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Référendum : Les Implications Politiques Du Scrutin

Référendum : Les Implications Politiques Du Scrutin

C’est un pays fracturé par des divergences politiques induites par le reniement présidentiel sur la durée du mandat qui est appelé à voter «OUI» ou «NON» autour d’un package de 15 réformes. Le chef de l’Etat, à l’image détruite pour longtemps encore, pourrait bien s’en sortir et conforter son pouvoir en cas de victoire propre, mais un rejet de son initiative le mettrait dans une situation très inconfortable avant les Législatives de juillet 2017.

Le référendum du 20 mars 2016 cristallise des passions fortes et délimite des frontières ennemies qui consacrent l’institutionnalisation d’une fracture nationale tangible pour une durée encore indéterminée. Le fossé qui sépare la majorité présidentielle des forces politiques et mouvements de la société civile est si démesuré que l’on en arrive à explorer des espaces de dialogue comme on chercherait une aiguille dans une motte de foin. Disons-le franchement, à moins que le Président de la république devienne subitement raisonnable et donne un tour nouveau à la question qui divise, il sera difficile de rétablir des ponts qui n’existaient déjà pas. Macky Sall est allé trop loin dans cette affaire pour qu’un rétropédalage ne soit pas encore considéré comme une énième marque d’inconstance et de faiblesse. Alors, en partant du principe que cette consultation populaire aura bel et bien lieu à la date indiquée, il devient possible d’en tirer a priori quelques considérations d’ordre politique.

De prime abord, les conditions de survenue et de mise en œuvre de ce référendum mettent forcément en première ligne son initiateur, le Président de la république. Contrairement à Abdoulaye Wade qui, en janvier 2001, avait réussi à fédérer l’écrasante majorité des populations sénégalaises à travers les partis politiques et les organisations de la société civile autour d’un objectif partagé, Macky Sall sera le centre de gravité de ce scrutin. Son forcing politique consistant à faire un mandat de sept ans contre le quinquennat solennellement promis entre les deux tours de la présidentielle de mars 2012 le met en porte-à-faux avec une partie de l’opinion qui s’est crue «trahie».

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«Oui» salvateur, «Non» déstabilisateur

De fait, le «Oui» gagnant au soir du 20 mars serait une victoire personnelle pour lui, une consécration et une validation de son projet de révision constitutionnelle, la preuve qu’il avait raison sur ses adversaires et sur tous ceux qui l’auront diabolisé. Dans une telle posture, et à condition que sa victoire ait été large et surtout propre, le chef de l’Etat aborderait sereinement les trois dernières années de son septennat et, sans grave accident de parcours, il aborderait l’élection présidentielle de 2019 en position de grand favori. Entre temps, ses alliés et lui pourraient conforter leur majorité aux élections parlementaires prévues en 2017.

Mais ce référendum est véritablement un couteau à double tranchant. Que deviendrait le Président de la république si le «Non» l’emportait face à un pouvoir disposant pourtant de moyens de communication et de propagande gigantesques, de relais bien établis dans tous les segments de la presse nationale, de moyens de pression énormes, d’armes de dissuasion massive contre certains de ses contempteurs les plus résolus ? Toutes choses étant égales par ailleurs, une victoire du Non serait fatalement une défaite personnelle pour le Président Sall, une sanction populaire contre la parole non respectée, un désaveu cinglant de sa gouvernance globale. Le tsunami politique serait d’une amplitude supérieure ou égale à celle du désastre consécutif au reniement du 16 février.

Avec un scénario aussi apocalyptique, le Sénégal aurait à sa tête un président affaibli, à l’autorité désagrégée, à la légitimité ramollie, aux pouvoirs calcinés, ne comptant que sur les élections parlementaires de l’année prochaine pour espérer rebondir et retrouver sa stature. Entre temps, il pourrait toujours faire semblant de n’avoir rien vu ou entendu… 

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Sous cet angle-là, il n’est pas juste de soutenir, comme le font certains alliés du chef de l’Etat, que le pays serait en danger si le Président Sall était désavoué. On ne peut valablement soutenir que les institutions de la république fonctionnent normalement et, en même temps, craindre une déstabilisation du pays parce qu’un Président de la république imprudent aura été victime d’une insurrection démocratique et populaire en bonne et due forme. La démocratie, c’est à la fois des institutions qui marchent et des hommes crédibles qui se soumettent aux lois.

En vérité, la loi fondamentale peut laisser toute latitude à un chef d’Etat qui perd un référendum le soin de finir son mandat, mais la dignité lui montre très souvent le chemin de l’abdication en faveur d’un retour devant le suffrage populaire. Après son échec au référendum de 1969 (régionalisation et réforme du Sénat), le Général Charles De Gaulle, inspirateur et fondateur de la Ve République Française, ne passa pas une minute de plus dans son fauteuil présidentiel.  Mais n’est pas De Gaulle qui veut !

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