Depuis que le peuple souverain du Sénégal s’est choisi son Président de la république avec 65% des suffrages, des oiseaux de mauvais augure ainsi que des maîtres chanteurs de tout acabit ruent dans les brancards, tous les jours, pour lui saper le moral avec des déclarations alarmistes et fracassantes du genre : « Le Sénégal va vers la catastrophe » ; « Rien ne va dans ce pays » ; « Rien ne marchera dans ce pays », « C’est un président par accident »…
Certains compatriotes, qui ravalent tout ce qu’on leur sert, ont pris ces déclarations pour des vérités absolues et se mettent à répéter machinalement, tels des robots actionnés : « dȅkk bi da fa Màkki ». Pour dire quoi ? Que l’argent ne circule plus dans le pays ! Que le pays est bloqué ! Qu’hier est meilleur qu’aujourd’hui !
Ceux qui mettent en avant l’intérêt général savent que notre passé récent est loin d’être meilleur que notre présent ! Le pays est très loin d’être bloqué ! Au contraire, il se débloque et s’éloigne des sables mouvants dans lesquels l’avait empêtré Wade, pour emprunter doucement, mais sûrement, une nouvelle pente ascendante vers la fin de la mal-gouvernance, de la gabegie, du laisser-aller, de l’impunité, de l’Etat-bouffon, de la démagogie, entre autres tares du défunt régime.
Nous, citoyens lambda, qui rêvons de progrès au profit de la Communauté nationale, nous ne devons point accepter d’être manipulés, déstabilisés et découragés par des gens qui nous prennent pour des gougnafiers et qui, en réalité, ne défendent, pour l’essentiel, que leur propre paroisse, leur propre micro-communauté, leur propre besace !
Loin de nous, l’idée d’inciter les Sénégalais à s’ériger en défenseurs inconditionnels du Président de la république ! Non ! Nous les invitons plutôt à défendre crânement leur propre espoir de changement pour un Sénégal nouveau ! Le peuple sénégalais s’est défait de Wade et de son régime, non pas pour plébisciter un nouveau messie, mais pour confier leur destin à un homme qu’il juge capable de le placer sur la rampe du progrès économique et social. En un mot, pour aller de l’avant ! Pour changer de cap et rompre avec les vices du passé.
Après le départ du président Senghor du pouvoir en décembre 1980, le président Diouf avait suscité beaucoup d’espoir au point de pousser certains à dire « abdoo nu doy ». Certes, il n’a pas développé le pays, mais a incontestablement consolidé l’Etat et la Nation mis sur les fonts baptismaux par son prédécesseur et d’autres pionniers de valeur. En 2000, pris à-bras-le-corps par presque tous les leaders de l’opposition, Wade était attendu comme un messie par le peuple qui rêvait de changement véritable. Le réveil aura été plus que brutal : non seulement il n’a pas développé le pays économiquement, mais il l’a ruiné moralement en érigeant l’achat de consciences comme mode de gouvernance. Le président Sall, il faut le noter, est perçu par beaucoup de Sénégalais comme celui qui doit nécessairement changer le pays. Un troisième échec serait synonyme de véritable catastrophe nationale. Qu’il nous faut éviter à tout prix ! En commençant par refuser qu’on nous assassine notre espoir !
Pr Gorgui DIENG
Docteur d’Etat – UCAD
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