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Vers Un Scandale Financier ? : 12 Milliards Fcfa Pour Indemniser Bictogo, C’est Le Coût Du Monument De La Renaissance

Vers Un Scandale Financier ? : 12 Milliards Fcfa Pour Indemniser Bictogo, C’est Le Coût Du Monument De La Renaissance

Le ministère de l’Economie, des Finances et du Plan reconnaît enfin que le Sénégal a octroyé 12 milliards de Fcfa à l’homme d’affaires ivoirien Adama Bictogo en guise d’indemnisation. A vrai dire, le communiqué du ministère envoyé mardi matin à la presse ne précise pas la somme exacte (mais ne dément pas non plus les 12 milliards révélés par la presse il y a quelques jours), se contentant juste de révéler que Bictogo avait demandé 19 milliards en guise d’indemnisation. Qui ne dit rien consent et certains silences sont éloquents !

Il faut juste rappeler que ce règlement à l’amiable intervient après la suppression, le 1er mai 2015, du visa d’entrée biométrique payant que le Sénégal avait instauré en septembre 2012, quelques mois après l’accession de Macky Sall au pouvoir et alors qu’un certain Youssou Ndour était ministre du Tourisme. Voici les arguments du ministère des Finances dans son communiqué de ce mardi 16 mai 2016 : «Ladite société (Snedai de l’homme d’affaires ivoirien Adama Bictogo) avait déjà engagé des frais au titre de l’exécution de la convention de concession de la production des visas biométriques. Elle avait, aussi, livré diverses fournitures et équipements aux services de sécurité et dispensé des formations à leurs personnels. En conséquence, son Président Directeur Général avait, par lettre en date du 27 avril 2015, adressée au Ministre en charge des Finances, une demande d’indemnisation.»

Tout cela est bien dit, avec des formules administratives bien choisies, mais juste une question : les investissements réalisés par M. Bictogo avaient-ils atteint la somme de 12 milliards de FCfa ? Et puis, comment ce monsieur (qui aurait de solides amitiés au sommet de l’Etat) a-t-il été sélectionné pour gagner un tel marché alors que des sociétés bien établies au Sénégal et gérées par des Sénégalais étaient aussi compétentes pour exécuter un tel travail dans les règles de l’art ? En attendant que les autorités sénégalaises (qui ont franchement fait preuve de laxisme) répondent à ces interrogations qui hantent l’esprit de bon nombre de nos concitoyens, il faut dire que cette affaire est partie pour être l’un des plus gros scandales financiers de ces dernières années.

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Ironie du sort, l’indemnisation à hauteur de 12 milliards de FCfa à M. Bictogo correspondant exac­tement au coût du Monu­ment de la Renaissance africaine, cette infrastructure de l’ancien président Abdoulaye Wade si décriée lors de son inauguration en 2010 et qui, actuellement, fait la joie des visiteurs sénégalais, des touristes et crée des centaines d’emplois tout en générant des revenus substantiels. Avec les 12 milliards de FCfa octroyés à un homme d’affaires étranger, imaginez tout ce que l’Etat pouvait réaliser comme infrastructures : écoles, centres de santé, routes, habitats sociaux, infrastructures d’assainissement, etc.

Nous vivons décidément dans un pays dont les dirigeants nous surprennent chaque jour un peu plus par des décisions aussi déroutantes que saugrenues. Et rares sont les journalistes, les membres de la société civile ou les intellectuels qui osent réagir pour dénoncer toutes ces injustices. Si cette affaire avait eu lieu à l’époque où Abdoulaye était au pouvoir, on imaginerait les «Une» des journaux et les revues de presse des radios qui, toutes, auraient crié au scandale avec force détails. Sommes-nous tétanisés par la peur de perdre des privilèges bassement matériels ou vivons-nous dans une période où toutes les valeurs sont en train de s’effriter au point de nous faire privilégier l’intérêt personnel au détriment de l’intérêt général ? En tout cas, tout cela est à la fois triste et pathétique. Et le réveil risque d’être très brutal…

 

Modou Mamoune FAYE

Journaliste

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