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De L’immobilisme De La Jeunesse à La Nécessité D’un Activisme Pour Un « Sunugal » épanoui

De L’immobilisme De La Jeunesse à La Nécessité D’un Activisme Pour Un « Sunugal » épanoui

Au Sénégal, pour celui qui se permet un minimum d’observation sur l’historique de la jeunesse sénégalaise, il est flagrant que celle-ci s’est longtemps située et se situe encore malheureusement dans une position attentiste vis-à-vis des gouvernements successifs pour une réponse à ses « nombreuses » mais non moins légitimes sollicitations.

Une perpétuelle espérance portée à l’endroit des régimes politiques qui débouche toujours sur des désillusions sources de frustrations à leur tour générateur d’un sentiment de mépris vis-à-vis du monde politique comme en atteste le faibles taux de participation enregistré lors du précédent référendum sur les réformes électorales.

Ce dégoût pour la chose politique se justifie en partie par les promesses politiciennes faites aux jeunes pendant les campagnes électorales et qui finissement bien souvent par être non tenues quand par ailleurs « elles n’engageraient que ceux qui y croient ». Qui n’a pas oublié cette fameuse promesse de campagne du candidat Abdoulaye Wade demandant à tous les chômeurs de lever la main. Malgré  toutes celles suspendues en l’air comme pour prendre Dieu en témoin, force est de constater malheureusement qu’une minorité l’a rabaissée, reste à savoir si ce ne serait pas d’ailleurs par désespoir…

En conséquence, n’est-on pas arrivé à un moment donné où les jeunes sénégalais doivent sortir de cette position attentiste et se réveiller de cette longue léthargie ? Ne devraient-ils pas se définir comme des initiateurs de projets de société ? La jeunesse sénégalaise n’a-t-elle pas encore conscience qu’elle constitue une ressource inestimable, pendant qu’en raison d’une « pénurie de jeunes » certains pays européens sont en train de revoir leurs politiques de naissance  en encourageant des politiques de rajeunissement ?

Il est donc sûr qu’à  l’orée de ce troisième millénaire il faut que la jeunesse sénégalaise ait une autre vision d’elle-même. Elle doit sortir de cette position disgracieuse pour s’inscrire dans une logique d’activisme citoyen et  s’impliquer davantage dans la marche vers le développement de son pays. D’où l’importance de s’attaquer à un immobilisme de la jeunesse reflet de la situation économique de son pays si on se permet la comparaison.

De premier abord en matière de participation politique, l’immobilisme de la jeunesse est manifeste  même si il est important de rappeler qu’on note ces dernières années un peu plus une implication de celle-ci dans les affaires de la cité. C’est sous ce registre qu’on peut enregistrer  les évènements de 2011 où on a constaté une active participation des jeunes dans le champ politique, en vue de contrer la tentative d’Abdoulaye Wade de modifier les modalités d’élections avec l’instauration d’un ticket présidentiel très antidémocratique. Tout le monde se rappelle de l’opposition farouche des jeunes. On constata une mobilisation sans précédent des jeunes qui ont manifesté activement dans presque toute la capitale sénégalaise pour le retrait de ce projet de loi de l’assemblée nationale. C’est pendant ce turbulent épisode de l’histoire politique du Sénégal qu’on a enregistré la naissance de véritables mouvements de jeunesse comme Yen a marre.  Ce mouvement a constitué un cauchemar pour le régime de Wade. Composé essentiellement de jeunes, il a joué un rôle fondamental qui a conduit au retrait du projet de loi et à la défaite du président Wade à l’élection présidentielle de 2012. Aujourd’hui il constitue une véritable sentinelle quoi que l’on puisse dire sur la pertinence de son existence voire sur sa crédibilité. Néanmoins, il est important de rappeler qu’il a existé des manifestations de jeunes de par le passé, comme c’était lors des événements de Mai 1968 sous le magistère du président Léopold Sedar Senghor et en 1988 sous celui du président Abdou Diouf.

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En dehors ces cas presqu’exceptionnels, l’immobilisme des jeunes est la règle dans d’autres domaines.

Ainsi il se perpétue dans celui de la participation citoyenne, de l’initiation de projets, de l’auto-employabilité. Dans un contexte où la problématique de l’emploi se pose de manière accrue. La situation est plus qu’alarmante puisque dans notre pays, où 60 % de la population a moins de 20 ans et où les jeunes en âge de travailler représentent plus de la moitié de la population active, l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie sénégalaise (A.N.S.D) estime que, chaque année, plus de 100 000 nouveaux demandeurs d’emplois âgé entre 15 et 34 ans y arrivent sur le marché du travail quand le taux de chômage global, lui, est estimé à 49 % et grimpe à 61 % pour les moins de 30 ans.

Beaucoup de paramètres classiques peuvent être utilisés pour l’explication de ce phénomène mais force est d’admettre qu’il résulte essentiellement de cette absence de culture d’entreprenariat des jeunes dans un environnement des affaires extrêmement libéral où le poids de l’Etat dans la création de l’emploi est faible pour ne pas dire minime car se bornant à une facilitation des conditions de création d’entreprises. Ce qui parait dans une certaine mesure compréhensible car très souvent contraint par les institutions financières internationales à se limiter à ses charges régaliennes s’il arrive d’ailleurs à s’en acquitter…

Mais restons dans cette question de l’auto- employabilité avec à titre d’illustration, récemment, la mise à disposition des jeunes désirant bénéficier un financement de projet un budget à hauteur d’un milliard par  l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi des jeunes (Anpej) mais paradoxalement parmi le petit nombre de dossiers reçus peu de projets dignes de ce nom ont été admis. En matière d’auto-emploi, la jeunesse sénégalaise reste encore en queue de peloton. La « virginité du casier judiciaire » de la jeunesse en matière de culture d’entreprenariat est manifeste.

