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La Centrale à Charbon : Un Cancer Pour Mboro Et Environs

La Centrale à Charbon : Un Cancer Pour Mboro Et Environs

«L’homme a établi sa domination sur son environnement naturel en faisant naître un environnement artificiel ; et ce monstre se révèle être un maître bien plus intraitable que les ouvrages de l’homme ont surmonté ou étouffé et risquent même d’anéantir».

Cette réflexion d’Arnold Toynbee qui sonne comme une prophétie, cadre bien avec la situation vécue à Mboro. En effet, elle est une jeune commune piégée et ceinturée jusque-là par des entreprises très polluantes à l’instar des ICS, de la GCO. Dans sa logique implacable de mise en marche du mix énergétique, le régime élu de 2012, décida de poursuivre le projet de construction de la centrale à charbon hérité des libéraux dans le secteur des Niayes.

Dès lors, la société Africa Energy devrait prochainement et progressivement s’y installer. Pourtant, cette option coïncide avec la tenue de la COP21 dont l’objet est de maintenir la température moyenne mondiale à moins de 2°C afin de pallier les dérèglements climatiques liés aux émissions des gaz à effet de serre. Pour y arriver, il convient de les réduire de 30% en 2015 et 70% à l’horizon 2030. Dans la même foulée, selon le rapport de Greenpeace 2009, «le dérèglement climatique constitue la plus grave menace environnementale et le plus grand défi humanitaire et économique que le monde n’ait jamais confrontés».

Ainsi, même s’il est opportun de noter que la centrale doit doter la Senelec annuellement de 360 mégawatts soit une capacité supplémentaire de 25%, il est tout aussi nécessaire de rappeler qu’elle nous expose à une précarité certaine.

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En effet, devant occuper près de 700 hectares de terres d’exploitation, elle affiche une boulimie foncière, privant ce faisant, les jeunes maraîchers d’une cinquantaine de villages riverains de capacités et supports de production et les expose par ricochet à un exode certain.

De même, le charbon est le combustible le plus dangereux au monde, son système de refroidissement consomme énormément d’eau. La centrale de Diamballo devra alors aspirer 10 à 15000 m3 /heure d’eau marine, ce qui naturellement perturbe l’écosystème marin et contamine les espèces rescapées. Au bout du compte, on assiste derechef à la mort du secteur de la pêche, aggravant sensiblement le chômage. De même, la consommation des espèces maritimes de la zone exposerait les populations aux cancers de toute nature, mais aussi aux maladies pulmonaires et cérébrales les plus aiguës.

Sous un autre angle, le processus d’exploitation communément appelé «chaîne de traçabilité» notamment le triptyque (combustion stockage des déchets et remise en culture des sols) a des effets néfastes sur l’environnement et la santé humaine. Car, en cas de fuite, les émissions d’oxyde d’azote, de méthane, de noir de charbon affecteraient dangereusement les écosystèmes et nappes phréatiques.

Par ailleurs, le transport de fumée de charbon polluant l’air sous l’effet conjugué des alizés maritimes, rendrait davantage précaire la santé déjà fragile des populations des Niayes, privées de couverture médicale adéquate.

Pourtant, «l’homme se doit d’être le gardien de la Nature au lieu d’être son propriétaire», selon l’heureuse suggestion de Philippe Saint Marc. Fort de cela, le Sénégal a un double avantage tiré de sa position géographique : pays tropical et côtier. C’est pour cette raison qu’un «futur sans charbon» est largement à notre portée. Les décideurs devraient sous ce rapport, s’orienter vers l’installation de centrales photovoltaïques moins polluantes et moins onéreuses. Ce qui, à défaut d’annuler, réduirait sensiblement notre déficit énergétique.

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Aussi serait-il pertinent d’orienter la recherche vers une meilleure maîtrise de l’énergie marémotrice, gage d’une couverture énergétique efficiente et pérenne.

L’une dans l’autre, ces solutions nous permettraient de tendre vers un meilleur équilibre de notre balance commerciale, un maintien voire une promotion du maraîchage, de la pèche, de l’élevage et un investissement pour une meilleure santé, fondements d’une émergence future.

Nous ne manquerons pour finir, de lancer ce cri du cœur plus qu’actuel de Victor Hugo :

«C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain ne l’écoute pas.»

 

Cheikh Ahmed Tidiane SALL

Professeur au Lycée Taïba Ics Mboro

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