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Plaidoyer Pour L’allemand Et Le Russe

Plaidoyer Pour L’allemand Et Le Russe

«Je n’ai aucun préjugé à l’encontre du peuple allemand. J’ai une vive admiration pour leurs magnifiques qualités de courage et d’esprit ainsi que pour leurs réalisations scientifiques et artistiques».

Devinez l’auteur de ces propos. Bismarck. Non. Goethe, vous n’y êtes pas. C’est Winston Churchill, Premier Ministre de Grande Bretagne qui après avoir remporté la victoire sur l’Allemagne en 1945 n’a pas pu s’empêcher de saluer les vertus et les qualités de ce grand peuple.

Le grand philosophe allemand Martin Heidegger était venu à Paris voir son ami Georges Bataille, qui lui présente son fils qui était au lycée. Heidegger lui demanda : «J’espère qu’il apprend l’allemand». Bataille répondit Non. «Quel dommage, il ne pourra jamais accéder à la pensée», regretta le philosophe allemand. Bien sûr, Heidegger exagérait mais il n’avait pas tort parce qu’après le grec dans l’antiquité, la pensée a parlé allemand avec Hegel, Marx, Nietzche, Freud…

Le ministre de l’Education a raison de vouloir développer l’enseignement des sciences mais l’enseignement des sciences n’est pas antagonique à celle des langues, particulièrement l’allemand et le russe qui sont les langues des plus grands scientifiques. En vérité, on n’étudie pas assez dans notre pays. On peut rendre les cours de Physique-chimie obligatoires, tout en maintenant ces deux langues. Albert Einstein est allemand. Werner Von Braun qui a été l’origine de l’odyssée de l’homme sur la lune est allemand. Porsche est allemand, de même que Max Planck (Prix Nobel de Physique et un des fondateurs de la mécanique quantique. Karl Marx dont la pensée a changé le cours de l’histoire est allemand, de même que Sigmund Freud (Autrichien, donc de culture allemande).

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L’apprentissage des langues est une ouverture sur le monde. Ces langues qui nous permettent de nous ouvrir sur le monde et aux autres cultures font partie de l’âme du Sénégal, où l’on parle arabe comme à Bagdad, le russe comme à Saint Petersburg et l’Allemand comme à Weimar.

Léopold Sedar Senghor, un mondialisé avant l’heure, avait semé les graines qui ont donné cet homo senegalensis cultivé et ouvert sur le monde. Au-delà de la science, nous n’avons pas le droit de priver nos jeunes écoliers, futurs étudiants et futurs citoyens du monde, d’un pan important de la civilisation de l’universel, pour ne pas dire du patrimoine mondial de l’humanité comme la pensée de Goethe, de Schiller ou de Leon Tolstoi. Ne pas enseigner le russe, c’est empêcher à des générations de Sénégalais d’accéder à des classiques de la littérature universelle comme Leon Tolstoi, dont le livre Guerre et Paix est considéré comme le plus grand roman de tous les temps, sans parler de Pouchkine ou de Dostoïevski, Gorki, Nabokov ainsi que Boris Pasternak (Le Docteur Jivago a été immortalisé au cinéma par Omar Shariff). Apprendre le russe est un excellent moyen pour susciter des vocations scientifiques, car à l’image des Allemands, la contribution des Russes est fondamentale dans l’évolution des sciences. Les Russes ont envoyé le premier homme dans l’espace et ont eu leur bombe atomique 4 ans après les Etats Unis.

De façon beaucoup plus réaliste et pragmatique, se couper de la langue, donc du lien culturel et politique avec ces deux grandes nations, est une erreur stratégique. Tirant les leçons de la 2e Guerre mondiale, l’Europe a substitué l’économie à la guerre (Union européenne), comme mode de règlement des conflits. Depuis que la vielle Europe a substitué l’économie à la guerre, la puissance n’y est plus militaire mais économique. Arrêter les cours d’allemand dans nos collèges, revient à fermer sa porte à la plus grande puissance européenne. Ne plus apprendre le russe empêche aux jeunes de découvrir l’incroyable littérature slave, mais revient aussi à ériger un mur entre le Sénégal et l’une des plus grandes puissances mondiales. Un acteur majeur des relations internationales. «Le monde est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page», nous dit Saint Augustin N’enfermons pas l’esprit de nos élèves à la première page. Permettons aux élèves, tout en apprenant les sciences, à découvrir les autres pages du grand livre de l’histoire du monde avec les langues. Senghor, réveille-toi. Ils sont devenus fous.

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Yoro DIA

Politologue

Yoro DIA

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