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Or, ce XXIème siècle aucun pays ne peut se développer avec les seules initiatives des politiques.  Il faut une implication profonde des populations et nécessairement des jeunes. Ces derniers doivent se définir en véritables inventeurs et innovateurs au sens Schumpétérien du terme.

En effet, il est difficile d’excepter le développement d’un pays où bon nombre de jeunes n’envisagent un avenir radieux que dans le cadre de la lutte, le sport ou encore la musique loin de nous, cependant, l’idée de blâmer ces activités.

Dans la première cité qu’est la lutte, force est d’admettre que nous ne pouvons pas se développer dans un pays où bon nombre de jeunes ne comptent que sur leurs muscles pour gagner leur vie. La lutte constitue un véritable problème aujourd’hui. On note plus de 1000 lutteurs qui ont une licence et peu sont ceux qui parviennent à décrocher un combat. Parmi ceux qui obtiennent des combats, peu sont payés raisonnablement. Certains cachets sont dérisoires. Ce ne sont que les VIP (comme on l’appelle dans le jargon de la lutte) qui profitent des millions mis en jeu par les promoteurs

La responsabilité de l’Etat est engagée, bien sûr ! Mais nous sommes arrivés à un moment où les politiques de jeunesse doivent être élaborées par ou plutôt avec les jeunes. Il est temps pour nous les jeunes et surtout étudiants de rompre avec la passivité pour être des acteurs de développement. Nous devons être utiles à la société au lieu de demeurer des consommateurs de connaissances sans application. Il faut que nous allions la théorie à la pratique même si sur ce point l’insuffisance en formation professionnelle justificatif du taux élevé de chômeurs sans qualifications incombe en partie à l’Etat.

Il s’avère être obligatoire pour la jeunesse de s’impliquer dans l’élaboration de politiques en proposant des projets authentiques. L’heure est à la prise de conscience que notre développement ne viendra pas de nos gouvernants mais surgira de nous-même, de notre engagement et de notre détermination sans faille.

Nous sommes arrivés au moment où ce sont les jeunes qui doivent être au centre des décisions. A l’état actuel où on parle d’Accords de Partenariat Economique(APE), la jeunesse devrait se situer au centre de ce débat. Malheureusement elle semble désintéressée  par cette question qui la concerne et qui naturellement aura des effets sur elle. L’heure devrait être à la sensibilisation sur les tenants et les aboutissants de ces APE et à l’animation de débats pour la mise au parfum à toute la population. Par son mode d’élection qu’est le suffrage universel, la démocratie ne garantit point la mise  en place d’hommes éclairés à la tête de l’Etat. Sous cet angle la situation est encore plus dramatique en Afrique, en général, et au Sénégal en particulier. Nombreux sont ceux qui votent en méconnaissant les projets de sociétés proposés par les prétendants au pouvoir, si toutefois de tels projets existent. Ce faisant on retrouve à la tête de nos Etats de présidents élus non pas en fonction d’un concours de programmes mais souvent par des moyens que sont l’argent, la corruption, l’éloquence, le folklore, l’appartenance ethnique entre autres  Face à une telle situation, la jeunesse devrait conscientiser les masses populaires à chaque moment où des élections se profilent à l’horizon.

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En définitive l’idée qui laisserait penser que c’est l’Etat qui doit tout faire doit mourir de sa belle mort et par conséquent entrer en putréfaction. Toutefois il incombe à l’Etat d’assurer les conditions favorables à l’épanouissement de sa population.

Dans « les Damnés de la Terre » (1961), Frantz Fanon disait que : « Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir ».

Sommes-nous inconscients à ces propos désormais célèbre de Fanon ? Ces paroles devraient nous interpeller, nous pousser à l’introspection et nous imposer la méditation, à moins que nous avouions notre incapacité à accomplir cette mission.

Sommes-nous prêts à donner raison au Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, le Pr Mary Teuw Niane ? Ce dernier a récemment souligné à Bambey lors d’une conférence qu’il animait : « qu’il y’a une crise de responsabilité de la jeunesse sénégalaise caractérisée par l’irrespect envers les ainés, la violence, l’arrogance, le faible niveau de formation, la préférence des raccourcis dans la carrière professionnelle, etc. « La crise de responsabilité est un réel handicap pour notre société confrontée à des événements insolubles. Un jeune irresponsable était autrefois le signe de l’échec de ses parents ».

Je termine par ces propos de LAO TSEU qui nous apprend dans le TAO TO KING : « Quand le débutant est conscient de ses besoins, il finit par être plus intelligent que le sage distrait car celui qui ne reconnait pas les problèmes laisse la porte ouverte et les tragédies surviennent. Or le combat n’a rien à voir avec la querelle ».

 

Amadou Tidiane THIELLO

Science Politique/Université Gaston Berger de Saint Louis

Mail : thiellotidjane@gmail.com

Tel : 778679209/779995306

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