d’ethnicisme de la société malienne. Il fit ainsi supprimer les nombreuses associations ethniques qui avaient été encouragées par l’administration coloniale et il s’est employé à éloigner les fonctionnaires de leur région d’origine et à les faire tourner afin qu’ils ne s’enracinent pas dans un lieu donné où ils seraient tentés par la corruption. De même, les «Biennales artistiques et culturelles» et autres «Semaines de la jeunesse» étaient axées sur le mélange des différentes traditions culturelles du pays même si les identités régionales n’étaient pas niées pour autant » (Jean-Loup Amselle). En Guinée Conakry, le PDG/RDA fut l’unique parti national qui porta haut le drapeau du oui à l’indépendance sous la direction des figures issues de toutes les nationalités constitutives du pays : Sékou Touré, Saïfoulaye Diallo, Mafory Bangoura, Beavogui Lansana, etc.

 

En un mot, la première phase indépendantiste africaine a montré que les expériences progressistes ont associé lutte anti-coloniale et anti-féodale contre l’ethnicisme, les castes et le fanatisme religieux.

 

L’actuelle guerre de l’OTAN par séparatistes et djihado-terroristes interposés réaniment leurs réseaux dormants ethnicistes, régionalistes et de fanatiques religieux pour sabrer l’unité territoriale et nationale des Etats nés de la double balkanisation de l’Afrique, celle de Berlin 1884/85 et celle de l’implosion voulue en micro-Etats de l’AOF et de l’AEF par le biais de la tactique de division que fut « la loi cadre » de 1956.

 

L’actuelle seconde phase de libération nationale et panafricaine est ainsi appelée à écraser militairement les mercenaires séparatistes et djihado-terroristes internes et externes de l’OTAN, mais aussi d’élaborer et mettre en œuvre un programme de construction démocratique et unitaire des nations malienne, burkina, nigérienne confédérée étape vers l’union libre des peuples libres d’Afrique. Écrasement militaire nécessaire qui ne dispense nullement de la mise en place de politiques de mobilisation populaire de toutes les forces vives patriotiques de toutes les nationalités du pays sur la base de l’égalité des droits. La défense de la patrie en danger et son unité démocratique sont les fondements citoyens de la mobilisation générale contre les mercenaires internes et externes de l’OTAN. Dans ce cadre, il faut allier la lutte intransigeante contre la corruption néocoloniale et le partage des richesses en direction des classes populaires. Le mercenariat séparatiste et djihado-terroriste financé par les pétrodollars et armé par l’OTAN s’alimente de la misère des paysans, des éleveurs, des pêcheurs, des ouvriers et des travailleurs de l’informel, des contradictions entre paysans et éleveurs en plus du fanatisme religieux qui manipule l’ethnicisme et les castes. Bref, la question nationale est au fond une question paysanne au sens large comprenant les éleveurs et les pêcheurs. L’auto-organisation populaire encadrée est un axe de la mobilisation générale victorieuse de l’agression hybride Otanienne .     

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C’est la voie que préconise Isaias AFWERKI, président de l’Érythrée : « Chaque nation a ses propres situations qu’on peut diagnostiquer et traiter. En fin de compte, la question sera de construire une nation. Techniquement, c’est très simple. Il faut des routes, des infrastructures, de l’énergie, de l’eau, des logements, des mines et toutes sortes de structures économiques. A condition d’adopter la bonne approche… Mais par contre, vous avez des tours, des gratte-ciel et vous prétendez que c’est du ‘développement’… mais qu’en est-il de l’Afrique ? Ont-ils le droit d’installer toutes ces bulles artificielles à l’encontre du droit de chaque citoyen de profiter de ces richesses qu’il faut partager ? Qui crée la richesse dans le tiers-monde ? Qui crée la richesse dans cette économie primaire, aussi appelée économie de subsistance ? Elles sont créées par les marginaux de la communauté. Comment partager cette richesse entre tous les êtres humains d’une même nation ? Vous pouvez mettre en place une tour d’habitation et vous féliciter du progrès que vous avez accompli en mettant ce type de structure. Mais parlez plutôt des logements pour chaque citoyen ! Là où les gens vivent vraiment, ont-ils de l’eau potable… accès à l’électricité…des moyens de transport… accès à la santé et à l’éducation pour leurs enfants ?… posez la question de la construction de la nation… mis en place l’architecture nécessaire à la construction de la nation… Nous n’avons pas le choix. C’est un devoir. 

 

Nous pouvons résoudre nos propres problèmes nationaux, mais nous devons nous unir pour créer un environnement régional. Car cela n’a aucun sens de séparer les choses : tout dépend du collectif… Il ne s’agit pas seulement de l’Afrique du Nord. Dans l’ensemble du continent, les sous-régions doivent être organisées en blocs qui soient les éléments constitutifs de l’ensemble du continent. Nous vivons à l’ère de la mondialisation. Nous devons prendre en compte ce que font l’OTAN et les États-Unis, ainsi que les situations de la Chine, de la Russie, du monde arabe et de l’Amérique latine. Dans ce monde en mutation aucune nation ne peut vivre isolée sans aucun programme d’intégration… Je parle avec les Kényans, les Somaliens, les Soudanais, je leur demande quel est notre problème ? Échangeons, consultons-nous, élaborons une compréhension commune… Construisons un consensus pour identifier nos principaux défis et discuter des solutions et mobiliser, ensemble, les ressources  » (Mon combat pour l’Erythrée et l’Afrique).

 

Partageons cette position indicative d’un pays africain dont les réussites socio-économiques et populaires sont indéniables malgré qu’il n’émarge pas sous la tutelle libérale du FMI/BM et qu’il fait l’objet d’ingérences déstabilisatrices des impérialistes US/UE.

 

Diagne Fodé Roland

26/10/25

 


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