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L’affaire Lamine Diack Soulève L’épineuse Question Du Financement Public Des Partis politiques

L’affaire Lamine Diack Soulève L’épineuse Question Du Financement Public Des Partis politiques

Le financement d’activités politiques par M. Diack aux dernières élections est intéressant en ceci qu’il montre à quel point, au Sénégal, l’argent est capital dans les compétitions électorales. À tort et à travers, des passions se déchaînent contre une réalité pourtant familière qui traverse la classe politique depuis bien longtemps. N’a-t-on pas souvent entendu de manière à peine voilée: « grâce à l’aide de mes amis, je battrai campagne… »? Qu’il vienne d’un président étranger pilleur de deniers publics, de lobbies capteurs de marchés ou d’un simple manipulateur, l’argent a toujours vicié le vote, vendable dans bien des cas.

L’utilisation de cet argent acquis secrètement se révèle très opérante sur les préférences et les décisions des militants jusqu’aux urnes. Si les présidents déjà battus aux élections ont perdu malgré les fonds politiques dont ils disposaient, ce n’est pas parce que les espèces sonnantes étaient devenues moins agissantes. C’est parce qu’elles ont profité aux porteurs de valise au lieu de servir à acheter des votes. « Qui perd gagne », tel devait être le crédo des compétitions électorales au pays de la « téranga ». Financer des partis politiques, improvisateurs d’idées et d’intentions au gré du client et des circonstances, c’est leur céder des moyens de se payer des votants et des voix.

Le code électoral ne fait pas clairement allusion au financement des partis politiques, mais plutôt à la couverture des dépenses électorales. C’est tout comme. Les emplacements gratuits offerts aux candidats pour placarder des affiches électorales ainsi que l’accès aux moyens audiovisuels font aussi office de secours et d’assistance. C’est salutaire si tant est que le but d’une campagne électorale est de « vendre » un programme politique. Vouloir limiter les partis et rationnaliser ainsi le champ politique, ce n’est pas seulement favoriser le regroupement des forces, c’est aussi inciter à la mise en commun des moyens. Le prétexte de l’utilité démocratique du financement des partis est un leurre en raison du détournement économique des suffrages qui s’exerce sur les électeurs.

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Quid de ce raisonnement immoral qui sous-tend les réclames d’assistance financière en faveur des opposants: le pouvoir utilise les ressources publiques à des fins électoralistes, il peut donc bien consentir à pourvoir l’opposition de billets de banque. Pathétique! Un décor de saine compétition recommande au préalable la maitrise des dépenses électorales. La priorité doit être accordée à l’encadrement des fonds politiques (caisses noires) et à la limitation des dépenses électorales. Le chemin vers une véritable démocratie participative est encore long; il passe d’abord par une conscience citoyenne délestée des besoins asservissants de survie et des barrières embêtantes de l’analphabétisme.

Somme toute, la proposition d’Abdoulaye Wade en 2011 peut convenir. « Ce financement doit consister à une aide matérielle. Un parti politique déclaré et présent au minimum dans les élections peut bénéficier de véhicules pour faire sa campagne. Des choses tout à fait matérielles, on lui imprime son bulletin et sa profession de foi par lesquels il se fait connaître », avait-il dit. Encore là, une contribution étatique qui implique nécessairement une vérification des comptes financiers des bénéficiaires ne doit pas servir de moyens d’accusation et d’exclusion d’adversaires gênants.

L’argument de la subvention des partis sur fonds publics en vue de freiner les recours risqués aux bailleurs suspects ne tient pas la route; il prescrit une condition adaptée, mais nettement insuffisante à l’assainissement de l’espace politique. Ce mode de financement ne participe pas non plus à la démocratie interne des formations politiques parce que la personnalisation des partis ne s’explique pas par le seul fait des largesses de chefs de parti.

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Birame Waltako Ndiaye

waltacko@gmail.com

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