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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Questions à M. Pierre Goudiabi Atepa !

J’ai toujours été un de vos plus grands admirateurs. L’émission «Opinion» que vous avez faite avec Ndèye Fatou Ndiaye, je l’ai attendue avec impatience et suivie avec attention. Mais deux de vos propos me poussent aujourd’hui à solliciter de vous certaines réponses. Et cela loin de tout jugement venant de ma part.

En effet, vous avez dit que «les journalistes à Walfadjri font beaucoup trop de critiques». Mais, ne pensez-vous pas que si tous les autres organes de presse étaient aussi sérieux que Walfadjri, l’injustice disparaitrait du quotidien de tous ces malheureux dont les noctuelles se nourrissent des larmes, et à qui on nie chaque jour que Dieu fait les droits les plus élémentaires comme l’éducation ? Aussi, ne pensez-vous pas que les journalistes de Walfadjri font parti de ces justes qui croient au postulat du Révérend Desmond Tutu qui dit que : «Si tu es neutre en situation d’injustice, tu as choisi le parti de l’oppresseur» ?

Vous avez aussi dit que «les enseignants doivent comprendre que le Sénégal est un pays pauvre et qu’ils sont les mieux payés d’Afrique et qu’on devait mettre les contenus des enseignements sur un portail informatisé». Savez-vous qu’après sa propriété d’intentionnalité, être enseignant est un don, un investissement personnel ? Saviez-vous que beaucoup d’enseignants avaient quitté le pays pour le Rwanda parce que Paul Kagamé leur payait le salaire qu’ils méritaient ? Saviez-vous que l’Educateur était mort dans notre pays ? Oui, il est mort de la laide beauté de la disparition de ses sensations d’être éducateur, car comme disait Epicure dans Lettre à Ménécée «accoutumons-nous à l’idée que la mort n’est rien pour nous, car tout bien et tout mal résident dans la sensation, et la mort est la disparition complète de toute sensation.»

Pensez-vous qu’on pourra enfin renvoyer tous ces «preneurs d’otage» dont vous nous collez l’étiquette si on informatisait les enseignements-apprentissages ? Où seraient l’humanité, le pragmatisme et l’émergence dans tout ça ? Supporteriez-vous qu’on remplace d’honnêtes pères de familles comme vous par des programmes contenus dans des disquettes et qu’«un simple clique  sur un bouton» administrerait à ces enfants de millions de Goorgoorlus dont font parti les «preneurs d’otages» ?

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Monsieur l’architecte, savez-vous que plus que ces politiciens qui veulent nous priver de ce qui nous revient naturellement de droit, nous, les enseignants, avons été les architectes des plus grands cerveaux du monde ? Connaissez-vous tous les points de la plateforme revendicative des enseignants ? Trouvez-vous juste, vous chantre de l’émergence, que des enfants d’honnêtes Sénégalais, continuent toujours de faire des cours magistraux sous des bâches, des abris provisoires ou sous le soleil ardent des tropiques ? Saviez-vous que les conditions physiologiques influaient sur les performances scolaires ? Savez-vous Monsieur Goudiabi que les enseignants ne sont pas du tout ébranlés par les propos de tous ces étrangers aux problèmes de l’école sénégalaise ? Savez-vous qu’ils pensent comme Virgile que les tendances les plus opposées n’ont jamais réussi à faire d’eux des hommes tourmentés ?

Savez-vous, mon frère, que la loyauté et le sursaut de patriotisme ne peuvent jamais être imposés par la force, le mépris ou la terreur ? Sachez que ces deux états-là, seuls les grands esprits ont le courage de les négocier et de les prôner. Saviez-vous que nous enseignants nous avions fait parler la fibre patriotique depuis que nous fûmes restés deux ans sans réclamer ce qui nous revenait de droit, depuis que nous eûmes accepté de signer avec le gouvernement des «accords réalistes et réalisables ?» Saviez-vous que la plupart d’entre nous travaillaient gratuitement le dimanche ?

Ne vous indignez-vous pas de voir toute une corporation rester cinq, six, voire dix ans sans avancer d’échelon ? Où est l’émergence à vous si chère dans tout cela, cher collègue architecte ?

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Enfin, Monsieur, nous estimons tout ce que vous avez réussi personnellement en tant que «Boy Dakar», comme vous aimez à le crier urbi et orbi, mais s’il vous plait acceptez aux autres Boy Dakar/Kaolack/Louga/Fongolemy/Khambala/Kartiack, etc., la possibilité de se réaliser personnellement, car ils n’ont que leurs maigres salaires de misère pour vivoter, je dis bien Vivoter ! Alors, vous pourrez nous considérer comme prenant le système et l’avenir des enfants des pauvres dont ne font pas parti les vôtres, en otage. Et comme vous dites, l’Education est plus importante que les Panama Papers, appelez les gouvernants, regardez-les droit dans les yeux et dites leur d’arrêter de trahir leurs serments. Dieu (SWT) n’aime pas ceux qui trahissent leurs serments. Ne Dit-Il pas dans la sourate AL NAHL (les Abeilles), Verset 91, «(Et) ne violez pas vos serments» ?

Ne pensez-vous pas que ce sont ces gens-là qui prennent en otage l’école ? Que dites-vous à tous ces supposés cerveaux de l’économie qui ne payent pas les impôts, qui mettent leurs enfants dans les écoles privées les plus huppées, et qui viennent donner des leçons de morale aux nobles enseignants qui acceptent d’aller partout au Sénégal, de Fongolémy à Bamba Thialène, de Ndangour Ndiaye à Wouro Alpha ? A tous ceux qui ne peuvent pas supporter le poids d’un seul sac de sable et qui disent être propriétaires de centaines d’hectares de terre, que leur dites-vous ?

Monsieur l’architecte, aux frontières du réel, la vérité est ailleurs !

 

Mamadou Moustapha Seydi

Professeur d’anglais au CRETF de Louga.

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