Les « vérités primitives », y compris les plus ultimement culminantes, apparaissaient à l’homme comme un plafond infranchissable. Puis survint leur matérialité physique ou à tout le moins le processus de leur matérialisation physique, qui n’en fut pas moins le sujet de recherche ou de débat le plus élevé. Il en deviendra avec le temps, et notamment sous notre ère, le plus bas, voire le plus vil. C’est que le caractère non-transcendant des « vérités primitives » les y condamne, fatalement, définitivement ; tandis que le « principe moral » (avec celui de « l’éthique »), qui y verra conséquemment ou concomitamment le jour, sous diverses formes dont la « dignité de l’homme », fera reposer ou coïncider cette dernière avec la « moralité de l’homme ». Depuis, l’homme, tout homme est réputé condamné à s’élever, encore et toujours, et de plus en plus haut.
Le débat sur la disqualification annoncée de binationaux pour présider aux destinées du Sénégal, qui a conduit certains comme Abdoulaye Makhtar Diop à jeter un coup d’œil dans le rétroviseur, a au moins le mérite de révéler ou de rappeler que le code de la nationalité établit que la nationalité sénégalaise est exclusive de toute autre nationalité. Mais, l’honnêteté intellectuelle n’étant guère des valeurs les plus prisées dans notre pays, il omettra volontiers, et de manière non-innocente, de constater en même temps que cette disposition légale n’a jamais été appliquée jusqu’à ce jour et que, sauf à faire insulte à l’intelligence, elle ne le sera pas davantage demain. Simplement, parce qu’elle est inapplicable. Et quand une disposition constitutionnelle ou légale est inapplicable, quelles qu’en soient par ailleurs les raisons, objectives ou subjectives, il faut l’abroger.
En l’espèce, l’article 18 du code de la nationalité convoqué par Abdoulaye Makhtar Diop pour étayer son argumentaire, doit être abrogé, purement et simplement. Sinon, le Sénégal devra être disqualifié, et tous ses trophées restitués, assortis de dommages et intérêts, pour toutes les fois où il a dû aligner des binationaux ou des équipes comportant des binationaux lors de compétitions internationales ou olympiques. Abdoulaye Makhtar Diop, qui est manifestement un féru du sport, pourrait sûrement aider à en établir un décompte objectif.
A propos, Abdoulaye Makhtar Diop n’incarne-t-il pas en binôme avec Bassirou Diagne le pouvoir dévolu au Grand Serigne de Dakar ? De quelle côté la « vérité primitive » y relative pencherait-elle ? Quoi qu’il en soit, le pouvoir bicéphale, dont il participe à la tête de la Communauté Lébou de Dakar, rappelle, ici, opportunément et à bon droit, que la loi, la règle, le droit et même la coutume ne sont jamais faits que pour l’homme. Mais guère l’inverse.
Ainsi, donc, en usant du dangereux levier de « l’authentique » ou de « l’autochtone », l’on a créé un gouvernement bicéphale chez les Lébou de Dakar. Mais en usant de celui de « la nationalité exclusive », qu’adviendra-t-il au Sénégal ?
Passe encore que des « nègres de service » bon-teint reprennent en l’occurrence du service. Mais pas vous, Grand Serigne de Dakar.
Dakar, le 12 août 2016.
Jean-Marie François BIAGUI
Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)
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